CircuVerre BFC
Pour le réemploi de nos emballages

Françoise Thomas
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Quels seraient l’intérêt et la logistique à mettre en place pour une filière régionale de réemploi des contenants alimentaires en verre ? C’est en substance la question posée aux professionnels régionaux de l’industrie agroalimentaire par Vitagora, lors d’une étude de faisabilité dont l’association a rendu les conclusions en fin d’année. Les réponses ont été suffisamment encourageantes pour poursuivre la réflexion autour de la mise en œuvre d’un tel process.

Pour le réemploi de nos emballages
100 millions de bocaux sont utilisés chaque année par les industriels agroalimentaires régionaux. Les études pour la faisabilité de la filière de réemploi se sont basées sur un retour de 39 millions de bocaux par an.

Ils se chiffrent par millions les bocaux et autres emballages de verre utilisés chaque année au niveau régional. Et concernent un nombre très important de professionnels de l’agroalimentaire produisant produits laitiers, terrines, miel, confiture, moutarde, alimentation bébé, etc. À l’heure actuelle, ces entreprises utilisent en amont des emballages neufs, qui rejoignent plus ou moins le circuit de recyclage de verre en aval.

L’idée de l’étude était d’estimer l’adhésion des professionnels et la pertinence logistique et financière de la mise en place d’une filière permettant le réemploi de ces emballages alimentaires.

« 100 millions de bocaux sont utilisés chaque année au niveau régional, explique Mélissa Nourry en charge du projet CircuVerre BFC, dans nos projections, nous partons sur 39 millions de bocaux retournés par an pour que la filière fonctionne ».

Plusieurs avantages

Évidemment pour que les professionnels adhèrent vraiment, il faudra que ce circuit-là soit financièrement plus intéressant que l’actuel. La valorisation du circuit va être désormais la question centrale du groupe de travail, d’ici le printemps « pour que des acteurs du monde du réemploi puissent reprendre la main et mettre en place le système » …

Car si l’intérêt financier se vérifie, le principe induit aussi d’autres avantages : « c’est tout autant par rapport à l’aspect environnemental conduisant à produire moins de déchets que par rapport à l’image véhiculée auprès des consommateurs que les professionnels de l’agroalimentaire se sont montrés très intéressés par cette filière », poursuit l’ingénieure innovation chez Vitagora, l’association professionnelle travaillant sur le développement, la performance industrielle, et l’innovation dans la filière agroalimentaire.

Contraintes incontournables

Après l’indispensable phase d’état des lieux, il a fallu élaborer différents scénarios à soumettre aux industriels pour déterminer les principales étapes du système de consigne à mettre en place.

Car bien évidemment, un certain nombre de contraintes (tout du moins vécues comme telle dans un premier temps) seront incontournables.

Par exemple, difficile de s’organiser autrement que par la mise en place de contenants standardisés, avec ce que cela va impliquer comme adaptation voire, changement, sur les lignes de remplissage des entreprises agroalimentaires participantes.

Ensuite, les étiquettes devront aussi être parfaitement pensées pour s’adapter au système : coller suffisamment pour rester en place le temps nécessaire, mais partir au lavage…

Et ce lavage est l’un des points essentiels de la chaîne : « il faut absolument que le lavage garantisse la sécurité sanitaire des emballages en verre remis en service, détaille Mélissa Nourry, il faudra aussi que la machine puisse s’assurer de la bonne qualité du verre une fois lavé et donc exclure tout emballage fissuré ou ébréché ».

Points de massification

Pour l’heure, le scénario retenu est donc celui de la mise en place, auprès des industriels régionaux de l’agroalimentaire, d’emballages en verre standardisés. Ces contenants seront ensuite rapportés au fur et à mesure par les consommateurs auprès de tout un réseau de points de collecte. Ils seront ensuite regroupés sur huit points de massification « répartis dans la région selon les principaux bassins de consommation ». Pour la suite, l’étude de faisabilité a montré l’intérêt d’une seule centrale de lavage « qui serait près de Dijon, point assez central pour la filière agroalimentaire régionale », avec un taux de réemploi de 10 en moyenne pour chaque emballage…

Pour garantir le succès de cette entreprise, pas de mystère, il faudra absolument passer par « la communication et tout un travail d’éducation pour que, depuis le producteur jusqu’au consommateur, l’ensemble des acteurs de la chaîne de valeur soient impliqués et conscients du bien-fondé de l’opération », insiste la représentante de Vitagora.

Malgré tout, pour être économiquement viable, le principe requiert un certain volume de verre à traiter, ce qui fait que (pour l’heure) le procédé ne s’adresse pas aux "petits" producteurs locaux. Cependant, on peut espérer le succès de cette filière et imaginer, dans un deuxième temps, sa généralisation à tous les emballages de verre…