COMMERCIALISATION
L’interdiction programmée des emballages plastiques

Le décret dispensant temporairement certains fruits et légumes de l'interdiction d'emballages composés, tout ou partie, de matière plastique est paru le 12 octobre. La filière, par la voix d’Interfel, fait part de sa surprise.

L’interdiction programmée des emballages plastiques
l’interdiction des emballages plastiques pour les colis de fruits et légumes frais de moins de 1,5 kg sera applicable au 1er janvier 2022.

Le décret sur l’interdiction des emballages plastiques pour les colis de fruits et légumes frais de moins de 1,5 kg est paru au Journal officiel du 12 octobre. Cette interdiction avait été inscrite dans la loi sur la lutte contre le gaspillage et l’économie circulaire (loi Agec) du 10 février 2020 et sera applicable au 1er janvier 2022. Le texte prévoit une application progressive de cette interdiction afin qu’au plus tard en 2026, l’ensemble des fruits et légumes soient vendus sans emballage plastique », précise un communiqué du gouvernement. Selon lui, le calendrier retenu doit permettre « de trouver et de déployer des solutions alternatives d’ici au 30 juin 2026, pour les fruits et légumes présentant un risque important de détérioration lors de leur vente en vrac.

Pas de quartier pour les fruits à noyau

L’exemption jusqu'au 30 juin 2026 pour les fruits mûrs à point concerne « les fruits vendus au consommateur final à pleine maturité », et non les fruits cueillis à pleine maturité. Cette mesure était attendue par les filières pommes, poires, bananes et avocats notamment, car la qualité de mûr à point est généralement obtenue après la récolte via un procédé de maturation. La tomate cocktail et toutes les « variétés miniatures » de tomate ont été incorporées à la liste des dispensés de l'interdiction jusqu'au 30 juin 2023. Pour les pêches, nectarines et abricots, la période de sursis reste fixée au 30 juin 2023, alors que l'AOP nationale espérait obtenir un délai de six mois supplémentaires.

Colère d’Interfel

La profession a manifesté, par la voie d’Interfel, sa colère après la parution du décret. L’interprofession des fruits et légumes frais s’est tout d’abord déclarée « surprise d’apprendre le contenu de ce décret par voie de presse ». Elle rappelle que la filière des fruits et légumes frais est l’une des principales filières qui maintient la vente en vrac, avec près de 65 % des produits vendus sous cette forme. De plus, les fruits et légumes frais représentent « moins de 1,5 % des conditionnements plastiques » utilisés dans le secteur alimentaire. « Pourquoi dans ce cas, la filière des fruits et légumes frais est-elle ciblée en priorité ? » demande Interfel. L’interprofession ajoute que les entreprises de la filière, qui n’ont que quelques semaines pour s’adapter, « vont devoir faire face à de nombreux obstacles structurels et techniques alors que des problématiques importantes de mises en œuvre restent encore à éclaircir ». Interfel regrette également « que certaines propositions pragmatiques formulées par la filière n’aient pas été retenues, comme l’utilisation de plastique 100 % recyclable ». Cette technologie est autorisée dans tous les autres secteurs alimentaires. Enfin, l’interprofession regrette qu’il n’y ait pas une « concertation suffisante avec le ministère de la Transition écologique ». Elle ajoute que cette mesure est « en décalage avec la directive européenne sur les plastiques à usage unique » et qu’elle risque de pénaliser « la place des produits français au sein de l’espace européen ». Elle espère « que le consommateur plébiscitera dans ses achats alimentaires les fruits et légumes frais ».