Arboriculture et viticulture
Une nécessaire adaptation en arbo et viticulture

Vendanges de plus en plus longues, augmentation de la teneur en alcool du vin, coloration et conservation des pommes rendues plus difficiles… Dans les secteurs Est et Sud-Est de la France, la hausse des températures impacte inévitablement les productions viticoles et arboricoles.

Une nécessaire adaptation en arbo et viticulture
Éric Chantelot, président de l’institut de recherche et d’expérimentation rhodanien. ©IFV

Depuis une vingtaine d’années, l’oïdium a pris ses quartiers dans les vignes de Bourgogne. Bien qu’historiquement, ses attaques ciblaient les chardonnays ; les pinots noirs ne sont dorénavant pas en reste. « Le paramètre pondérant, c’est bel et bien la température, assure Pierre Petitot, conseiller à la chambre d’agriculture de Côte-d’Or. Sur 40 ans, les schémas nous montrent une augmentation de 1,5 °C en avril et de 3,5 °C en juin. Or, ce champignon aime l’humidité et une température de 25 °C. Lorsque nous calculons le nombre de jours qui atteignent ces températures, c’est factuel : ils ont été multipliés par 7 depuis les années 1980. » Afin de lutter contre ce nouveau fléau, les vignes bourguignonnes et champenoises pratiquent l’effeuillage. Selon le conseiller viticole, ce procédé est incontournable, surtout lorsque la qualité de pulvérisation n’est pas au rendez-vous.

En vallée du Rhône

Plus au sud, dans la vallée du Rhône, les conséquences de la hausse des températures sur la vigne sont toutes autres. Cela fait déjà une dizaine d’années que ce secteur viticole connaît une augmentation des degrés d’alcool présents dans les vins. Phénomène nouveau, néanmoins, les dates des vendanges semblent de plus en plus s’allonger. « Depuis deux ou trois ans, la période de vendanges est désormais beaucoup plus longue : nous sommes le 15 septembre et au sud de Valence (Drôme) la récolte des rouges commence tout juste », déclare Éric Chantelot, le président de l’institut technique rhodanien situé à Orange (Vaucluse). Certains viticulteurs ont pourtant fait le choix de vendanger leurs premières cuvées dès le 20 août. La raison ? Une teneur en alcool de 13 °C déjà atteinte sur des parcelles. Mais dans certains cas, la maturité polyphénolique, qui donne les arômes du vin, n’est pas encore suffisamment développée. Contrairement à la canicule connue fin août, les périodes où les écarts de température entre le jour et la nuit sont plus élevées deviennent alors plus favorables à la maturation phénolique. « Plutôt que de récolter tôt sous prétexte que le degré en alcool est fort, mieux vaut vendanger plus tard, afin d’atteindre cette maturité, quitte à mettre en place des technologies œnologiques pour réduire le taux de concentration en alcool », estime le responsable. Ce dernier recommande toutefois de prendre en compte l’état du terrain : « Certains domaines ont démarré le 25 août, car le sol était trop sec. Cela ne servait donc à rien d’attendre, tandis que d’autres vignes aux feuillages verts continuaient à pousser et pouvaient donc attendre le 20 septembre… Dire qu’il faut attendre à tout prix mi-septembre serait une hérésie, car une parcelle sans eau et à moitié défoliée nécessite d’être rentrée, quitte à la retravailler après la récolte. »

La conservation des pommes

Les vignes ne sont pas les seuls végétaux à être impactés par cette hausse des températures l’été. À cette période, la variété gala, qui constitue la principale production française de pommes, profite des écarts de température entre le jour et la nuit pour effectuer sa coloration. « Mais pour cela, la température doit descendre en dessous de 20 °C », explique David Ray, directeur de l’entreprise spécialisée dans la sélection et l’édition de variétés de pommes, Novadi. Plus la différence de température est forte, plus la coloration est obtenue rapidement. Autre problématique rencontrée par les arboriculteurs : la conversation des produits après deux semaines d’intenses chaleurs. « Le risque, c’est que les pommes perdent du jus, qu’elles brunissent de l’intérieur ou bien qu’elles perdent en fermeté », atteste le directeur. L’année dernière, la conservation des pommes gala était déjà devenue une source d’inquiétude. Résultat ? La production a dû être vendue dès les mois de novembre et décembre.

Léa Rochon