POSITION
Les dirigeants de l'Inrae « pour la sortie des pesticides »

Interpellée par le syndicat Sud qui s'interrogeait sur une « instrumentalisation » de l'Inrae au sein du Conseil scientifique dédié aux néonicotinoïdes, la direction de l'institut a clarifié son rôle, assumant plus généralement se positionner « pour une sortie des pesticides ».

Les dirigeants de l'Inrae « pour la sortie des pesticides »
Philippe Mauguin, président-directeur général de l'Inrae. ©Inrae

Une nouvelle controverse dans l'épais dossier des néonicotinoïdes. Dans une lettre ouverte envoyée au président-directeur général de l'Inrae Philippe Mauguin le 10 janvier, le syndicat Sud lui a demandé de lever les doutes sur « l'instrumentalisation de l'institut par des intérêts qui l’emportent sur la santé des écosystèmes ». Les critiques du syndicat Sud portent principalement sur deux points. Alors que le représentant de l'Inrae auprès du conseil de surveillance avait évoqué dans la presse des difficultés à comparer les indices de pression entre les deux années 2020 et 2021, Sud souligne que les réservoirs viraux étaient « notoirement plus faibles » en 2021, avec ou sans prendre en compte le colza. Second reproche : la fiche jointe à la consultation publique et signée par l'Inrae se concentre sur les conséquences économiques de la dérogation, « sans évoquer l'objectif pourtant essentiel de protection de la biodiversité ».

L'Inrae positionné « pour une sortie des pesticides »

Dans la réponse envoyée au syndicat Sud le 12 janvier, Philippe Mauguin et son directeur scientifique Christian Huygue rappellent que les modèles de sept agences de météo européennes et différents scénarios climatiques étudiés conduisaient bien à un risque de présence précoce de pucerons supérieur à 80 % dans les zones de culture pour 2021, « avec des impacts sur le rendement ». Par ailleurs, poursuivent les dirigeants, si la biodiversité n'est pas mentionnée dans l'analyse jointe par l'institut à la consultation publique, elle est bien « au cœur des projets » sélectionnés par le Plan de recherche (PNRI) dédié aux néonicotinoïdes. Des projets dont la sélection avait elle-même fait polémique. Mais la réponse des dirigeants de l'Inrae à Sud assume surtout un nouveau discours sur les produits phytosanitaires. L'Inrae, écrivent Philippe Mauguin et Christian Huygue, est désormais « clairement positionné pour une sortie des pesticides ». Et dans le cas spécifique des néonicotinoïdes, indiquent-ils, il n'est même « pas nécessaire de savoir si cette sortie sera crédible ou volontaire », car elle « aura lieu » au terme des dérogations récemment accordées. Alliance européenne pour la recherche d'alternatives, métaprogramme dédié au bio, ou le programme Cultiver Autrement : l'institut rappelle au passage que sa stratégie Inrae 2030 prévoit « d’accélérer les transitions agroécologiques et alimentaires ».

IL