Comité ressource en eau
Réunion du comité départemental de la ressource en eau : présentation des nouveaux zonages

Florence Bouville
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Nouvelle réunion du comité départemental de la ressource en eau, le 14 juin, en présence d’experts météorologues, de divers conseillers et techniciens du territoire. La philosophie et les discours avancés par le préfet, Yves Séguy, ne changent pas : « inéluctablement, nous allons vers plus de contraintes ». Pour l’instant, seul le secteur hydrographique de l’Arconce et du Sornin passe en niveau d’alerte renforcée, les autres étant en situation d’alerte ou de vigilance.

Réunion du comité départemental de la ressource en eau : présentation des nouveaux zonages
Le comité départemental de la ressource en eau s'est réuni une nouvelle fois le 14 juin, et se réunira fréquemment tout au long de la période estivale.

Les pluies récentes ont été très localisées. Le mois de juin, à l’instar du mois du mai, demeure, jusqu’à présent, très déficitaire. D’après les données Météo France, depuis septembre 2022, le territoire a accumulé un déficit de précipitations d’environ 20 %. « Les pluies orageuses et torrentielles sont rarement très efficaces pour réhumidifier les sols », déclare l’expert Météo France. Deux scenarii se profilent quant aux prochains épisodes de pluie : des orages ou bien des "corps pluvieux" plus étendus et donc davantage favorables aux sols.

État des barrages, canaux, nappes…

Globalement, c’est une bonne nouvelle pour les retenues de la Loire, quelque peu inattendue, puisque les réserves ont, pour l’instant, été reconstituées. Si bien que le Comité de gestion des réservoirs de Naussac et Villerest et des étiages sévères (CGRNVES) a décidé de se réunir plus tard que prévu. Cette amélioration de la situation sur l’axe Loire-Allier est due aux pluies survenues en amont du bassin, ces dernières semaines. Le soutien à l’étiage n’est donc pas activé sur la Loire, qui présente actuellement un débit soutenu. Débit se situant au-dessus du seuil de vigilance. La situation diffère du côté de l’Arroux, elle reste toutefois satisfaisante pour les barrages-réservoirs de l’Autunois. Au niveau de celui de la Sorme (taux de remplissage de 88 % au 12 juin), le gestionnaire a surstocké l’eau pour compenser la vidange de la retenue de Saint-Sernin-du-Bois, pour cause de travaux. Même taux pour celui du Pont du Roi. Par ailleurs, l’état de la Saône a tendance à se dégrader, puisqu’en ce moment même, les débits mesurés à l’aval traduisent un niveau d’alerte. D’autres cours d’eau souffrent, comme la Guyotte (Bresse), qui est dans un état critique (source OFB).

Malgré la reprise de la navigation, les réserves actuelles du Canal du Centre sont légèrement supérieures à la moyenne. Néanmoins, elles sont en baisse depuis mi-avril.

Enfin, l’état des nappes phréatiques régionales est disparate. Même si, d’après le bulletin du Bureau des recherches géologiques et minières (BRGM), plusieurs piézomètres sont revenus à la normale, une grande partie des nappes restent déficitaires. C’est notamment le cas des nappes calcaires du Mâconnais. Le piézomètre de Replonges (dans l’Ain, touchant Mâcon), suivi par la DREAL, montre que le niveau actuel ne se situe qu’à onze centimètres du niveau historique le plus bas.

Classement des 8 zones hydrographiques

Jusqu’à présent, le zonage découlant des arrêtés préfectoraux était homogène : tout le territoire classé en situation de vigilance. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Pour rappel, les huit secteurs hydrographiques du département sont les suivants : Arroux-Morvan, Bourbince, Vallée de la Loire, Arconce et Sornin, Dheune, Grosne, Saône aval, Seille et Guyotte (voir la carte). Dans l’ordre croissant des niveaux, sont visibles en gris les trois zones restant en état de vigilance, en jaune les quatre bassins passant en état d’alerte. Enfin, en orange, le secteur de l’Arconce et du Sornin, placé, comme annoncé en introduction, en alerte renforcée, entraînant des restrictions d’usage.

« Les agriculteurs ont intégré cette forte contrainte »

Antoine Villard, conseiller grandes cultures à la chambre d’agriculture, a dressé un panorama des productions et cultures ayant le plus besoin d’eau. Sans surprise, les maraîchers ont dû beaucoup irriguer. Un peu plus rare, l’irrigation des blés en Val-de-Loire, ce qui n’était pas arrivé depuis longtemps. Concernant les cultures de printemps (maïs, soja), le recours à l’irrigation est imminent, d’ici quelques jours. En juillet et en août, les besoins ne feront que croître. « Les agriculteurs sont habitués à cette situation », souligne Antoine Villard. « Le 71 est assez vertueux », ajoute-t-il. Nouveauté dans les arrêtés sécheresse, l’intégration du maïs semence dans la liste des cultures sensibles. Ces cultures étant marquées par une perte quasi totale de rendement en absence d’irrigation. Afin de limiter l’impact sur les rendements, « les agriculteurs auront peut-être une fenêtre d’action suffisante », espère le préfet. Même si, encore une fois, « cela laisse place à beaucoup de conjonctures », poursuit-il.

Du côté des industries, aucun signal d’alerte n’a pour l’instant été donné. À noter que dans les prochains jours, l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse (RMC) va lancer un appel à projets portant sur les économies d’eau industrielles.

Si vous souhaitez suivre de plus près l’état des cours d’eau du territoire, l’observatoire national des étiages met toujours à disposition une cartographie.

Le Directeur départemental des territoires, Jean-Pierre Goron, prévient que le rythme des prochaines réunions se basera sur la quinzaine. Cela étant, bien sûr, amené à changer selon l’évolution de la situation.

Nouvelle infographie pour les restrictions d'usage

À la demande des élus, les services communication du Conseil départemental et de la DDT ont créé une infographie simple, illustrant et récapitulant les mesures de restriction, selon le degré de l’alerte. Les différentes plaquettes, réalisées autour de pictogrammes, ont déjà été envoyées aux collectivités qui les relaieront aux particuliers.

Questionnaire de l'ARS

L’Agence régionale de santé (ARS) propose un nouvel outil en ligne (type questionnaire), à destination des collectivités et de tous les exploitants d’eau potable. Le but étant de récolter les difficultés rencontrées, au cours de ces périodes complexes, et ainsi sonder les solutions mises en œuvre localement.