Assemblée générale de la commission des agricultrices
De la communication positive à la portée de toutes et tous pour lutter contre les inégalités hommes femmes

Florence Bouville
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Les inégalités hommes femmes ne sont pas propres au monde agricole. Néanmoins, la figure de l’agricultrice concentre aujourd’hui une multitude d’idées reçues contre lesquelles il est essentiel de lutter. Depuis plusieurs décennies, la commission des agricultrices se déplace sur tout le département pour mener des actions qui mettent en valeur les métiers de l’agriculture et combattent les discriminations faites aux femmes. L’assemblée générale du 14 février a été l’occasion pour le groupe de faire le bilan des années Covid et de préparer les prochaines missions.

De la communication positive à la portée de toutes et tous pour lutter contre les inégalités hommes femmes
La commission des agricultrices s'est réunie le 14 février pour son assemblée générale.

Hélène Doussot, présidente de la commission depuis 2020, a ouvert la réunion en présentant l’historique des actions phares des trois dernières années. L’assemblée ne comptait pas que des agricultrices, parmi les invités étaient présents Luc Jeannin, secrétaire général de la FDSEA et vice-président de la chambre d’Agriculture, Thierry Igonnet, directeur de la FDSEA 71, Carine Beaufils attachée parlementaire du député Rémy Rebeyrotte et Marc Sangoy, président de la cave de Lugny et époux de Christelle Sangoy, membre de la commission.

Chaque année, l’agenda de la commission est bien rempli et les mois sont rythmés par des événements que l’on peut qualifier d’incontournables (Marche Agri’rose, journée des droits des femmes, Semaine du goût dans les écoles/collèges/lycées, opération fermes ouvertes, stand à la Fête de l’agriculture, Carrefour des carrières…).

Des actions qui ne sont pas près de s’arrêter

Au travers de toutes les actions menées annuellement sur le territoire, l’objectif est toujours de sensibiliser le grand public aux enjeux et au fonctionnement de l’agriculture, « en ciblant prioritairement les enfants pour ensuite mieux toucher les adultes », comme l’a rappelé en introduction Hélène Doussot. En 2020, malgré la crise sanitaire de Covid-19, les membres de la commission ont été très actives. Elles ont, entre autres, fabriqué des masques roses qui ont été vendus jusqu’en Normandie. En 2021, les fermes ouvertes n’ont pas pu avoir lieu, pour la seconde fois. En remplacement, les filles ont suivi une formation à la réalisation de montages vidéo sur téléphone et sont allées à la rencontre des élèves de primaires diffuser leur petit film.

L’année 2022 a aussi été une année très riche. Le 2 octobre dernier, s’est tenue la 4e édition de la marche Agri’rose, au profit de la lutte contre le cancer du sein. Elle a réuni 240 personnes. Le marché de producteurs ne sera a priori pas reconduit, car les participant(e) s viennent avant tout pour marcher. En revanche, le food truck sera de nouveau installé et régalera les adeptes de burgers 100 % locaux. La prochaine édition se tiendra le 24 septembre 2023, à la base de loisirs des Bizots.

Nathalie Bonnot, déléguée aux droits des femmes, est revenue sur l’édition 2023 du carrefour des carrières, ayant eu lieu le 12 janvier à Montceau-les-Mines. Des élèves de 4e et 3e ainsi que des femmes en recherche d’emploi ont pu assister à des présentations de métiers peu féminisés, voire atypiques, comme celui de fauconnière. Le vivier des professions représentées se veut le plus large et complet possible. Quelques lycéennes ont aussi été conviées, ce qui a amplifié la diversité des profils et des questions portant sur l’orientation professionnelle.

Le 8 mars 2023, la manifestation pour la journée des droits des femmes se déroulera à la cave de Lugny et le chèque des 1.580 euros récoltés lors de la marche Agri’rose sera remis à l’association Toujours femmes. La saison des fermes ouvertes débutera à la même période. À noter que c’est en Saône-et-Loire que le dispositif des fermes ouvertes accueille le plus d’enfants. En 2022, 1.971 élèves de primaire ont été reçus sur 96 exploitations différentes. Les agricultrices espèrent cette année la même réussite, voire mieux ! C’est toujours extrêmement ludique et instructif pour les scolaires de passer une demi-journée à la ferme et de (re) découvrir les animaux, les bâtiments, la flore…

Une édition inédite des Lauriers d’or

La journée des Lauriers d’or a pour habitude de clôturer la saison des fermes ouvertes. La prochaine édition aura lieu le 26 mai 2023. S’il y a bien une date à retenir, c’est celle-ci ! Ayant eu vent de l’événement, Christiane Lambert, actuelle présidente de la FNSEA, sera présente toute la journée pour assister aux activités et festivités. Ce sera peut-être l’opportunité de parler de l’événement au niveau national. Seront invitées les deux classes de primaires ayant réalisé le meilleur dossier à la suite de leur participation aux fermes ouvertes. La matinée sera dédiée à une visite de l’exploitation mêlant divers jeux (jeu des poils, jeu des graines…), suivie d’un pique-nique offert. L’après-midi, les enfants accompagnés des agricultrices joueront devant les élus un spectacle à thème préparé plus tôt dans la journée. Via une chanson, des messages forts sur les enjeux de l’agriculture de demain seront passés.

Nouveauté de cette année, la commission se lance dans l’écriture d’une nouvelle pièce de théâtre. Cette dernière s’articulera autour de trois thématiques : les nouvelles technologies, les réseaux sociaux et l’égalité hommes femmes. Afin de réaliser une première ébauche et de réfléchir à des idées de sketchs, les participant(e) s de l’AG se sont répartis en trois ateliers de travail. L’objectif de la pièce est de retranscrire avec humour et légèreté les difficultés quotidiennes du métier d’agriculteur/rice. Voici quelques exemples marquants de la restitution orale : l’exosquelette difficile à enfiler, les agriculteurs en avance sur leur temps avec les brouettes électriques, l’agricivisme et les situations multiples qui en découlent, les applis de rencontre spécifiques aux agriculteurs/rices… Enfin, pour le thème de l’égalité hommes femmes, ont été évoqués les freins et gênes rencontrés par les agricultrices lors de situations diverses et variées (question redondante « Où est le patron », jugements sur l’apparence physique et l’image féminine, difficultés pour trouver un stage en exploitation, équipements pas assez adaptés…). Pour l’écriture et la mise en scène de la pièce, le groupe a décidé de faire appel à un intervenant extérieur. Toutes les femmes volontaires joueront un rôle.

Ateliers de travail pour préparer l'écriture de la pièce.

De la communication positive à la portée de toutes et tous

Aude Collignon, enseignante, conjointe d’agriculteur et membre fondatrice de l’association France Agri Twittos est intervenue pour parler de "communication positive" autour de l’agriculture. Les réseaux sociaux, y compris Twitter, offrent certains avantages en matière de communication, « Le problème, c’est qu’aujourd’hui plusieurs personnes communiquent à la place des agriculteurs », a déclaré Aude. Cette association apolitique compte aujourd’hui plus de 500 bénévoles issus du monde agricole et para-agricole. Elle a donc pour rôle de publier des contenus honnêtes et vulgarisateurs s’adressant au grand public et valorisant les "bienfaits" de l’agriculture (richesse du terroir, entretien des paysages, diversité des espèces cultivées etc.). « Le grand public attend vraiment de la description, même pas de l’interprétation », a précisé Aude qui réalise également une veille des supports pédagogiques distribués en milieu scolaire. France Agri Twittos a récemment créé une banque d’images provenant directement des fermes des bénévoles ainsi qu’un petit guide Comment communiquer efficacement quand on est agriculteur… (Et qu’on manque de temps !). Vous vous sentez l’âme d’un communicant, ou vous avez juste envie d’adhérer à ce groupe très convivial, il ne vous reste plus qu’à vous rendre sur les réseaux !

Des femmes de plus en plus soudées, continuant de lutter contre les inégalités

Les années passent et les adhérentes se succèdent, mais la présence de la commission des agricultrices sur le terrain est encore plus que nécessaire. À l’heure de la désinformation, de la baisse du nombre d’agriculteurs et des difficultés liées à l’installation, les causes défendues par ces femmes apparaissent au cœur des enjeux actuels. « Ce n’est pas le moment de lâcher, même auprès des enfants d’agriculteurs », s’est exclamée Noëlle Renaud. La déconnexion des jeunes générations avec la nature et le monde agricole se fait de plus en plus sentir, même en milieu rural. Toutes s’investissent énormément dans la vie de la commission, même s’il est parfois difficile de dégager du temps en dehors des heures de travail. Angélique Babout, jeune éleveuse de charolais et viticultrice - et dernière arrivée à la commission -, essaye toujours de s’arranger pour venir aux réunions, mais cela requiert beaucoup d’organisation.

Des avancées majeures ont déjà permis de faire évoluer la condition de la femme dans l’agriculture, comme la possible obtention du statut de salariée ou de cheffe d’exploitation. Seulement, la lutte se doit de continuer, notamment pour augmenter le nombre de représentantes dans les instances agricoles. Luc Jeannin, fier de l’évolution des générations et des mentalités, se dit d’ailleurs tout à fait « prêt à accueillir des femmes et des hommes motivés au conseil de la FDSEA », sans aucune distinction de genre. Cette évolution ne pourra perdurer qu’avec le soutien et l’engagement des hommes, qu’ils soient agriculteurs, élus, pères de famille…

Hélène Doussot repart pour un deuxième mandat
Hélène Doussot discutant avec une partie des membres de la commission lors d'un atelier de travail

Hélène Doussot repart pour un deuxième mandat

Hélène Doussot a été réélue présidente de la commission des agricultrices pour la deuxième fois. Malgré le contexte sanitaire, elle a su, au cours de son premier mandat, faire preuve d’une grande adaptation et fédérer le groupe autour de nombreux projets.