EXCLU WEB/ Quand les ministres européens se penchent sur la sécurité alimentaire

Réunis à Prague, les 14, 15 et 16 septembre, les ministres de l’Agriculture ont évoqué les voies et moyens d’améliorer la sécurité alimentaire redevenue une préoccupation importante en raison de la guerre en Ukraine et du changement climatique.

EXCLU WEB/ Quand les ministres européens se penchent sur la sécurité alimentaire

Du 10 au 16 septembre, les ministres de l’Agriculture des Vingt-sept se sont retrouvés à Prague, dans le cadre d’une réunion informelle, présidée par le ministre de l’Agriculture tchèque, Zdenek Nekuda. Ils ont surtout débattu de la sécurité alimentaire en Europe, un sujet devenu particulièrement prégnant depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine et le changement climatique, notamment à cause des sécheresses qui se succèdent à un rythme plus rapide et qui impactent le volume des récoltes.

La Commission européenne a déjà adopté une série de mesures pour aider les agriculteurs à faire face aux effets de la guerre russo-ukrainienne. Il s’agit essentiellement des dérogations accordées en 2022 et 2023 aux règles de rotation des cultures et de l’utilisation des jachères afin de stimuler la production en Europe. Mais les ministres n’entendent pas en rester là. La présidence tchèque avait inscrit à l’ordre du jour les nouvelles techniques de sélection génomique (NBT). Le sujet a été abordé au cours d’une présentation d’universitaires et de scientifiques tchèques et notamment de Roman Hobza, le directeur du Département de génétique du développement des plantes à l’Institut de biophysique de l’Académie tchèque des sciences qui avait été sollicité pour présenter : « les nouvelles techniques génomiques en tant qu’outil innovant pour le secteur agroalimentaire européen, leur potentiel et les limites de leur utilisation pratique ». Sur ce dossier, la Commission européenne souhaite avancer. Elle devrait présenter une proposition législative au premier semestre 2023. L’idée selon laquelle les NBT et les autres innovations scientifiques constituent un réel potentiel pour améliorer la résilience des agriculteurs face au changement climatique, notamment la sécheresse, fait son chemin.

Un enjeu planétaire

D’ailleurs sur ce sujet du changement climatique, les ministres de l’Agriculture ont entendu une communication de Miroslav Trnka, expert au département des impacts du changement climatique sur les agrosystèmes à l’Académie tchèque des sciences. Il a ainsi expliqué, à travers l’exemple du blé dont les rendements plafonnent depuis une vingtaine d’années, que l’augmentation des risques météorologiques extrêmes et le changement climatique diminuent la résilience des plantes.

À l’ordre du jour également, l’augmentation du prix des engrais. La Commission européenne a déjà proposé, en juillet dernier, de suspendre les droits de douane sur intrants utilisés pour la fabrication des engrais azotés jusqu’à la fin 2024. L’objectif étant de contribuer à alléger les coûts des producteurs d’engrais et donc celui des agriculteurs, dans un contexte de guerre en Ukraine.

Avant de se séparer le 16 septembre, les ministres avaient invité à débattre le ministre ukrainien de la politique agraire et de l’alimentation, Mykola Solskyi, sur les enjeux de la sécurité alimentaire, en Europe et dans le monde pour évaluer dans quelle mesure l’agriculture et l’industrie alimentaire européennes peuvent y contribuer.