Leclerc Le Breuil
25.000 € pour mettre en avant le local

Cédric Michelin
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Même si mercredi en préfecture, le préfet rappelait que des contrôles dans le cadre de la loi EGAlim se poursuivent, pour médiatiser les bonnes pratiques, Yves Séguy prenait rendez-vous à l’ouverture du Leclerc Le Breuil le samedi suivant. 

25.000 € pour mettre en avant le local

Même si mercredi en préfecture, le préfet rappelait que des contrôles dans le cadre de la loi EGAlim se poursuivent, pour médiatiser les bonnes pratiques, Yves Séguy prenait rendez-vous à l’ouverture du Leclerc Le Breuil le samedi suivant. Le directeur, André Huguet recevait donc une délégation d’une vingtaine de personnes (profession agricole, négociant, abattoir…) et les médias locaux. Le directeur ne cachait rien, ni ses marges, ni ses craintes. « On voit les ventes de non alimentaire baisse de 10 à 15 %. On sent que le pouvoir d’achat baisse avec des clients passant des MDD à des 1er prix. Le drive est en forte progression (+30 % en vol ; 70 % de MDD et 1er prix) car ainsi les gens maîtrisent leur budget et sont moins tentés. On fait donc attention aux prix limites faisant que les consommateurs changent. J’ai donc décidé de rogner sur mes marges rayon frais vers 22-23 % alors que sur le reste du magasin, c’est 25 % ». Avec 12 employés en boucherie, André Huguet alertait sur ses difficultés à « attirer » malgré des salaires de 2.400 € brut mensuel, un treizième mois et intéressement, le tout pour 35 heures « pas plus ». Outre l’obligation de changer les idées reçues sur ces métiers de bouche, notamment au sein de l’Éducation nationale, le sénateur, Jérôme Durain redisait l’investissement de la Région BFC dans les Worldskills, ces concours qui font la « fierté de ces métiers » en boulangerie, fromagerie… Pour le député, Rémy Rebeyrotte, il faut peut-être aussi relancer un « label ou une médaille des meilleurs commerçants ».

Car l’alliance, producteurs, transformateurs, distributeurs paye en circuit court. « Ici, c’est facile de faire des Alliances locales, mais à Paris ou au national où il n’y a pas d’identité » de territoire, de produits du terroir, de saisonnalité… se souvenait André Huguet qui travaillait avant à Paris. Lui-même, en arrivant, a été reçu plutôt fraîchement par une manifestation, en plaisantait Bernard Lacour et Jean-Philippe Nivost. Et tout n’a pas été facile pour arriver aujourd’hui à 180 bêtes par an, avec les éleveurs locaux et l’abattoir d’Autun. Idem aussi pour les œufs, les fromages, la farine… Il faut aussi relativiser, un jeune volailler est passé d’un poulailler de 400 à 4.000 poules et fournit les œufs que pour 8 % des volumes du rayon. « Il y aurait la place pour un second éleveur à installer ». Mais gare encore et toujours au pouvoir d’achat, rappelle le directeur. « Tout le monde dit consommer du Bio, mais personne n’en achète », cinglait-il. Les producteurs locaux ont toutefois une cote d’amour indéniable. Le directeur a investi 25.000 € en publicité lieu de vente pour les mettre en valeur, en photos, en vidéos, en banderoles… Mais encore une fois, si c’est possible en local, pourquoi n’est-ce pas possible au national ? « Les intermédiaires », répond le directeur qui était aux achats à Paris, sans trouver cela anormal pour « transporteur, grossistes, Rungis, transformateurs, centrales…, tout le monde prend sa marge », lui qui avait avant une viande charolaise partant se faire abattre en Bretagne avant de revenir en Saône-et-Loire. Et de rappeler que cette même viande peut être vendue « 15 € le kilo ici et 35 € à Lyon » selon le pouvoir d’achat de la clientèle du magasin. L'inverse est vrai aussi, avec des prix en promotion avec des viandes hors EU. Pour Bernard Lacour, aucun doute, le vrai travail est à faire du côté des grandes villes et métropoles. « Reste à savoir comment arriver à transférer la confiance dans les éleveurs avec des moyens techniques ». Les industriels sont ici coupables pour certains « d’oublier les éleveurs » voire d’utiliser des « drapeaux français trompeurs », constatait le préfet devant un produit affichant un drapeau bleu-blanc-rouge, pour le fabriquer en France, mais dont la viande était Européenne.