Robot Ted
« Un nouveau collègue »

Cédric MICHELIN
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Le 2 juillet dernier à Rully, le Vinipôle Sud Bourgogne organisait une démonstration grandeur nature de désherbage sous le rang avec le robot autonome Ted. Sur la parcelle d’essai de la chambre d’Agriculture, malgré un sol détrempé et comme partout, rempli d’adventices, Ted a parfaitement réussi à désherber sans blesser les pieds de vigne.

« Un nouveau collègue »

Dans les vignes avoisinantes et dans tous le vignoble de la Côte Chalonnaise, la priorité le 2 juillet était clairement à renouveler la protection contre les maladies sanitaires. Les céréaliers, eux, profitaient d’une brève éclaircie pour moissonner quelques parcelles d’orges.
Les quelques vignerons présents avaient donc tout loisir de poser leurs questions à la société Granday (groupe Ouvrard ; représentant la marque New Holland) distribuant ce robot de la société Naïo technologies ainsi qu’aux techniciens du Vinipôle Sud Bourgogne.
Ce robot électrique autonome de près de deux tonnes, en raison des batteries principalement lui assurant une autonomie proche des 6-8 h (selon topographie…), était ici équipé de deux charrues décavaillonneuses de la marque Souslikoff. Seulement équipé d’un GPS RTK très précis (à 2 cm près), Ted peut désherber sous le rang une parcelle entière ou des rangs dispersés selon la programmation prédéfinie avec une cartographie. Une télécommande permet à tout moment d’en reprendre le contrôle, notamment en cas d’obstacle, puisque le robot n’est pas équipé de capteur de présence ou autre radar (lidar...). Le robot naviguait ainsi à une vitesse de 1,2 km/h. Régulièrement, dans les tournières ou chaintres (demi-tour nécessitant 5,5 m), les techniciens grattaient la terre se collant aux dents. Les conditions étant relativement difficile avec du désherbage de rattrapage. « Le résultat était cependant nickel » dans ces vignes étroites, saluait Guillaume Paire, le responsable du Vitilab, et technicien au Service Vigne & vin de la chambre d’Agriculture. À Lugny, lors d’un précédent essai, Ted était équipé de 3 modèles différents d’interceps, s'installant sur une perche standard, et avait pu travailler à une vitesse de 5 km/h.
Renseignement pris auprès de Gabriel Jondeau, commercial chez Granday, « le robot vaut 150.000 € nu. Ses batteries sont vendues et comprises avec et sont garanties pendant 4.000 cycles de recharge pour une pleine recharge. Cette dernière permet 6 à 8 h de travail, soit des batteries garanties entre 24.000 et 32.000 h de travail. De quoi comparer avec la durée de vie d’un enjambeur thermique ». Avec beaucoup moins d’hydraulique et d’entretien normalement. Le Vinipôle Sud Bourgogne vérifie actuellement les performances économiques et analyse les coûts techniques pour différents travaux.


Une autre façon de travailler

N’allez cependant pas croire qu’il est parfaitement autonome. « Aujourd’hui, la législation ne le permet pas encore. Nos technologies sont prêtes mais un seul accident mettrait toute la filière à l’arrêt. On avance donc par étapes », explique Romain Ducharme, référent technique chez Naïo technologies. Les Domaines ou Maisons s’équipant actuellement de robots doivent donc constamment le garder sous surveillance humaine directe et être capable d’en reprendre le contrôle à tout moment.
Le robot Ted peut être utilisé en individuel ou via un collectif de viticulteurs, imagine déjà Granday, distributeur exclusif sur la Saône-et-Loire. « Nous préconisons Ted pour compléter, pour aider mais pas pour remplacer un enjambeur ». Les experts prédisent que 30 % des vignerons prévoient de s’équiper dans les cinq prochaines années. Ce qui faisait dire à l’ancien élu chambre d’Agriculture pour le collège salarié, Michel Bonnotte, « ce n’est pas un concurrent, c’est un nouveau collègue et une autre façon de travailler. Il ne faut surtout pas en avoir peur », même si cela ne l’empêche pas de se poser des questions. « On est en phase de tests, le confronter aux terrains et nous diffuserons nos résultats avec notre avis et différents axes de perfectionnement possible », anticipe Guillaume Paire. Mais clairement, les robots en viticulture – à l’instar des éleveurs laitiers (robot de traite…) ou allaitant (racleurs…) – ne sont « plus un fantasme mais une réalité, une autre façon de travailler ». La pause casse-croute risque juste d’être plus calme avec Ted…