Influenza aviaire
Des vaccins en tests dans cinq pays européens

Au-delà des canards en France, quatre autres États membres testent des vaccins contre l’influenza en poulets, poules pondeuses, dindes et oies, a annoncé la filière volailles au Space le 14 septembre.

Des vaccins en tests dans cinq pays européens
Le Ministère de la Santé invite tous les éleveurs à se faire vacciner contre la grippe humaine cet hiver, pour éviter tout croisement entre les virus de la grippe humaine et de la grippe aviaire.

Les tests de vaccins contre l‘influenza aviaire mobilisent la France pour les canards, la Belgique et les Pays-Bas pour les poulets et poules pondeuses, l’Italie pour les dindes et la Hongrie pour l’oie, sous coordination des instances sanitaires européennes. Ce sont des vaccins sans autorisation de mise en marché sur le sol européen. L’annonce a été faite durant le Space de Rennes par les comités volailles spécialisés, lors d’un point presse organisé conjointement par l’interprofession Anvol (volailles de chair) et la Fia (industries avicoles). Il y a un an, « les organisations de producteurs ne voulaient pas entendre parler de vaccination », rappelle Paul Lopez, président de la FIA. Mais l’ampleur de cette épizootie – 2.400 foyers d’IAHP détectés dans l’UE-26 entre novembre 2021 et juin 2022, 46 millions de volailles abattues, dont 37 % en France et 33 % en Italie (source Efsa) – a radicalement changé la donne. Même les États-Unis et l’Afrique sont touchés par le virus. Ce n’est plus « une épizootie, mais une panzootie », souligne Maxime Quentin, directeur scientifique de l’Itavi (institut technique).

Pas de vaccination avant l’hiver 2024

Les travaux en cours consistent à évaluer les excrétions virales, à travailler sur le R0 (taux de reproduction du virus) avant d’imaginer une stratégie efficace. Il y a encore beaucoup de travail à réaliser et personne ne peut prédire quand interviendra la fin des essais. « La Commission européenne n’envisage pas de démarrer la vaccination des volailles avant l’hiver 2024 », poursuit Paul Lopez. Comment alors se préparer aux prochains hivers, ceux de 2022-2023 et 2023-2024 ?

Dès à présent en France, c’est le canard qui paie le prix fort de l’épizootie. Selon les estimations de l’Itavi, communiquées lors d’une conférence au Space mercredi 14 septembre, la production de canards à rôtir devrait chuter de 32,7 % fin 2022 par rapport à fin 2021, et celle de canards gras de 39,5 %. Les œufs résistent mieux avec un recul attendu de 7 %, le poulet de 4,4 %. Plus grave, des outils de sélection et de reproduction sont également touchés, ce qui retarde le démarrage de la production.

Sur les marchés, on assiste déjà à une augmentation des importations (la moitié de la consommation de poulets par exemple). Lorsqu’elle sera pleinement opérationnelle, la vaccination constituera sans conteste un outil de lutte contre le virus, en complément des mesures de biosécurité et de surveillance. Mais cette stratégie aura un coût : celui des vaccins et des tests virologiques et de surveillance qu’il faudra mettre en place, sans oublier le risque d’arrêt de certaines exportations. L’interprofession prévoit de prendre la parole à l’automne sur le sujet. Quant à l’acceptation de la vaccination par les consommateurs, elle nécessitera aussi des larges explications.

L'influenza présent dans la faune locale

Lors de la dernière session de la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire à Jalogny le 15 septembre, le responsable de l’aviculture, Louis Accary, a rappelé les difficultés qui s’abattent sur la deuxième production de viandes dans le département. « Nous avons de grosses inquiétudes avec les coûts de production qui flambent et nous avons aussi de fortes inquiétudes sanitaires depuis le cas d’influenza en août dans l’Ain. Le virus a été repéré sur la faune sauvage locale, ce qui veut dire que la maladie s’est installée sur des oiseaux de chez nous ». Autant dire que l’heure est grave si cette épidémie venait à s’étendre et contaminer les élevages proches, avant même la période migratoire.
Et ce n’est malheureusement pas fini. 2022 a vu une augmentation des importations « très importantes », faisant qu’aujourd’hui en France, 50 % des poulets consommés en France sont d’origine étrangère. À cela viennent se greffer des « difficultés pour construire des bâtiments avec le PCAE géré par la Région qui, pour des raisons idéologiques, ne veut plus financer de production standard. Pourtant 80 % de la consommation en Saône-et-Loire est du standard ! », ukrainien ou étranger maintenant très souvent.
Enfin, à ce tableau déjà noir, les difficultés d’approvisionnement en poussins et en canetons se font désormais sentir après les abattages dans l’ouest de la France pour lutter contre l’influenza. « Et les accouvoirs qui fournissent encore proposent des poussins de moindre qualité, qui produiront moins bien. La rentabilité des élevages avicoles va être secouée », craint déjà Louis Accary.