Avec la volonté de favoriser l’ouverture sociale, de diversifier le recrutement et de lutter contre les déserts vétérinaires en zones rurales, le gouvernement a publié, le 5 décembre 2020, un décret précisant l’apparition d’une nouvelle voie d’accès aux écoles nationales vétérinaires. À partir de la rentrée de septembre 2021, 160 élèves, tout justes bacheliers, pourront intégrer l’une des écoles nationales vétérinaires après un recrutement réalisé via Parcoursup.

Les écoles nationales vétérinaires bientôt accessibles en post-bac

Proposer une nouvelle voie d’intégration au cursus vétérinaire, tel est l’objet d’un décret publié le 5 décembre 2020 au Journal Officiel. Alors que le nombre d’étudiants accueillis dans les quatre grandes écoles nationales a été augmenté de 35 % depuis 2012 pour répondre au manque de vétérinaires, cette nouvelle réforme permettra à 160 élèves, tout justes bacheliers, d’intégrer une de ces écoles dont le recrutement sera réalisé via Parcoursup. Les étudiants, accédant aux écoles vétérinaires via les autres voies de concours, intégreront directement la deuxième année.
Il s’agit là d’un changement majeur pour les écoles nationales vétérinaires (ENV) françaises d’Alfort, Lyon, Toulouse et Nantes (EnvA, VetAgro Sup, ENVT, Oniris), qui entrera en vigueur dès la rentrée de septembre 2021. « La première année commune aux écoles nationales vétérinaires (PACENV) permettra de réorganiser le cursus en six ans, le rapprochant ainsi de la durée d’études de nos voisins de l’Union Européenne », explique Emmanuelle Soubeyran, directrice de VetAgro Sup, campus vétérinaire de Marcy L’Etoile (Rhône).
« Par ailleurs, l’objectif est d’élargir la diversité sociale et territoriale de nos étudiants. En effet, suite à la réalisation d’une enquête, nous avons recensé, dans nos écoles, une sur-représentation de personnes issues des grandes métropoles. Un certain nombre d’étudiants hésitent à rentrer dans le système des classes préparatoires, préférant se diriger vers un parcours professionnalisant. Cette nouvelle voie d’accès permettra donc d’avoir de nouveaux profils dans notre cursus », poursuit la directrice. Le campus ouvrira donc une nouvelle classe à la rentrée prochaine, ce qui demande de l’organisation : locaux à adapter, personnel à recruter, etc. « C’est toujours motivant de tester un dispositif innovant », souligne Emmanuelle Soubeyran.


Le concours post-bac se précise


Ce concours post-baccalauréat est destiné aux élèves de terminale, sous condition d’obtention du baccalauréat l’année d’admission. « Nous attendons plusieurs milliers de candidats. Après une phase d’admissibilité, basée sur les notes des classes de première et de terminale, 700 élèves seront sélectionnés. Ils devront ensuite passer divers entretiens, de dix minutes chacun, visant à évaluer leurs capacités à mettre en place un raisonnement, à avoir un esprit logique, à savoir communiquer, à avoir de l’empathie et le sens du relationnel, etc. Ce sont des capacités essentielles qu’un futur vétérinaire doit avoir », affirme la directrice de VetAgro Sup. 
Si les ENV préparent ce tournant majeur avec sérénité, Emmanuelle Soubeyran stipule toutefois qu’une telle réforme ne pourra avoir d’impact sur le déficit de vétérinaires diplômés en France. « Les écoles ont fait des efforts assez importants ces dernières années sur la hausse du nombre d’étudiants. Les besoins en vétérinaires évoluent constamment, en particulier dans le secteur des animaux de compagnie, et nous n’avons probablement pas suffisamment anticipé collectivement », avoue-t-elle. En ce sens, l’Académie Vétérinaire de France (AVF) a évoqué, début janvier, la nécessaire évolution du numérus clausus dans les écoles nationales vétérinaires françaises. « L’Académie vétérinaire de France propose de poursuivre l’augmentation progressive du nombre d’étudiants recrutés dans les ENV afin de satisfaire le besoin prévisionnel de 1.000 diplômés par an », peut-on lire sur le communiqué de l’AVF. « Les directeurs et enseignants de nos écoles seraient favorables à relever le défi, à condition de moyens supplémentaires. Nous sommes convaincus qu’il serait plus pertinent d’optimiser les compétences et les expertises sur nos établissements existants, que de créer une cinquième école », rajoute Emmanuelle Soubeyran.
Aujourd’hui, le principal besoin en diplômés (80 %) se situe dans le secteur clinique des animaux de compagnie et de loisir. Dans le secteur des animaux de rente, le besoin est au contraire devenu minoritaire (19 %). « Cependant, dans certains déserts ruraux, le nombre de vétérinaires ne permet plus de garantir le suivi sanitaire et le bien-être des animaux d’élevage », note l’AVF.
Un avis partagé par Oriane Malburet-Vye, vétérinaire chez Vetopole 26, à Châteauneuf-sur-Isère (Drôme). « Nous avons récemment appris la fermeture de plusieurs cabinets ruraux, laissant des éleveurs démunis de ce service. La nouvelle génération sera-t-elle attirée vers le rural ? Je ne suis pas persuadée que l’admission en post-bac permette d’augmenter le nombre de vétérinaires ruraux. Toujours est-il qu’il est important d’anticiper et de faire évoluer le numérus clausus », réfute la vétérinaire. La nouvelle voie d’accès post-bac dès la rentrée de septembre 2021, et la possible évolution du numérus clausus dans les années à venir, pourraient redistribuer les cartes dans l’enseignement vétérinaire.

Amandine Priolet