Projets alimentaires territoriaux
Les collectivités cultivent le local

Françoise Thomas
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Au niveau national, 65 nouveaux Projets alimentaires territoriaux (PAT) vont être financés par le Plan de relance. Parmi les lauréats de l’appel à projets national de cette première session 2021, trois ont été retenus en région Bourgogne Franche-Comté : un dans le Territoire de Belfort, un autre pour le Jura et un en Saône-et-Loire. Ce dernier, porté par le Syndicat mixte du Chalonnais, est le cinquième PAT du département. Présentation de ces projets alimentaires territoriaux saône-et-loiriens labellisés et en cours.

Les collectivités cultivent le local

Les projets alimentaires territoriaux (PAT) ont pour ambition « de fédérer les différents acteurs d’un territoire autour de la question de l’alimentation, contribuant ainsi à la prise en compte des dimensions sociales, environnementales, économiques et de santé de ce territoire ».

Lancés par la loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt d’octobre 2014, les PAT sont des dossiers nécessitant de longs mois de préparation et de discussions avant leur labellisation par le ministère de l’Agriculture en vue de leur mise en place effective.

Sur le département, plusieurs collectivités territoriales ont déjà planché sur un PAT : le premier labellisé est celui de la communauté de communes de l’Autunois Morvan (la CCGam). Quatre autres sont en cours d’élaboration : ceux de la CC Grand Charolais, de la CC Clunisois, du Pays de la Bresse bourguignonne (en co-animation avec CPIE Bresse du Jura) et le petit dernier, lauréat 2021, celui du Syndicat mixte du Chalonnais.

La CCGam, PAT officiellement labellisé

Aujourd’hui, un seul de ces PAT départementaux est effectivement en place depuis plusieurs mois : celui de la communauté de communes du Grand Autunois Morvan (la CCGam), lancé officiellement en septembre 2020. Le Grand Autunois Morvan, ce sont 40.000 habitants, 55 communes et un établissement public de coopération intercommunale (EPCI).

L’approvisionnement en circuit court des établissements scolaires et de personnes âgées et des crèches représente plus de 1,5 million de repas par an.

Plusieurs éléments sont déjà effectifs comme les mises en place d’une cuisine centrale pour approvisionner les cantines scolaires du secteur, d’un abattoir de proximité multi espèces et son atelier de découpe, et d’un abattoir de volailles avec atelier de transformation.

Le programme de système alimentaire local s’est mise en place dès 2014 avec la structuration des filières autour de commissions paritaires des affaires agricoles, la mise en place d’un GIEE Autunois regroupant dès 2015 plus d’une dizaine d’éleveurs allaitants, la création d’association de producteurs de viande et de fruits et légumes.

Parmi les objectifs affichés, celui de sensibiliser la population aux productions locales. Pour cela, un guide des producteurs des filières locales alimentaires a été édité pour la première fois en 2016. L’édition 2020 est aussi disponible en version numérique. 137 producteurs y sont recensés, représentant une multitude d’aliments variés et de boissons.

Bresse bourguignonne, questionnaires à remplir

Le Pays de la Bresse bourguignonne et l’association d’éducation à l’environnement CPIE Bresse du Jura rayonnent sur quatre communautés de communes, lesquelles regroupent 88 communes pour une population totale de 67.000 habitants.

Pour l’instant, le PAT en est au stade état des lieux. Ainsi, l’ensemble des producteurs et des professionnels de la restauration collective (RC) sont invités à répondre à un questionnaire. Les producteurs doivent notamment indiquer les débouchés actuels de leurs productions (auprès de coopératives, en vente directe, en grande et moyenne distribution, etc.), s’ils approvisionnent déjà la restauration collective, à quelle fréquence et selon quelle logistique (et sinon pourquoi), s’ils seraient intéressés et sous quelles conditions, etc. Idem, des ateliers participatifs permettront aux professionnels de la RC d’indiquer leurs besoins, les leviers et les freins potentiels.

Suivra ensuite une phase de projets pilotes en milieu scolaire notamment, avec accompagnement au changement et animation autour de l’éducation alimentaire. Des groupes de travail réunissant, dès que possible, les différents acteurs du territoire réfléchiront sur les façons d’améliorer les pratiques, avant de généraliser les circuits-courts pour toujours mieux accompagner la restauration collective dans cet approvisionnement-là.

Le PAT du Clunisois, autonomie visée

La communauté de communes du Clunisois (la CCC), ce sont 42 communes pour près de 14.500 habitants. Elle est déjà engagée dans ce type de démarches, avec notamment plusieurs programmes à destination des cantines scolaires, la mise en place d’un laboratoire de transformation alimentaire mutualisé et différentes mesures agroenvironnementales. Visant un maximum d’autonomie alimentaire, la CCC devra diversifier les productions de son territoire notamment en arboriculture et en maraichage (tout en tenant compte du maillage territorial au-delà des frontières de la CCC…).  

Le premier comité de pilotage du futur PAT s’est tenu en janvier dernier. Le projet doit se dérouler sur deux ans du 1er juin 2021, date de l’entrée en poste de l’animatrice PAT, au 31 mai 2023.

Les grandes étapes seront de formaliser d’ici septembre un diagnostic des nombreuses actions déjà entreprises sur le territoire et qui contribuent aux objectifs du PAT ; formaliser d’ici février 2022 un plan d’actions en lien avec ce diagnostic ; puis, d’ici mai 2023, mettre en œuvre des actions et en développer de nouvelles en fonction des sources de financement disponibles, mobiliser les acteurs, communiquer.

La volonté des acteurs locaux est de pouvoir mobiliser des actions en parallèle à ce travail "académique" de diagnostic et de plan d’actions, pour certains aspects de ce PAT déjà effectifs et opérationnels.

Le PAT du Grand Charolais, système grossiste

Le territoire du Grand Charolais, ce sont 44 communes et un peu plus de 40.000 habitants. 1,8 million de repas sont servis chaque année sur le territoire via la restauration collective.

Très marquée par l’agriculture et l’alimentation, cette communauté de communes compte plusieurs produits alimentaires sous signes de qualité, une identité forte et une activité très développée.

Pour le grand Charolais, ce PAT doit faciliter l’approvisionnement de la restauration collective locale en produits locaux, valoriser les circuits courts et lutter contre le gaspillage et la précarité alimentaire.

Parmi les axes principaux suivis par la comcom, celui de la création d’une structure locale de type grossiste permettant de gérer la logistique d’approvisionnement entre la production et la restauration collective et la mise en place d’une offre maraichère. Cela passerait notamment par la conversion d’exploitations ou de partie d’exploitation en maraichage, mais aussi par la mise en place d’un chantier d’insertion en maraichage.

Tout un ensemble d’actions sont également envisagées dans le cadre de la gestion des déchets alimentaires, entre les opportunités d’évitement et la valorisation de ces déchets.

Un site Internet est déjà opérationnel pour préparer l’après crise sanitaire et mettre dès à présent en relation les habitants de la Comcom et les commerçants, artisans, producteurs locaux, etc. 

Le Chalonnais : parmi les lauréats de l’appel à projets 2021

Le syndicat mixte du Chalonnais fait partie des lauréats de la première session 2021 de l’appel à projets national autour de ces PAT. Constitué de quatre intercommunalités, le syndicat mixte du Chalonnais réunit 137 communes pour près de 154.000 habitants.
L’objectif du PAT est de mobiliser l’ensemble des partenaires concernés (acteurs du monde agricole, de la restauration collective et des collectivités) autour de l’approvisionnement en produits agricoles locaux et de qualité des établissements scolaires du périmètre en question. À noter que les 11 lycées, 16 collèges et 120 écoles primaires et maternelles représentent près de 2,75 millions de repas servis chaque année.