Objectif diversification
Moutarde cherche terrain

Françoise Thomas
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Forte de son succès en termes de débouchés mais victime des conditions climatiques et des attaques d’insecte, la filière moutarde régionale recherche de nouveaux terrains où s’implanter pour pouvoir tout simplement perdurer. La Saône-et-Loire représente plus que jamais une terre de salut pour cette production bourguignonne par excellence. L’association des producteurs de graine de moutarde de Bourgogne, l’APGMB, lance un appel.

Moutarde cherche terrain
La filière moutarde a des besoins importants en termes de surfaces cultivées...

Relancée il y a 25 ans grâce à la volonté de l’ensemble des acteurs, des producteurs aux transformateurs, après avoir été à la limite de la disparition, la filière moutarde bourguignonne connait actuellement une nouvelle phase difficile.
« Au meilleur des années, les producteurs bourguignons ont pu fournir jusqu’à 35 % des besoins des cinq principaux industriels du secteur, rappelle Fabrice Genin, le président de l’APGMB. Depuis trois ans, nous peinons à fournir 15 % de ces volumes… ».
En cause, la pression des insectes, grosses altises et méligèthes, qui impacte fortement ces dernières années les producteurs de Côte-d’Or et de l’Yonne aggravée par des conditions climatiques qui mettent à mal les cycles végétatifs. « Nous nous mettons d’accord avec les industriels en amont sur les surfaces dont ils ont besoin, mais au final nos rendements ne répondent plus à la commande ».
Dans ce cercle infernal, les surfaces semées se réduisent d’année en année : « au plus fort, nous avions 6.000 hectares de culture de moutarde. Aujourd’hui, nous en comptons moins de 2.000 », se désole le président de l’association.

Et pourtant le produit plait

Une situation d’autant plus dommageable que « le secteur est très porteur ». Grâce à leur implication et à leur motivation, les professionnels de la filière ont progressivement convaincu les industriels de les suivre et les soutenir dans la promotion de cette moutarde made in Bourgogne. Un retour aux sources qui séduit de toute façon les consommateurs de plus en plus friands et rassurés par ces denrées garanties 100 % françaises.
« Il est à craindre que les industriels soient à nouveau contraints de se tourner exclusivement vers la moutarde canadienne ou d’aller produire dans d’autres régions que la nôtre, alerte Fabrice Genin. Ce serait vraiment dommage, pour une fois que les industriels sont encore présents en région… »

Plusieurs arguments

Aussi, l’APGMB espère convaincre un maximum de producteurs saône-et-loiriens de tenter l’aventure moutarde.
« Parmi les principaux avantages, celui d’un débouché garanti. Les prix sont fixés avant l’implantation et le principe est, qu’en conditions normales, la moutarde soit plus rentable que le colza ».
À savoir, des prix pratiqués de 950 € sur les 12 premiers quintaux, puis 650 € sur les suivants.
« L’un des avantages de la moutarde est que les dates de semis sont légèrement décalées par rapport à celles du colza, ainsi on peut l’implanter du 25 septembre jusqu’au 15 octobre », poursuit Fabrice Genin. Ce qui pourrait représenter une solution pour ceux qui n’auront pu semer leur colza compte tenu de conditions trop sèches…
« Les variétés à semer sont imposées car décidées en accord avec les industriels en fonction de leurs attentes ». Actuellement, il s’agit d’un mélange de variétés permettant de gérer au mieux les conditions climatiques.
Enfin, il y a un dernier atout en faveur de l’implantation de moutarde dans le département : « historiquement les plus gros rendements ont toujours été en Saône-et-Loire, rappelle le président de l’APGMB. Si les volumes baissent ici comme partout ailleurs, ils demeurent les meilleurs ».
Ainsi à côté de la diversification de culture que la moutarde représente, la promotion et surtout la contribution à la préservation d’un produit et d’un savoir-faire local représente un ultime argument.