FILIÈRE PORCINE
Bigard quitte le Marché du porc breton

D’ici quelques semaines, l’abattoir Abera (groupe Bigard) cessera ses achats au Marché du porc breton (MPB). Une décision dénoncée par les éleveurs dans un contexte d’affaiblissement de la filière.

Bigard quitte le Marché du porc breton
L'abattoir Abera va cesser de s'approvisionner au Marche du porc breton, a annoncé le groupe Bigard. ©Paysan breton

« Le 18 août 2023, Bigard a communiqué par courrier son intention de quitter le Marché du porc breton (MPB) », indique le Paysan breton sur son site web le 8 septembre. Comme le précisent nos confrères, c’est précisément l’abattoir Abera (racheté en 2022 par le n° 1 européen de la viande) qui cessera de s’y fournir dans un délai de douze semaines, après « une baisse progressive des achats ». Michel Bloch, le président de l’UGPVB (groupements de producteurs de viande) estime que « ce retrait représente un gros risque pour le MPB et donc pour Uniporc (organisme de pesée et classement) ». Une fois le départ de Bigard entériné, les deux premiers abatteurs (avec la Cooperl) auront quitté le marché de référence. Parmi les raisons expliquant cette décision, l’hebdomadaire agricole breton cite « l’augmentation de l’offre au marché du cadran alors qu’il y a une baisse de production, l’absence d’une cotation spécifique mâle entier et une qualité du porc en baisse ». Autant d’arguments contestés par les éleveurs.

« Un sabotage »

Dans un communiqué du 7 septembre, la Fédération nationale porcine (FNP) affirme « son soutien à la transparence du prix de base et aux outils de la convention de marché du MPB ». Pour la FNP, la décision de Bigard est un « sabotage » qui porte un « risque d’explosion des acquis collectifs ». Le marché de Plérin a permis, selon le syndicat, de « progresser vers plus d’équité, d’objectivité et de transparence dans la pesée, le classement des carcasses et in fine la formation d’un prix traduisant la confrontation de l’offre et de la demande ». Dans son propre communiqué, la FRSEA de Normandie appelle les éleveurs à « présenter au maximum leurs produits à la vente » au MPB. Et le syndicat d’exhorter les organisations de producteurs à « adopter une attitude responsable » en « faisant le maximum pour inscrire des porcs au marché et rendre au marché sa crédibilité et son rôle de référence ». En raison notamment d’une consommation estivale morose, le prix du porc au MPB s’est effondré ces dernières semaines : le cours de référence a perdu 30 centimes durant le mois d’août pour atteindre 2,04 €/kg au 11 septembre. Plus globalement, la production française est en recul (- 4,3 % sur 12 mois glissants, en juillet, selon FranceAgriMer). La filière hexagonale subit la pression des importations européennes auparavant davantage absorbées par la Chine. Ce boycott du MPB n’est pas inédit : en 2015, Bigard et la Cooperl avaient une première fois quitté le marché au cadran, en pleine crise de l’élevage.

Y.G