Commerce international
Voitures chinoises : des sanctions et des questions
Quelques semaines après la décision de Washington, Bruxelles a présenté les conclusions provisoires de son enquête anti-subventions sur les véhicules électriques chinois et va instaurer des droits compensateurs. Une nouvelle qui n’a pas été bien reçue par Pékin qui menace de représailles sur l’agriculture, au grand dam des représentants du secteur qui craignent une escalade des différends.
Après les États-Unis au mois de mai, la Commission européenne a annoncé le 12 juin qu’elle allait provisoirement imposer, à compter du 4 juillet, des droits compensateurs sur les véhicules électriques à batterie en provenance de Chine. En fonction, ces droits pourront aller de 17,4 % à 38,1 % et s’ajouteront au droit d’importation ordinaire de 10 % perçu sur les importations de véhicules électriques à batterie. Les conclusions préliminaires de l’enquête anti-subventions de l’UE indiquent notamment que l’ensemble de la chaîne de valeur des véhicules électriques chinois bénéficie fortement de subventions déloyales. Bruxelles précise que « l’afflux d’importations chinoises subventionnées à des prix artificiellement bas présente donc une menace de préjudice clairement prévisible et imminent pour l’industrie de l’UE ». S’ouvre à présent une phase de commentaires, où les entreprises échantillonnées peuvent uniquement se prononcer sur l’exactitude des calculs. La publication des résultats finaux de l’enquête doit avoir lieu au plus tard en novembre.
Inquiétudes agricoles
De son côté, la Chine met en avant une montée en flèche du protectionnisme de l’UE. En réaction, la Chambre de commerce chinoise auprès de l’UE (CCCEU) a publié le 12 juin un communiqué soulignant « son profond mécontentement et sa grande déception » vis-à-vis des mesures « politiquement motivée par le protectionnisme ». Le ministère chinois au Commerce, quant à lui, a remis en cause la base factuelle et juridique de l’enquête de l’UE, en particulier à l’égard de l’OMC. Exhortant l’UE « à corriger immédiatement ses pratiques erronées », le ministère ajoute que « la Chine suivra de près les progrès de l’Europe et prendra résolument toutes les mesures nécessaires pour défendre fermement les droits et intérêts légitimes des entreprises chinoises ». Il faut dire que Pékin a déjà menacé Bruxelles de contremesures sur son secteur agricole (vin, produits laitiers, porc, entre autres).
L’escalade, c’est la crainte plus spécifiquement exprimée sur le réseau social X (ex-Tweeter) par Ksenija Simovic, conseillère politique pour les organisations et coopératives agricoles de l’UE (Copa-Cogeca). « Le secteur agroalimentaire ne doit pas (une fois encore !) payer le prix de différends concernant d’autres secteurs », indique-t-elle. Sentiment partagé par Florent Morillon, président du Bureau national interprofessionnel du cognac (BNIC), qui réitère « sa plus vive inquiétude » alors que le secteur fait lui-même l’objet depuis le 5 janvier d’une enquête antidumping de la part de la Chine.
Des sanctions chinoises qui interviennent à la veille des élections législatives en France qui a vu une poussée du Rassemblement national qui veut sortir des traités de libres échanges, et même revoir les règles au sein de l’Union Européenne. Avant un potentiel retour de Donald Trump à la tête des États-Unis. L’ancien président des USA avait lourdement sanctionné les vins Français et Européens dans le conflit Airbus-Boeing. Ce dernier étant au plus mal suite aux incidents à répétition. De quoi rajouter de la crise à la crise de la mévente des vins en France (inflation, concurrences…) et ailleurs en raison de la déconsommation et de la désaffection des jeunes générations pour le divin breuvage.