Approvisionnements alimentaires : La Cour des comptes satisfaite

La Cour des comptes a rendu public, le 16 février, son traditionnel rapport annuel. Elle s’est intéressée aux mesures prises par l’Etat pour atténuer les effets de la crise et donne un satisfecit à la chaîne agroalimentaire. Elle pointe toutefois des faiblesses structurelles déjà connues.

Approvisionnements alimentaires : La Cour des comptes satisfaite

« Aucune rupture majeure n’a (…) été constatée, la production et la distribution ayant été globalement assurées », indiquent les magistrats de la Cour des comptes, dans leur rapport annuel. Selon eux, les volumes de production agricole et agroalimentaire ont été, en 2020, « globalement maintenus ». Certes, la désorganisation initiale des transports et des flux logistiques ont pu affecté à divers degrés la chaîne d’approvisionnement alimentaire mais le système s’est vite « normalisé », indique le rapport. Ainsi, l’impact de la crise du Covid sur l’évolution des prix est resté « modéré ». L’indice des prix des produits agricoles est « resté stable en 2020 par rapport à 2019 », poursuivent les magistrats du chiffre.

La Cour ne manque pas de souligner que la résilience de la chaîne d’approvisionnement est aussi liée « au fait que le secteur agroalimentaire et la distribution, largement auto-organisés, ont bénéficié de soutiens publics visant à atténuer les effets de la crise ». Elle cite notamment le rôle de régulateur que l’Etat a joué pour régler les tensions apparues « en matière de pénalités de retard entre les producteurs et les centrales d’achat de la grande distribution (pénalités logistiques) ». Elle donne également l’exemple des d’aides spécifiques orientées vers la gestion des excédents, surtout au bénéfice du secteur des boissons alcoolisées, ainsi que d’aides au titre du plan de relance. Le plus étonnant est peut-être que les magistrats se rendent compte que l’alimentation française coûte plus cher que celle importée. « Le recours accru aux productions nationales, à la place des importations de produits de moindre coût, a concerné de façon plus aiguë les consommateurs n’ayant pas les moyens d’en assumer les surcoûts », écrit pudiquement le rapport. Ce qui a eu pour effet que plus de ménages précaires ont eu recours à l’aide alimentaire. Les banques alimentaires ont d’ailleurs enregistré une hausse de 20 % des demandes d’aide entre mars et juin 2020.

 

Pas de stratégie nationale

 

Ce sont les faiblesses structurelles qui suscitent l’attention de la Cour des Comptes. Elle pointe l’insuffisance des services du ministère de l’Agriculture qui dispose de peu d’outils de gestion d’une crise d’une telle ampleur. Soulignant la réponse inégale que les DRAF et DDAF ont pu apporter, elle dénonce aussi le « manque de stratégie nationale formalisée de sécurisation des approvisionnements alimentaires » et le fait qu’aucun service ne s’attribue cette fonction comme cela existe dans  d’autres pays comme l’Allemagne, la Suisse, la Finlande. Autre point qui remet en cause notre souveraineté globale, en particulier alimentaire : « La dépendance nationale aux importations et à l’apport de main-d’œuvre étrangère », indique le rapport. « Le degré d’autonomie alimentaire des cent premières aires urbaines françaises est en moyenne de 2 %. 97 % de la production agricole locale est consommée à l’extérieur de son territoire de production », ajoute-t-il regrettant le développement limité des circuits de proximité. Pour pallier ses carences, les magistrats suggèrent fortement à l’Etat de « décliner l’initiative européenne de plan d’urgence ». Mais celui-ci n’a été adopté qu’en novembre 2021… Ils préconisent aussi de « réduire notre vulnérabilité aux importations comme le font la Suisse, le Japon ou la Finlande ». La Cour qui ne veut pas aller jusqu’à  la mise en place de stocks stratégiques, souhaite que l’Etat réalise, avec le concours du Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN) une cartographie des stocks existants « d’ici la fin 2023 ».