Filière Ovine
La faiblesse des revenus ne décourage pas l’installation

Des revenus de 20.000 € par unité de main-d’œuvre (UMO) ne découragent pas les candidats à l’installation en filière ovine. Cependant, les nouveaux éleveurs n’ont pas le profil de leurs ainés. Parfois, les arrivées peinent à compenser les départs. La pérennité de la filière pourrait être menacée.

La faiblesse des revenus ne décourage pas l’installation

Qui reprendra les grandes fermes ovines et les grands troupeaux de plusieurs centaines de brebis ? C’est la question que se pose l’ensemble des acteurs de la filière ovine. Au plan national, plus de neuf éleveurs sur dix cessant leur activité sont remplacés. Le taux de renouvellement atteint même 117 % en région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, 116 % en Bretagne et 109 % en Hauts-de-France.

Mais en s’installant, de nombreux éleveurs créent leur propre atelier de production souvent de taille modeste. Ils n’ont pas l’ambition d’en accroître la dimension. Ils ne souhaitaient pas non plus reprendre de grands troupeaux sur lesquels repose pourtant l’approvisionnement des marchés de viande ovine. Or plus de 38 % des producteurs actuellement en activité ont plus de 55 ans. Et 10 % des producteurs ont même plus de 62 ans.

Banalisation

Les 506 nouveaux installés en 2017 (dernières données disponibles analysées) dans des exploitations spécialisées ou mixtes (associées à des grandes cultures ou d’autres ateliers d’élevage) sont aussi bien des individus d’une quarantaine d’années en reconversion professionnelle (24 % des nouveaux installés ont plus de 40 ans) que des jeunes éleveurs diplômés de l’enseignement agricole. Une partie d’entre eux a rejoint une société (des Gaec essentiellement). D’autres se sont installés en individuel pour devenir producteur à titre principal (38 %) ou à titre secondaire (19 %). Par ailleurs, un tiers des installations est hors cadre familial, donc non issu de l’agriculture. Mais surtout, l’installation se banalise. Des éleveurs ne s’installent pas avec l’idée de faire carrière. Ils n’hésitent pas à cesser leur activité au bout de dix ans, voire moins, pour se lancer dans d’autres projets. C’est pourquoi le taux de renouvellement des producteurs ovins est important.

Aides Pac

L’étude publiée par l’Institut de l’élevage (Idele) sur l’évolution des revenus des producteurs d’ovins reflète partiellement la situation économique de ces derniers. En effet, cette étude cible des modèles d’exploitation très conventionnels situés dans les grands bassins de production. Or les systèmes de production sont divers et variés. L’étude de l’Idele exclut notamment les producteurs pluriactifs ou les éleveurs qui privilégient la commercialisation de leur viande en circuits courts. Hormis les éleveurs d’ovins dits « pastoraux » (34.400 €/UMO) à la tête d’importants troupeaux dans le massif alpin (+ 550 têtes), les revenus des autres catégories de producteurs d’ovins viande (mixtes grandes cultures+ ovins, spécialisés-fourragers et mixtes ovins-bovins) sont compris entre 21.000 € et 23.500 € par UMO en 2020. Mais les producteurs « spécialisés herbagers », situés dans le Massif central notamment, n’ont dégagé que 17.700 € de revenu par UMO en raison des charges alimentaires et de fourrages supportées après la période de sécheresse estivale survenue en 2020.

Le taux de reproductivité et la consommation de concentrés influent fortement sur les résultats. Dans aucun de ces systèmes, les produits de ventes ne couvrent les charges. Autrement dit, une partie des aides Pac reçues finance les charges d’exploitation. Dans les bassins laitiers, le revenu des éleveurs d’ovins est de 21.900 € par UMO en zone roquefort et de 19.900 € dans les Pyrénées. Toutefois, de nombreux producteurs, diversifiés, pluriactifs ou à la retraite, à la tête de petits troupeaux de brebis laitières dégagent des revenus bien inférieurs.