Suivi de la crise agricole
« Changer le logiciel »

Cédric Michelin
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Le 13 mars à Mâcon, le préfet faisait une double réunion. La première pour faire un état des lieux des Plans alimentaires territoriaux en Saône-et-Loire (lire dans notre prochaine édition et en page HH). Le second pour informer des avancées du suivi de la crise agricole. La DDT est revenu sur les dix groupes, travaillant sur des sujets, notamment ceux en prise locale.

« Changer le logiciel »

Le préfet, Yves Séguy sent la pression à nouveau remonter du terrain. Le président de la FDSEA, Christian Bajard, comme les autres syndicats ou non autour de la table, le reconnaissent, l’État et ses pouvoirs publics « sont mobilisés » depuis janvier pour répondre à la crise agricole. Si chacun est conscient que « tout ne se décide pas en Saône-et-Loire », la profession est néanmoins très active et confiante dans ses arguments et ses propositions de « bon sens paysan ».

Tout au long de la réunion, une même expression revenait régulièrement dans la bouche des intervenants : « changer le logiciel ». Une métaphore bien compréhensible par le vice-président des JA71, Julien Quelin qui « attend plus d’annonces, autre que le GNR », prévient-il.

Des dérogations revenant au préfet

Le directeur de la DDT, Jean-Pierre Goron continue donc de « faire remonter les solutions » des dix groupes de travail. D’ailleurs, pas plus tard que la veille, avec le préfet et ses services (DDfip, DDPP, DDETS…), ils participaient tous à une visioconférence, animée par le président de la République et le premier Ministre en personnes sur ces sujets avec les autres départements. Jean-Pierre Goron différencie les groupes travaillant sur la loi EGAlim, les phytosanitaires et sur la flavescence dorée, qui vraisemblablement verront les arbitrages être décidés au national. Pour les sept autres groupes en revanche, des initiatives départementales pourront être prises en « local pour avancer ». Il livrait déjà « quelques réflexions non achevées » autour des « dysfonctionnements » listés en Saône-et-Loire.

Il commençait sur les règles s’appliquant aux haies agricoles. La profession agricole a réclamé une simplification. Une « plaquette » informative devrait sortir d’ici à la fin de l’année pour que les agriculteurs « se posent les bonnes questions » avant d’entreprendre tous travaux. En fin de réunion, Christian Bajard le corrigeait : « on n’en peut plus de cette France qui veut tout normer, cela tue notre envie d’entreprendre ». Le préfet l’avait bien senti, lui qui envisage plutôt des « dérogations » (lire encadré).

Un peu en lien, le groupe travaillant sur l’eau a fait remonter le besoin de cartes, fusionnées sur Internet, pour mieux savoir différencier « cours d’eau des fossés… avec des explications sur les bandes enherbées, sur les PCAE… », imagine le DDT. Une bonne idée qui, espérons, « évitera d’avoir peur de passer 24 heures en gendarmerie et de se sentir comme un criminel », remerciait à moitié les syndicalistes qui ne lâchent rien sur leur volonté « d’avoir des contrôles allégés ».

Des remboursements GNR qui avancent

Justement, Jean-Pierre Goron rappelait la charte « assez peu connue » et signée pourtant entre la profession et les services de l’État qui définit les « bonnes pratiques » en la matière. Si cette charte avait déjà pour but de simplifier les contrôles, Jean-Pierre Goron a bien entendu le message qu’il faut encore « améliorer l’acte de contrôle » qui renvoie aussi, pour lui, sur des notions « de comportements humains », de part et autre.

En Saône-et-Loire, la profession agricole a depuis longtemps dit qu’il fallait « simplifier », avec des chartes, des dérogations ou en innovant. Ce fut le cas de la reconnaissance de non-protégeabilité partielle (RNPP) des exploitations prédatées par le loup. Sept élevages expérimentent, après étude de vulnérabilité réalisée par la chambre d’agriculture, « cette reconnaissance qui démontre qu’ils n’ont pas la capacité de se protéger 365 jours/an », permettant de délivrer des « tirs létaux même s’ils n’ont pas plus protégé » leur troupeau.

Enfin, Franck Lévêque, directeur des Finances publics (DDFip), constate une augmentation des dossiers GNR avec déjà 1.200 dossiers (2,6 millions d’€ payés) remboursés sur les 1350 reçus.