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Interdiction du phosmet : les producteurs de cerises mobilisés

Lundi 16 janvier, la FDSEA et Jeunes Agriculteurs de l’Ardèche ont organisé une manifestation en tracteurs dans le bassin de Tournon-sur-Rhône (Ardèche), rejoints par des délégations de plusieurs départements limitrophes*. Les arboriculteurs ont exprimé leur mécontentement suite à l’interdiction du phosmet qui permettait de lutter contre la Drosophila suzukii. Le point avec Jérôme Rozier, administrateur FNPF dans le Rhône et producteur de cerises.

Interdiction du phosmet : les producteurs de cerises mobilisés
Le 16 janvier, plusieurs arboriculteurs de la région ont rejoints les Ardéchois pour sauver la filière cerises française.

Depuis le 1er novembre 2022, la Commission européenne a acté le retrait de l’homologation du phosmet, un insecticide utilisé dans la culture du colza et les vergers. Quelles sont les conséquences de cette interdiction pour les producteurs des cerises ?

Jérôme Rozier : « Le président Emmanuel Macron nous avait affirmé que nous ne serions jamais laissés sans solution alternative. Finalement, le ministre de l’Agriculture n’a rien voulu entendre… Et nous sommes dans l’impasse. Nous voulons donc montrer notre mécontentement. Nous avons demandé une dérogation pour faire trois passages à l’exirel, que nous utilisions avec le phosmet, mais nous avons quelques doutes sur l’efficacité de ce produit sans le phosmet. Ce qui nous dérange également, c’est que la Turquie, qui commercialise des cerises en France, ait le droit d’utiliser le diméthoate (insecticide, NDLR), qui est pourtant interdit en Europe depuis 2019. »

Les filets anti-insectes et le kaolin peuvent-ils représenter une solution contre la Drosophila suzukii ?

Jérôme Rozier : « Les filets anti-insectes sont impossibles à mettre en place dans les vergers en pente et en acheter demande de faire des emprunts lourds (environ 50 000 €/ha, NDLR). Nos exploitations ne pourront pas suivre. Personnellement, j’utilise des bâches anti-pluie depuis 2014. Cela les arrête un peu : comme les arbres ne sont pas mouillés, la drosophile ne cherche pas l’humidité. Quant au kaolin, qui est de l’argile, il faut ensuite pouvoir laver les cerises puisque même en les passant sous l’eau, des traces blanches restent. »

Des producteurs vous ont-ils déjà alerté sur un possible arrêt de leur production ?

Jérôme Rozier : « Pas pour l’instant. Actuellement, seul le passage d’exirel sur les variétés précoces peut nous sauver. Mais cela dépend des territoires. À Bessenay (Rhône), par exemple, nous sommes sur une région de variétés tardives, nous allons donc être face à un problème. Nous espérons que le froid des prochains jours freinera la drosophile. »

Propos recueillis par Léa Rochon

*De la Drôme, de l'Isère, de la Loire et du Rhône.