Les brèves du 21 avril 2023

Cédric Michelin
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Voici les brèves du 21 avril 2023

Les brèves du 21 avril 2023

Fumigation des céréales : un rappel juridique ajouté aux AMM (Anses)

Des « précisions juridiques » ont été ajoutées, ce 20 avril, dans les autorisations de mise sur le marché (AMM) des produits à base de phosphure d’aluminium utilisés pour la fumigation des céréales, indique l’Anses à Agra Presse. L’agence sanitaire y « rappelle l’existence de la possibilité de traitement pour l’exportation par la phosphine au contact direct des grains » dans le cadre du règlement européen de 2005 sur les limites de résidus de pesticides. « Il ne s’agit pas d’une modification des modalités d’utilisation évaluées et fixées dans l’AMM, insiste l’agence. Il s’agit d’une clarification qui permettra de sécuriser les utilisateurs dans leur relation avec les services de contrôle chargés de délivrer les certificats phytosanitaires pour l’exportation. » En octobre, le principal fabricant, l’indien UPL, avait déposé un dossier et obtenu un feu vert de l’Anses, mais pour un usage sans contact direct avec le grain (en sachet, ou à distance). Problème : les cahiers des charges de plusieurs clients africains, comme l’Algérie ou le Maroc requièrent des fumigations avec contact direct. Les exportateurs français craignaient de ne plus pouvoir exporter de céréales vers ces destinations à partir du 24 avril, échéance de la précédente AMM. Selon l’Anses, « la possibilité d’exportation n’a jamais été remise en cause ».

S-métolachlore : l’Anses confirme le retrait de 13 autorisations

Après examen des éléments complémentaires transmis par les firmes, l’Anses confirme ce 20 avril le retrait de 13 autorisations de mise sur le marché (AMM) concernant des herbicides à base de S-métolachlore. Dans le détail, l’agence supprime quatre AMM en intégralité, retire certains usages pour cinq formulations commerciales, et annule quatre permis de commerce parallèle pour des produits autorisés par d’autres pays de l’UE. L’agence rappelle que des premières restrictions de doses ont été appliquées dès novembre 2021. Dans l’avis rendu en janvier 2023, les experts avaient cependant estimé que les concentrations dans les eaux souterraines ne respectaient toujours pas les valeurs limites « définies par la législation européenne ». L’ensemble de la procédure, souligne l’Anses, répond à une saisine des trois ministères de tutelle de l’agence (Santé, Transition écologique et Agriculture) en mai 2021, à la suite de « détections fréquentes des métabolites du S-métolachlore à des concentrations dépassant les normes de qualité lors des contrôles des eaux ». Des travaux se poursuivent parallèlement au niveau européen, alors que l’Efsa a conclu à « une non-conformité majeure relative à la contamination des eaux souterraines » dans son rapport publié en février. De son côté, l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) « a proposé en juin 2022 de classer le S-métolachlore comme une substance susceptible de provoquer le cancer », note l’Anses.

Mal-être : Olivier Damaisin veut « réagir plus vite » aux alertes et agir sur la LOA

Nommé pour deux ans depuis le 1er avril, le nouveau coordinateur national interministériel du plan de lutte contre le mal-être en agriculture, Olivier Damaisin, a évoqué ses priorités d’action pour les mois à venir, lors de la 2e édition de la journée mal-être qui s’est tenue à la CCMSA le 20 avril. L’ancien député a indiqué sa volonté « d’aller sur le terrain, à la rencontre des gens ». Il veut « mettre en place avec tous les coordinateurs départementaux » le « système d’alerte » créé par son prédécesseur Daniel Lenoir, en tenant compte des « spécificités » des territoires. L’enjeu est de « réagir plus vite » quand il y a des « remontées d’urgence », a-t-il souligné. Une autre priorité pour « ce semestre » est d’avancer sur le chantier n°7 du plan, intitulé « Accompagnement des transitions agricoles (transmission, attractivité, métiers agricoles…) », a indiqué à Agra Presse l’adjointe au coordinateur national Anne-Marie Soubielle. « Il faut qu’on puisse mettre de la prévention aux risques psycho-sociaux dans les propositions qui sont faites dans le cadre du pacte et de la loi d’orientation et d’avenir agricole », a-t-elle souligné. D’autre part, un chantier supplémentaire (n°6) a été ajouté « en octobre » au plan interministériel. Intitulé « Conciliation vie personnelle et familiale », il couvre des enjeux tels que « la parentalité », « les addictions », « les violences intra-familiales » ou encore « la lutte contre la précarité » notamment chez les salariés (problématique du logement saisonnier, des crèches..), a précisé Anne-Marie Soubielle.

Indications géographiques : les eurodéputés veulent préserver le rôle central de Bruxelles

Les eurodéputés de la commission de l’Agriculture du Parlement européen (Comagri) ont adopté, à l’unanimité le 20 avril, leur position sur la proposition de réforme de la politique des indications géographiques (IG). Contrairement à ce que propose la Commission européenne, ils s’opposent à ce que le rôle de l’Office de l’UE pour la propriété intellectuelle (EUIPO) dans l’administration du système des IG soit renforcé. Les compétences doivent, selon eux, rester entre les mains de « la Commission européenne, avec son expertise agricole unique ». Les parlementaires souhaitent aussi que certaines dispositions spécifiques aux IG viticoles soient maintenues dans le règlement OCM de la Pac : étiquetage, principes généraux de protection, homonymes, relations avec les marques ou encore durabilité. Le projet de position, qui devrait être validé par un vote en plénière le 31 mai, insiste enfin sur les mesures à prendre pour protéger les IG contenues dans les aliments transformés et pour lutter contre l’utilisation abusive des noms d’IG en ligne. Les organisations du secteur, oriGIn UE et la Fédération européenne des vins d’origine (Efow), ont toutes deux salué la position des eurodéputés qui va « renforcer le système de l’UE » sans externaliser sa gestion.

Lait : nouveau n°1, Lactalis est moins rentable en 2022 malgré une forte croissance

L’année 2022 de Lactalis a été marquée par « une érosion de notre rentabilité dans un contexte de forte croissance de notre activité », a déclaré le président-directeur général de Lactalis, Emmanuel Besnier, lors de la présentation des résultats annuels du groupe, le 19 avril à Parme (Italie). Le chiffre d’affaires du groupe enregistre une croissance annuelle de 28,4 %, passant de 22 à 28,3 Mrd€. Une croissance qui place Lactalis devant Danone (27,7 Mrd€) au palmarès de l’agroalimentaire français. Mais les marges du groupe pâtissent de l’inflation. Ainsi, le résultat courant recule de 0,4 %, à 1,3 Mrd€. L’industriel n’a pas pu répercuter la totalité de ses hausses de charges, estimées à 20 % à l’échelle du groupe, vers ses clients. En conséquence, le résultat net est en baisse de 14 % par rapport à 2021. Il atteint 384 M€, soit 1,36 % du chiffre d’affaires. Il avait dépassé 2 % l’année précédente. Le prix du lait devrait « rester stable » en 2023, selon les projections du groupe, qui met en avant que le prix du lait payé aux producteurs français a augmenté de 25 % l’année dernière. « Le prix du lait sera au moins au niveau de 2022 », précise le président-directeur général de Lactalis, Emmanuel Besnier, à Agra Presse. « Sur la partie grande distribution, les négociations qui ont été faites au 1er mars tiennent compte d’une évolution positive du prix du lait. Normalement, il n’y a pas de raison de revenir sur ces négociations », poursuit-il.

Lait : « pas de raison de revenir sur les négociations » commerciales (Lactalis)

Dans un entretien accordé à Agra Presse le 19 avril, le président-directeur général de Lactalis estime qu'« il n’y a pas de raison de revenir » sur les négociations commerciales annuelles, comme le demande le gouvernement. Selon Emmanuel Besnier, ces négociations « tiennent compte d’une évolution positive du prix du lait sur la grande distribution », une tendance qui ne devrait pas s’inverser sur 2023. « Le prix du lait sera au moins au niveau de 2022 », prévoit l’industriel. Interrogé par ailleurs sur la baisse de la collecte laitière française, il rappelle que « la collecte est liée au nombre de producteurs bien sûr, mais aussi aux incidences climatiques, au prix du lait, aux prix du marché de la viande. Il y a des phénomènes de décapitalisation qui sont liés à des opportunités du marché de la viande… » La situation ne paraît pas inquiéter l’industriel à court terme : « Ce n’est pas du jamais-vu, ni quelque chose d’irréversible. Nous avons toujours oscillé entre -2 et +2 % en fonction des années. L’inquiétude porte davantage sur la possibilité de renouveler les générations à moyen terme. »

Installations : 30 à 50 % se feraient en bio selon les régions (Agence bio)

Parmi les projets accompagnés par les chambres, « 30 à 50 % des candidats à l’installation souhaitent le faire en bio », indique l’Agence bio dans un communiqué le 20 avril. Le taux d’installation en bio, détaille l’organisation, atteindrait par exemple 40 % en Occitanie, en Bretagne, en Nouvelle-Aquitaine ou en Auvergne-Rhône-Alpes. Pourtant, regrette l’agence, beaucoup de producteurs souhaitant se convertir « se sont retrouvés freinés par les acteurs du marché ». Comme nous l’avions détaillé dans une enquête publiée fin 2022, certaines coopératives ou industriels étaient même allés jusqu’à proposer à des producteurs de se déconvertir. Alors que la concertation sur la loi d’orientation agricole a été lancée par le ministère, l’agence estime donc que « l’installation en bio constitue un véritable enjeu du renouvellement des générations ». Une dynamique qui nécessitera en parallèle un regain de consommation, rappelle le président de l’Agence bio Loïc Guines. « Chaque foyer, chaque restaurant, du kebab à l’étoilé, chaque cantine, tout le monde a un rôle à jouer pour mettre du bio au menu », défend-il, cité dans le communiqué.

Ovins : la FNO alerte sur des baisses de revenu de « 15 à 45 % » sur un an

Les hausses de charges liées aux matières premières « plombent les revenus [à hauteur de] -15 à -45 % » en ovins lait et viande, alerte la FNO (éleveurs d’ovins, FNSEA) dans un communiqué du 20 avril. Les cours de l’agneau et du lait ont bien progressé de 8,3 % et de 2,3 % sur un an, souligne le syndicat. Mais les charges ont dans le même temps augmenté de 18,5 % en ovins viande et de 17,7 % en brebis laitières, selon les indices Ipampa. La situation, craint la FNO, risque même de ne pas s’améliorer en 2023, avec une sécheresse qui a « affecté les stocks de fourrages dans de nombreuses régions », ainsi qu’une « situation économique morose qui pourrait [affecter] la consommation ». Les producteurs, alertent les représentants syndicaux, rappellent « l’importance de l’application de la loi Egalim 2 ». Parallèlement, « un soutien couplé et fort dans le cadre de la Pac reste indispensable pour assurer la pérennité de cette production aux aménités [avérées] pour l’environnement et la biodiversité », insiste le communiqué. Selon les chiffres du ministère de l’Agriculture, 34 000 exploitations posséderaient des ovins en France. La Nouvelle-Aquitaine et l’Occitanie concentrent à elles deux plus de la moitié du cheptel.

Prix du porc : au plus haut, le MPB perd 5 cts avant les jours fériés de mai

À son plus haut niveau historique depuis début mars, le Marché du porc breton (MPB) a clôturé sa séance du jeudi 20 avril en recul de 5 ct€/kg, à 2,302 €/kg, soit la plus forte baisse permise par son règlement. Intervenant après plusieurs de semaines de résistance, cette logique est logique au vu du calendrier : le lundi férié de Pâques « débute une série de cinq semaines d’activité réduite avec les quatre fériés du mois de mai qui se profilent », rappellent les analystes du marché de Plérin. D’où le « peu d’empressement des abattoirs à couvrir leurs besoins », avec « 5045 porcs laissés sans enchère ». Le MPB note par ailleurs que « sur les autres places européennes, les cours devraient être majoritairement stables comme cela a été le cas en Allemagne mercredi dernier » (le 19 avril, N.D.L.R.). Au-delà du prix du porc, la marge brute sur coût alimentaire des élevages se situe aussi à son plus haut niveau depuis 2020, à 2465 €/t en mars (indicateur Ifip). Et ce malgré le prix élevé de l’aliment (390 €/t pour l’aliment charcutier Ifip). « Les marges des éleveurs sont en équilibre instable, note Lisa Le Clerc, ingénieure à l’Institut du porc, dans une vidéo sur YouTube. Une forte volatilité à la baisse des cours du porc plongerait les résultats des éleveurs français fortement dans le négatif. »

Engrais : au Brésil, NetZero inaugure la plus grande usine de biochar agricole au monde

La start-up française NetZero, spécialisée dans le stockage de carbone à l’aide de biochar, un charbon produit à partir de résidus végétaux, a inauguré le 20 avril l’un des plus grands sites de production au monde à Lajinha, dans l’État du Minas Gerais au Brésil. Chaque année, l’entreprise transformera 16 000 tonnes de résidus de la culture du café fournis par les 10 000 planteurs de la coopérative locale Coocafé, rapporte l’AFP. Transformés par un processus de pyrolyse (un traitement thermique élevé en l’absence d’oxygène), ce charbon végétal est un amendement qui permet de stocker durablement le carbone de l’atmosphère dans les sols. Selon l’AFP, la capacité annuelle de production de l’usine dépassera les 4500 t de biochar, ce qui permettra de stocker près de 6500 tonnes d’équivalent CO2. Il s’agit de la « plus grande usine de production de biochar à partir de résidus agricoles dans le monde », précise Axel Reinaud, cofondateur de la start-up NetZero. Ce biochar sera ensuite enfoui dans « les mêmes champs » de café, précise Axel Reinaud à l’AFP. L’entreprise prévoit de construire deux autres sites au Brésil d’ici la fin de l’année.

Inondations : trois textes relatifs à la surveillance et la prévision des crues publiés au JO

Trois textes en matière de surveillance des cours d’eau et de prévision des crues ont été publiés au Journal officiel le 20 avril. Les articles réglementaires entourant la question n’avaient jamais été modifiés depuis 2007. « Or, en raison de leur ancienneté, ils ne permettent plus d’appréhender toutes les problématiques auxquelles sont confrontés aujourd’hui les services en matière de prévision des crues », précise le décret du 18 avril relatif aux missions de surveillance des cours d’eau, de prévision des crues et de production de la vigilance sur les crues. Ce dernier détaille notamment les principes généraux de l’organisation de ces missions, rappelant qu’elles sont assurées, « en métropole, par les services de prévision des crues des services déconcentrés ou des établissements publics et, dans les départements d’outre-mer, par les cellules de veille hydrologique ». Le décret est accompagné de deux arrêtés publiés le même jour. Le premier pour abroger l’arrêté du 15 février 2005 relatif aux schémas directeurs de prévision des crues, aux règlements de surveillance et de prévision des crues et à la transmission de l’information sur les crues. Le second pour établir le nouveau contenu de ces documents.