Réchauffement climatique
Réchauffement climatique

Des records de température pourraient encore être battus dans les prochains mois. En cause, différents facteurs naturels et humains qui influencent les variations thermiques. Cathy Clerbaux, directrice de recherche au CNRS, l’affirme : « s’il est devenu presque impossible d’inverser la tendance, la stabiliser est encore envisageable ». Toutefois, aujourd’hui, les filières agricoles souffrent de ces températures élevées, mais des pistes existent d’ores et déjà pour s’adapter et être acteur face à cet enjeu climatique.

Réchauffement climatique
Pour Cathy Clerbaux, directrice de recherche au CNRS, des records de température pourraient encore être battus dans les prochains mois. ©Cathy Clerbaux

Jamais, l’Hexagone n’avait vécu une fin d’été aussi chaude. « À l’échelle nationale, la France a connu du 17 au 24 août, sa 47e vague de chaleur depuis 1947. Avec une durée de huit jours, il s’agit de chaleur tardive la plus longue à l’échelle du pays et la plus intense », soulignait Météo France le 25 août. Autre constat : sur les 261 postes du réseau dans les 19 départements concernés par la vigilance rouge canicule de cette deuxième quinzaine du mois d’août, 23 % ont battu un record de température minimale (9 postes dans l’Ardèche et 7 postes en Lot-et-Garonne) et 49 % ont battu un record absolu de température maximale. En effet, le 23 août la station d’Aubenas (Ardèche) relevait une température minimale de 24,4 °C, battant l’ancien record absolu du 12 juillet 1982 qui s’établissait à 24 °C. Du côté des maximales, le record absolu a été dépassé d’1,2 °C à Nyons dans le Drôme passant de 41,8 °C le 12 août 2003 à 42,7 °C vingt ans plus tard (le 23 août). De quoi donner des sueurs froides, d’autant plus que les prévisions laissent entrevoir que ces tristes records sont appelés à être encore dépassés. Cathy Clerbaux, directrice de recherche au CNRS (LATMOS/IPSL), professeure invitée Université libre de Bruxelles, Sorbonne Université, lançait l’alerte à la mi-août sur le site The Conversation en expliquant « pourquoi les températures pourraient battre des records au cours des prochains mois ». Un conditionnel employé de manière volontaire par la scientifique car les « variabilités naturelles sont nombreuses et complexes », précise-t-elle.

Différents facteurs

En effet, Cathy Clerbaux l’énonce dès l’introduction de son article, « pour comprendre l’évolution des températures, il faut tenir compte du fait que notre climat est complexe : il dépend des interactions entre les activités humaines, l’atmosphère, la surface terrestre et la végétation, la neige et la glace et les océans. Le système climatique évolue sous l’influence de sa propre dynamique interne, mais dépend également de facteurs externes ». En clair, l’activité solaire, les éruptions volcaniques, les gaz à effet de serre (GES) ou encore les aérosols d’origine anthropique et naturelle, soit les petites particules en suspension, sont à prendre en compte pour entendre en partie les évolutions thermiques « sous fond de réchauffement climatique ». À cela, s’ajoute El Niño qui exerce une forte influence sur les températures. « Il existe un véritable dilemme autour de ce phénomène climatique. Nous ne savons pas encore s’il va s’installer ou non. Pour le moment, il se stabilise », note Cathy Clerbaux interrogée le 18 septembre. Cette dernière précise sur The Conversation qu’El Niño et sa composante froide, El Niña, sont les principaux facteurs de variation d’une année sur l’autre. Ils se caractérisent par des fluctuations de température entre l’océan et l’atmosphère dans le Pacifique équatorial et peuvent durer plusieurs mois. Alors aujourd’hui, l’activité solaire qui approche de son maximum, l’éruption du volcan sous-marin Hunga Tonga qui a envoyé 150 millions de tonnes de vapeur d’eau directement de la stratosphère, « un phénomène inédit encore jamais observé », l’accumulation continue des gaz à effet de serre, la diminution des aérosols et le phénomène El Niño laissent présager de nouveaux potentiels records de chaleur dans les douze à dix-huit prochains mois.

Stabiliser la tendance

Si pour la scientifique, il est impossible de donner un chiffre précis concernant la potentielle hausse des températures, elle alerte sur la possibilité que la limite la plus ambitieuse de l’accord de Paris, une augmentation de 1,5 °C en moyenne globale, « nous savons qu’à certains endroits, ce sera plus », pourrait être dépassée avant 2030. « Les projections à horizon 2050 affirment que les températures à Lyon seraient équivalentes aux actuelles Madrilènes. En 2100, à celles d’Alger, sans la mer », note Cathy Clerbaux. Sans politique climatique, Météo France projette qu’à horizon 2071 – 2100, le réchauffement climatique pourrait atteindre 4 °C par rapport à la période 1976-2005. Alors si aujourd’hui, il semble difficile d’inverser la tendance, il est encore possible de la stabiliser. Le gouvernement s’est mis en ordre de marche en début d’année pour « sortir du déni » et se préparer à ce scénario catastrophe. « En Europe, nous avons été précurseurs avec la mise en place de compensation des émissions à GES. Ce défi est très challenging », conclut la directrice de recherche au CNRS, mais semble atteignable.

Marie-Cécile Seigle-Buyat