Des applications possibles de la blockchain en agriculture

Publié par Cédric Michelin
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Le développement de la technologie « blockchain », qui permet de sécuriser de façon innovante des bases de données et la transmission d’information sur internet, pourrait avoir des applications en agriculture, notamment dans le domaine de la traçabilité.

Des applications possibles de la blockchain en agriculture

Définie comme « une méthode ouverte et sécurisée de stockage et de distribution d’informations, qui fonctionne sans serveur central », la technologie blockchain a suscité de nombreux espoirs ces dernières années, dans des domaines divers, le plus emblématique étant celui des cryptomonnaies. La promesse d’assurer la confiance des utilisateurs par le biais d’un fonctionnement en réseau, partagé et décentralisé, et rendant superflu le rôle traditionnel d’un tiers de confiance, est en effet alléchante. Une note du Centre d’études et de prospective du ministère de l’Agriculture, publiée en juillet, évoque les applications possibles de la technologie blockchain en agriculture et alimentation. « Outil fondamental de désintermédiation, la blockchain réduit les coûts et fluidifie les échanges, ce qui ouvre un large éventail d’utilisations pour les secteurs agricole et agroalimentaire », indique le centre d’études et de prospective.

Ce dernier cite plusieurs domaines d’application, par exemple les « contrats intelligents » qui permettent aux utilisateurs de programmer à l’avance l’exécution d’une transaction de façon automatique, en fonction de critères prédéfinis. Par exemple, cela pourrait permettre le versement automatique d’une indemnité d’assurance récolte après vérification photographique envoyée par smartphone. La facilitation des transactions pourrait, par ailleurs, trouver une application pour les certificats sanitaires et phytosanitaires dans les échanges internationaux. Certains pays travaillent, eux, sur la mise en place de registres cadastraux pour pallier les défaillances des registres foncier, c’est notamment le cas du Rwanda et du Honduras.

Un potentiel important en matière de traçabilité

Autre possibilité d’application de la blockchain, en réponse à une forte demande sociétale, la traçabilité le long des chaines d’approvisionnement. En France, le groupe Carrefour a effectué un premier essai en 2018 pour le poulet fermier d’Auvergne. Dans une volonté d’augmenter progressivement le nombre de ses produits certifiés par cette technologie, Carrefour a ensuite annoncé rejoindre IBM Food Trust, un consortium qui regroupe de grands acteurs du secteur agroalimentaire et de la distribution, comme Nestlé, Unilever, etc., pour partager des informations sur leurs produits. En dépit des avantages de la blockchain, plusieurs limites demeurent. Par exemple, concernant les transactions, la blockchain ne peut pas rivaliser avec le rythme des transactions des systèmes type cartes de crédit, qui peuvent réaliser 2.000 transactions par seconde contre 7 pour le système blockchain. En outre, le système est, du fait des importants calculs à réaliser par les ordinateurs, très consommateur d’énergie, ce qui le rend peu écologique pour l’instant.

Dans le domaine agricole, une limite demeure également par la nécessité de maintenir un lien avec le monde physique. Car si la blockchain garantit l’intégrité des données des registres, elle ne peut pas promettre la véracité de ce qui y est introduit. Le risque de fraudes reste donc présent, même s’il est réduit. Enfin, le coût de coordination des acteurs, pour passer d’une multitude de petits projets pilotes à une organisation à plus grande échelle, est également un frein. En attendant, les Etats doivent être vigilants pour anticiper les bouleversements que la technologie blockchain pourrait provoquer, notamment sur les marchés. Au sein de l’administration publique, l’utilisation des blockchains finira par poser des questions inédites, transformant par exemple les approches traditionnelles en matière de contrôle, d’audit, de certification, de normalisation voire d’évaluation de politiques publiques, indiquent les auteurs de la note.