Vendanges des crémant
Historiquement précoces

Françoise Thomas
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Débutées le mercredi 12 août dans certains secteurs du département, les vendanges de crémant n’ont jamais été aussi précoces. C’est tout simplement du jamais vu…

Historiquement précoces
Les grappes sont cette année particulièrement petites...

« Même en 2003, année de référence en matière de précocité, nous avions débuté autour du 16-17 août, mais certes en retard, car nous nous étions laissé surprendre », se rappelle Édouard Cassanet le directeur de la cave de Lugny dans le Mâconnais.
Car il y a malgré tout une différence avec 2003 : « cette année, nous étions préparés, ainsi les vendanges sont précoces mais elles vont se dérouler dans de bonnes conditions », poursuit le représentant de Lugny. Les viticulteurs n’ont pas été pris de cours et vendangent au bon moment, avec un bon équilibre sucre acide. « Il faut démarrer maintenant pour ne pas subir une évolution trop rapide de la maturité ».
Agnès Vitteaut estimait elle aussi le 13 août qu’« il faut y aller ! ». La gérante du Domaine Vitteaut Alberti en côte chalonnaise constatait cependant « des situations très disparates selon les parcelles, avec un raisin qui a eu du mal à mûrir de façon homogène ». Agnès Vitteaut constate ainsi encore beaucoup d’acidité : « l’acidité descend moins vite que le sucre augmente, mais il vaut mieux vendanger maintenant, plutôt que de risquer d’avoir trop de sucre car désormais les sucres vont monter très rapidement ». Ainsi du côté de Rully, les vendanges ont également débuté ce week-end du 15 août.

« Pas la récolte espérée »

La sécheresse va par ailleurs se faire ressentir sur la quantité. « Il y a encore quelques semaines, nous étions confiants : il y avait des grappes en nombre, nous laissant espérer une récolte digne de 2018, année record en termes de volume », souligne Agnès Vitteaut. Malheureusement, les semaines passant et le sec et l’absence de pluie se constatant, les grains n’ont pas grossi comme il aurait fallu. « Nous serons donc sur une année normale, voire pour certaines parcelles en-dessous de la moyenne », prévoit aujourd’hui Agnès Vitteaut. « Une quantité difficile à estimer », relate aussi de son côté Édouard Cassanet qui espère encore un peu de pluie pour tenter de rattraper le déficit. « S’il n’y a vraiment pas de pluie, il y a un risque de manque, mais il ne faut pas s’alarmer et s’estimer content de démarrer les vendanges dans le bon timing. À cette période de l’année, l’évolution est rapide et demande beaucoup de suivi et de réactivité ».

Pas tout négatif

En revanche, en parallèle au changement climatique qui vient bousculer le calendrier habituel, la crise sanitaire actuelle apporte un aspect positif inattendu. Si depuis des années, le recrutement des vendangeurs devenait de plus en plus un casse-tête, cette année, tout est plus simple. « Entre cette vendange précoce en plein mois d’août et le fait que de nombreux jeunes notamment n’ont pas pu trouver de petits boulots ou de stage, nous avons pu recruter sans difficulté nos équipes de vendangeurs », souligne Édouard Cassanet, « nous avons même des listes d’attente ».

Ainsi, si les crémant ont ouvert le bal des vendanges, doivent suivre aux alentours du 20 août, les pinots des bourgogne rouge, eux aussi très précoces…