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Les céréaliers saluent le retour de l’agriculture productive

La crise ukrainienne a remis en lumière l’intérêt de produire plus de céréales pour renforcer la souveraineté alimentaire de l’Union européenne et la vocation exportatrice de la France. Pour autant, il n’est pas question de remettre en cause les objectifs de neutralité carbone de l’agriculture à l’horizon de 2050. La crise climatique est toujours là !

Les céréaliers saluent le retour de l’agriculture productive

Le 8 juin dernier, l’Association générale des producteurs de blé (AGPB) a tenu son congrès à Paris. Tout au long de la journée, la crise ukrainienne et ses conséquences géopolitiques et économiques étaient omniprésentes. Selon Sébastien Abis, directeur du Club Déméter, la crise en Ukraine s’ajoute à la crise du Covid, à la crise climatique et aux relations économiques tendues avec la Chine. L’AGPB se réjouit que la Commission européenne ait enfin compris qu’il faille revoir les moyens d’atteindre les objectifs de la stratégie Farm to Fork. Il n’est plus question que l’Union renonce à exporter ses émissions de gaz à effet de serre en produisant moins de céréales. Mais au contraire, d’en produire plus sans pour autant renoncer à l’objectif de neutralité carbone auquel aucun secteur économique n’échappera.

« L’agriculture productive est remise en lumière, pour autant, la crise climatique est là », a déclaré Éric Thirouin, le président de l’AGPB. Lors du dernier conseil européen, Ursula Von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a même évoqué l’idée d’accroître de 30 % la production de céréales européenne en deux ans.

Compétitivité et résilience

Les céréaliers de l’AGPB sont surpris par ce changement de cap mais ils sont prêts à relever, à leur niveau, ce défi même s’il leur paraît quelque peu démesuré. Tout d’abord parce qu’il faudra leur donner la possibilité d’avoir accès à toutes les innovations possibles, et aux new breeding techniques (NBT) en particulier. Les céréaliers devront aussi avoir les moyens de valoriser les crédits « carbone » qu’ils généreront en stockant du carbone organique dans leur sol. Le président de l’AGPB avance le chiffre de 80 € la tonne à l’horizon de 2030 (soit un chiffre d’affaires potentiel de 12.000 € pour une exploitation de 150 ha). « En fait, l’enjeu de la souveraineté alimentaire est aussi celui de la compétitivité et de la résilience », affirme Éric Thirouin.

Unanimité pour Farm

« La crise ukrainienne a remis la question de l’alimentation en haut de l’agenda européen », s’est réjouie Catherine Geslain-Lanéelle, directrice du programme Farm (Food and agriculture resilience mission) à la Commission européenne. Celui-ci a été lancé par le président Emmanuel Macron, dès le début des hostilités en Ukraine, pour rendre les marchés agricoles plus efficaces et transparents à l'échelle mondiale.

Le programme Farm fait « l’unanimité au sein du Copa-Cogeca » a rapporté Christiane Lambert, présidente de l’organisation européenne et de la FNSEA. Elle se réjouit qu’un des piliers de ce plan soit justement porté par les adhérents de l’AGPB qui n’aspirent qu’à produire plus de grains !