EXCLU WEB / Sans agriculteurs, pas de biofioul

Christophe Soulard
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La Fédération française des combustibles, carburants et chauffage (FF3C) organisait le 15 septembre une conférence de presse sur la mise en place du biofioul. Quand les agriculteurs participent à la transition énergétique et à la réduction des gaz à effet de serre.

EXCLU WEB / Sans agriculteurs, pas de biofioul

Depuis le 1er juillet dernier, toutes les nouvelles chaudières doivent être écologiquement vertueuses. Les nouveaux modèles mis en place sur le marché ne peuvent donc plus fonctionner au fioul domestique et doivent utiliser du biofioul. Ce combustible vient directement des champs et de l’agriculture, a en substance rappelé Guillaume Chartier, membre du bureau de Fédération française des producteurs d’oléagineux et protéagineux (FOP). Le biofioul est fabriqué à partir d’une partie du million d’hectares de colza semés par environ 100 000 producteurs. De quoi asseoir une partie de la souveraineté énergétique… « Environ un tiers du volume de graines récoltées part à l’alimentation humaine sous forme d’huile et les 2/3 restant sont transformés par les industriels, en particulier en biocarburant, biofioul etc. », a-t-il indiqué. Quant aux tourteaux, ils servent à l’alimentation animale. « Aujourd’hui il existe 300 points de ventes à travers la France en mesure de distribuer le biofioul F30, c’est-à-dire contenant 30 % d’ester méthylique de colza (EMC) », a précisé Éric Layly, président de la Fédération française des combustibles, carburants et chauffage (FF3C). Il est aussi possible de réaliser du biofioul à partir du tournesol. D’ailleurs, de nombreux carburants diesel incorporent aujourd’hui ces esters méthyliques d’acides gras (EMAG) à l’image du gazole B7 commercial.

 

Modèle français en pointe

 

Les débouchés pour du biocombustible liquide F30 est réel. En France, ce ne sont pas moins de 3 millions de résidences principales qui se chauffent au fioul domestique, soit environ 10 millions de personnes. Le parc des chaudières devrait se renouveler à hauteur de 40 000 unités par an. « Mais il est possible d’adapter son ancienne chaudière en changeant le brûleur pour environ 1000 euros et réduire les GES d’environ 30 % et la consommation d’autant. Ce qui permet de gommer le surcoût lié à l’usage du biofioul », souligne Frédéric Plan, délégué général de la FF3C. Surtout, les consommateurs sont prêts à franchir le pas même si le prix de ce biocombustible liquide est de 5 à 15 % plus cher que le fioul domestique (lire encadré).« Dans le cadre du projet de loi de finances 2023, nous allons demander aux parlementaires un coup de pouce fiscal sur la part bio du fioul afin de gommer l’écart de prix entre fioul et biofioul », a déclaré Éric Layly,

Preuve que le modèle français est en pointe : « Tous nos voisins regardent la France et tentent de s’en inspirer à l’image de la Finlande, de la Belgique, de l’Allemagne et des États-Unis. Les Américains travaillent d’ailleurs sur des chaudières 100% biofioul »,, assure Sandrine Devos, déléguée générale d’Eurofuel, association des acteurs européens du fioul et des combustibles liquides pour le chauffage domestique. « La démarche française est tout à fait cohérente avec les ambitions européennes », en termes de stratégie bas carbone. Enfin la FF3C envisage la commercialisation du F55 (55% EMC) d’ici 2028 et le F100 à l’horizon 2032-2035. « Les brûleurs actuels sont déjà compatibles », certifie Frédéric Plan.

Les Français tout à fait prêts

Selon un sondage réalisé en juillet 2022 par OpinionWay pour le compte de FF3C, une très large majorité (96 %) de Français plébiscite le chauffage au fioul pour le confort (chaleur, efficacité, bonne gestion de la consommation) qu’il procure. S’ils sont 80 % à déclarer qu’ils pourraient opter pour ce produit en replacement du fioul domestique. Plus de la moitié des répondants (51%) affirment qu’ils pourraient faire adapter leur chaudière pour pouvoir utiliser du biofioul 30.