Tuberculose bovine
Un enjeu commercial important

Alexandre Coronel
-

Depuis plusieurs années, la France est sur la sellette en matière de statut sanitaire vis-à-vis de la tuberculose bovine. Un cas de figure concret pour le département de Haute-Saône, ici en exemple, qui a eu un foyer en décembre 2020.

Un enjeu commercial important
Le blaireau, sédentaire, est une bonne sentinelle de la tuberculose dans la faune sauvage.

La tuberculose bovine est une maladie animale infectieuse, contagieuse et chronique due à une bactérie (Mycobacterium bovis), étroitement apparentée aux bactéries responsables de la tuberculose humaine et aviaire. Cette maladie touche principalement les élevages de bovins et caprins. Elle s’est également développée chez certaines espèces d’animaux sauvages, principalement le sanglier, cerf et blaireau, ce qui complique son éradication. « Cette maladie revêt un enjeu de santé publique, car c’est une maladie transmissible à l’homme, expose Caroline Bouissel, la directrice du GDS de Haute-Saône : de plus, elle est réglementée au niveau international, et la France bénéficie depuis décembre 2000 du statut ‘officiellement indemne de tuberculose’, ce qui facilite les échanges commerciaux ». Outre les bovins destinés à l’abattage, expédiés vers l’Espagne, l’Italie, la Turquie… c’est aussi un précieux sésame pour l’exportation de reproducteurs, un débouché commercial important pour les éleveurs de montbéliardes !

Un statut fragile

Or ce statut sanitaire intéressant sur le plan commercial est remis en cause par la remontée du nombre de foyers détectés, depuis 2004, avec une accélération depuis 2008. Au cours du mois de décembre 2020, un foyer de tuberculose d’un cheptel de 208 bovins avait été ainsi détecté dans le département de la Haute-Saône après un contrôle à l’abattoir. Cette découverte avait entraîné l’abattage complet du cheptel concerné, et le renforcement de la surveillance des élevages en lien épidémiologique avec ce foyer du fait de contacts directs avec les bovins restés dans l’exploitation « dans un rayon de 2 km autour des pâtures et bâtiments du foyer afin d’éviter la diffusion de la maladie », poursuit la directrice. « Le retour de la prophylaxie de la tuberculose bovine concerne 80 élevages du département : nous approchons de la fin de campagne et la plupart des élevages concernés ont été testés sans que nous ne déplorions à ce jour de nouveau foyer », s’est félicité Bruno Henry, le président du GDS. Mais il déplore néanmoins que le volet de suivi de la zoonose dans la faune sauvage n’ait pas été très opérant. « Trop peu d’information a été collectée à ce jour ! », regrette-t-il. Pascal Martin, président de la FRGDS de Bourgogne Franche-Comté, lui-même éleveur de bovins laitiers et allaitants, insiste sur l’importance de ce volet, compte tenu du rôle de réservoir épidémiologique que peut jouer la faune sauvage. « Il faut absolument porter ce dossier en préfecture, afin que l’administration fasse le nécessaire pour dépister la tuberculose dans un échantillon des animaux sauvages abattus : sangliers, chevreuils, cerfs… et surtout, la détection chez les blaireaux est primordiale. C’est une zoonose, et on doit travailler ensemble, car si la France perd son statut de pays indemne, les conséquences économiques seront très importantes ».