Concours national Mouton Charollais
Entre espoirs et inquiétudes…

Marc Labille
-

Début août, le concours national de Moutons Charollais a rassemblé plus de 800 ovins reproducteurs. Dans un contexte de sécheresse, de coronavirus et de retour du loup, c’est une ambiance un peu particulière qui régnait à Charolles. Retour.

Entre espoirs et inquiétudes…
Pas moins de sept prix de championnat ont été remportés cette année par le Gaec Berland. L’élevage de Viry ajoutait cette année le trophée viande à son prestigieux palmarès.

Les 6 et 7 août derniers se tenait à Charolles le 58e concours national de Moutons Charollais. Dans le contexte sanitaire lié au Covid-19, avoir pu maintenir ce rendez-vous incontournable était un soulagement pour tous les éleveurs attachés à la race. Moyennant le port de masques et quelques aménagements, la manifestation s’est déroulée sans encombre. Il y avait même davantage d’animaux et d’exposants qu’en 2019 : 685 moutons charollais présentés par 45 éleveurs côté cases. En comptant les animaux des ventes aux enchères, on atteignait même plus de 800 ovins. L’annulation d’un certain nombre de foires explique probablement une partie de cette hausse de participation. Mais les organisateurs relèvent aussi la présence de nouveaux adhérents et de jeunes éleveurs. Un signe très encourageant, s’enthousiasmaient-ils.

La relève assurée

D’ailleurs, profitant de ce national, un groupe de jeunes éleveurs de moutons charollais ont annoncé leur volonté de se fédérer. Sous la houlette d’Amandine Fénéon, ce collectif convivial se veut « force de proposition » pour l’OS Mouton Charollais. À l’instar de l’Ajec en bovins, une section « jeune » devrait voir le jour au concours national 2021. Pour les responsables de l’OS, cette initiative est avant tout l’assurance d’une relève. Car il y aura besoin d’installer de nouveaux éleveurs pour assurer la suite du Mouton Charollais. Et alors que « les effectifs de brebis se maintiennent, que tous les voyants semblent au vert, c’est une bonne nouvelle que des jeunes passionnés veuillent nous rejoindre », confiait le président Pascal Chaponneau.

Peu de public…

Mobilisés, les amoureux du mouton charollais l’étaient assurément. D’ailleurs, sous une chaleur écrasante et avec des contraintes supplémentaires liées au coronavirus, les bénévoles de l’OS ont dû accomplir « un travail de fou pour préparer le site et le rendre propre dès le lendemain », confiait la directrice Aline Bonnot. Dommage que la fréquentation n’ait pas été à la hauteur d’une telle implication, regrettait-on. Est-ce la crainte du Covid-19, la canicule, la sécheresse ? Toujours est-il que le rassemblement n’a pas dépassé le cercle des professionnels et même du petit monde de la sélection charollaise. En dépit de cela, des ventes ont eu lieu dans une ambiance plutôt bonne, rapportait Pascal Chaponneau. Environ 80 béliers ont été commercialisés dans les cases et plus de la moitié des agnelles sélectionnées ont trouvé preneurs. Quant aux ventes aux enchères (lire encadré), celle des agneaux de station était un peu décevante tandis que la petite vente a remporté un beau succès.

Cohabitation impossible

Si la sécheresse devient presqu’une habitude en ces temps dérégulés, qui aurait imaginé quelques décennies en arrière que le thème du 58e concours national serait la présence avérée du loup en Saône-et-Loire ? Plusieurs éleveurs-sélectionneurs de moutons charollais figurent en effet parmi les victimes des dernières semaines. « Ensemble, trouvons une solution face au loup ! », tel était le message que les organisateurs avaient tenu à afficher aux murs du parc des expositions. Message entendu par les élus présents qui ont tous été dans le sens de la profession. Mais le chemin risque d’être long pour porter la voix du bon sens jusqu’en haut lieu… « Au niveau national, il faut espérer qu’ils comprennent que la cohabitation du loup avec nos petites troupes de moutons est impossible », confiait Pascal Chaponneau. Pour l’OS Mouton Charollais, ce prédateur tombe bien mal alors que l’avenir de la race repose sur l’installation de jeunes. Il y a aussi la question de l’indemnisation des reproducteurs inscrits dont le coût et la valeur génétique ne sont pas les mêmes que pour un animal standard… Autant de connaissances et de subtilités qui vont nécessiter beaucoup d’argumentation et d’énergie pour les défendre auprès des autorités.

 

Une vente de station un peu décevante
L’agneau le plus cher de la vente aux enchères de station a été adjugé en ligne 2.140 €.

Une vente de station un peu décevante

Chaque année, le concours national se prolonge par la vente aux enchères des agneaux issus de la station de contrôle individuel de Palinges. 75 jeunes béliers étaient proposés à la vente cette année. 64 % ont trouvé preneurs en plus des 14 sélectionnés pour le testage boucher. Le prix moyen était de 717 €. Ces résultats sont moins bons qu’en 2019 où le taux de vente avait dépassé 80 % et la moyenne de prix plus de 800 €. Sans doute était-ce la conséquence d’un lot d’agneaux un peu inférieur aux autres millésimes du fait de « davantage de variabilité génétique à l’entrée ; une période de contrôle perturbée par le microbisme, la météo… », évoquait la directrice Aline Bonnot. « Entre le recrutement de printemps et la vente, les animaux ont le temps d’évoluer et les résultats peuvent décevoir », ajoutait Pascal Chaponneau. En dépit de cela, quelques animaux ont été adjugés à plus de mille euros et l’un d’entre-eux à même atteint la somme de 2.140 €. Né dans l’élevage Bonnot de Champlecy, ce bélier a été acheté en ligne par un Irlandais. Quatre agneaux ont été vendus par ce nouveau procédé à distance à des acheteurs anglais, irlandais et suisse. Une possibilité permise par la Sicafome de Moulins-Engilbert et qui a été appréciée. Ce mode de vente en ligne sera repris dans les années futures, assuraient les responsables de l’OS.

La vente de station était suivie d’une petite vente aux enchères d’agneaux triés sur le volet. Quelques jours avant le national, une quinzaine de sujets avaient été sélectionnés parmi 50 agneaux d’élite. Ils ont presque tous trouvé preneur et l’un d’eux a même atteint 2.330 €.

Palmarès

Prix de championnat femelles : Gaec Berland Luc et Denis, Viry.

Rappel de championnat femelles : Gaec Berland Luc et Denis, Viry.

Prix de championnat mâles : Sébastien Jeannin (21).

Prix de championnat agneaux : Gaec Berland Luc et Denis, Viry.

Prix de championnat agnelles : Gaec Berland Luc et Denis, Viry.

Prix du meilleur agneau : EARL de l’élevage Bonnot, Champlecy.

Champion station : Bertrand Bourdeau (16).

Trophée viande : Gaec Berland Luc et Denis, Viry.

Prix d’ensemble : 1er Gaec Berland Luc et Denis, Viry ; 2e Gaec de Champagny, Champagny-sous-Uxelles ; 3e Gaec Berland Luc et Denis, Viry.

Prix de famille : Étienne Debarnot, Charolles.

Challenge génétique : 1er Gaec du Moulin de Jonchery (21).