L’arrêté abeille « condamne » le verger français

Après près de six mois de report, le Gouvernement a décidé de relancer les travaux sur le projet de Plan pollinisateurs. Un plan qui commence à faire réagir les arboriculteurs. 

 

L’arrêté abeille « condamne » le verger français

Le Gouvernement vient de relancer les travaux sur le projet de Plan pollinisateurs. Les organisations professionnelles ont ainsi pris récemment connaissance du projet d’évolution de la réglementation. Un point fait particulièrement réagir la filière arboricole. Ainsi l’Association nationale pommes-poires (ANPP) dénonce, concernant cet arrêté abeilles, « un arbitrage de dernière minute » qui fait apparaître aux côtés des « ‘cultures attractives en floraison’ la notion irréaliste de ‘zone de butinage’ ». C’est la définition retenue pour ces zones de butinage qui inquiète les arboriculteurs. On peut en effet lire dans le projet d’arrêté : « A l’exclusion des cultures en production, une zone de butinage est un espace agricole ou non agricole occupé par un groupement végétal cultivé ou spontané, qui présente un intérêt manifeste pour les abeilles ou d’autres insectes pollinisateurs du fait de la présence de fleurs ou d’exsudats. » Pour l’ANPP, cette définition est « incompréhensible et rend ce projet d’arrêté abeilles totalement inapplicable ». Les arboriculteurs craignent notamment que ce texte conduise à interdire toute protection des vergers.

Distorsion de concurrence

En effet, depuis de nombreuses années, les producteurs ont implanté des zones enherbées entre les rangs d’arbres. Elles permettent de protéger le sol et de favoriser la biodiversité, particulièrement la présence des auxiliaires des cultures, utiles pour la réduction de l’usage de pesticides. Intégrer ces zones enherbées dans l’arrêté abeilles « rend toute protection du verger impossible pendant le cycle de culture » précise l’association. L’ANPP « demande donc la suppression immédiate de la mention de « zone de butinage » avant publication du texte. L’arboriculture française ne peut pas être sacrifiée sur l’hôtel d’arbitrages opportunistes à l’approche des élections régionales ». De son côté, le Collectif Sauvons les Fruits et Légumes de France « alerte le gouvernement sur une mise en œuvre précipitée qui ne fait que rajouter de nouveaux handicaps à notre agriculture ». Comme l’ANPP, le Collectif considère que l’interdiction de traitement dans les zones de butinage « interdit quasiment à l'avenir tout traitement phytosanitaire sur un verger ». Le Collectif estime par ailleurs que les horaires de traitement imposés par ce nouvel arrêté (2h avant, et 3 h après le coucher du soleil) « sont totalement irréalistes au regard de la disponibilité salariale » et du matériel existant dans les exploitations. « Les producteurs français voient encore s’accroître la pression réglementaire sur leurs activités » conclut le Collectif. Par ailleurs, à la FNSEA on pointe l’absence de définition de la composition du Comité de suivi du plan ainsi qu’une absence de budget attribué à ce stade pour l’ensemble du plan. Le syndicat agricole regrette aussi que pour l’agriculture, seule la « Pac est mise en avant pour l’accompagnement des transitions ». L’un des points durs de cet arrêté est également la réévaluation de l’ensemble des produits face au risque pollinisateurs sous quatre ans, contre minimum 10 ans au niveau européen, ce qui ne manquera pas d’induire des distorsions de concurrence.