Grippe aviaire
231 élevages touchés en France

Le ministère de l’Agriculture a établi, le 20 janvier, un point de situation sur la grippe aviaire en France. Les autorités sanitaires tentent de contenir le virus. Plus d’un million de volailles seront préventivement abattues dans les prochaines semaines.

231 élevages touchés en France

Le nombre d’élevages avicoles touchés par l’influenza aviaire H5N1 ne cesse de progresser au fil des jours. Il était de 231, le 20 janvier : 166 foyers dans le département des Landes, 41 dans les Pyrénées-Atlantiques, 24 dans le Gers, 4 dans les Hautes-Pyrénées et un seul dans le Lot-et-Garonne. Il faut ajouter à ces chiffres cinq cas confirmés en basse-cour chez des particuliers et 22 contaminations en faune sauvage. « Environ 1,3 million de volailles ont été abattues à cette date, dont 900.000 palmipèdes (oies et canards) et 400.000 gallinacés », confirme-t-on dans l’entourage du ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie. En 2021, à la même date, ce sont 292 foyers contaminés qui avaient été recensés. « Ce sont les mesures en vigueur depuis le début de la crise, mesures qui ont été renforcées le 30 décembre » qui ont permis de ralentir la propagation du virus « alors même que celui-ci est plus présent dans l’environnement », glisse un conseiller ministériel. Il semble d’ailleurs que l’influenza aviaire 2022 touche plus les gallinacés que les palmipèdes. « En janvier 2021, sur 100 volailles infectées, 90 étaient des oies et des canards, les 10 restants, des poules. Or cette année la proportion est 60 % pour les oies/canards et 40 % pour les poules », précise le cabinet du ministre. Mais le ministère se veut rassurant en expliquant par les chiffres l’efficacité des mesures prises : « En 2021, nous étions à environ 60 suspicions de foyers contaminés par jour. Cette année, nous ne sommes plus qu’à 20. Quant à ceux qui sont confirmés, nous étions entre 20 et 30 en 2021, contre 10 aujourd’hui », affirme l’entourage du ministre.

Indemnisations

En accord avec les professionnels, des mesures de dépeuplement accéléré vont être renforcées et étendues à 226 communes supplémentaires des Landes (épicentre de l’épizootie), 39 du Gers et 24 des Pyrénées-Atlantiques. Environ 230 exploitations seraient concernées. Autrement dit, tous les élevages avicoles se situant dans ce périmètre, qu’ils soient infectés ou non, seront systématiquement dépeuplés au cours des trois prochaines semaines. Ce sont 1,2 million de volailles supplémentaires, principalement des palmipèdes, qui sont visées. Au total, au 15 février, pas moins de 2,5 millions de volailles auront été abattues. L’objectif est d’éradiquer le virus mais aussi « de remettre les élevages en production après assainissement de la zone », explique-t-on au ministère.

À ce jour, autant les élevages plein air que ceux sous abri ont été touchés et les « élevages dépeuplés seront indemnisés », assure le ministère. Au titre de l’année 2020-2021, il a déjà versé 36 millions d’euros (M€) d’aides à titre sanitaire et 56 M€ au titre des aides économiques. « Mais il reste encore le solde à verser pour les éleveurs ainsi que celles pour les entreprises d’aval. Les aides seront reconduites à l’identique pour cette année », précise-t-on rue de Varenne. Cependant, les règles d’indemnisation restent liées au strict respect des règles sanitaires. « Des contrôles ont été effectués et des mises en demeures ont été données. Les éleveurs qui ont volontairement sorti leurs volailles et qui ont été touchés par l’influenza aviaire seront naturellement traités différemment. De toute façon, ce sera du cas par cas », indique un conseiller. En 2021, l’interprofession du foie gras avait évalué les pertes à 150 M€. Un chiffre qui grimpait à environ 500 M€ pour l’ensemble de la filière avicole selon certains syndicats.

Christophe Soulard

Un groupe de travail “vaccination” créé

Un groupe de travail sur la vaccination a été créé autour d’éminents scientifiques, a confirmé le ministère de l’Agriculture le 20 janvier. Il réfléchit à fixer un cadre légal de vaccination en lien avec l’Union européenne car il n’en existe pas à ce jour. Ce groupe prépare également les contours d’une expérimentation, en particulier sur les palmipèdes. En effet, il existe un vaccin, disposant d’une autorisation de mise sur le marché. Mais il ne concerne que les gallinacés (poules, dindes, etc.). En revanche, aucun vaccin pour les palmipèdes n’est encore autorisé par la Commission européenne. Le Comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras (Cifog) a demandé en début d’année, « de faire avancer le dossier de la vaccination des animaux contre l’Influenza aviaire, tout en préservant la possibilité de poursuivre les exportations ».

« Vide sanitaire progressif »

Comme attendu, le ministère de l’Agriculture a annoncé, lors d’un brief à la presse le 20 janvier, la mise en place d’un « vide sanitaire progressif » dans 226 communes du Sud-Ouest pour freiner la propagation de l’influenza aviaire. Sont concernées 161 communes dans les Landes, 39 communes de l’ouest du Gers, et 26 communes du nord des Pyrénées-Atlantiques. Dans cette zone, 1,3 million de volailles au maximum sont susceptibles d’être abattues (dont 1,2 million de palmipèdes) ; elles s’ajoutent au 1,2 million d’animaux déjà abattus. Ce vide sanitaire durera trois semaines, sans visibilité pour l’instant sur la date de remise en place. Toutefois, les volailles indemnes qui atteignent la fin de leur cycle d’élevage seront « valorisées autant que possible », assure-t-on Rue de Varenne. Dans le détail, « on va traiter en priorité les foyers, puis assainir petit à petit toute la zone », précise le ministère. Par ailleurs, les pouvoirs publics vont « reconduire » les indemnisations pour pertes économiques de l’année dernière. Les modalités de calcul seront inchangées (perte d’EBE), et elles intégreront l’impact des interdictions de remise en place récemment instaurées. Dans son dernier bilan au 20 janvier, le ministère de l’Agriculture comptabilisait 245 foyers d’influenza en élevages (dont 161 dans les Landes).