Alimentation hivernale
Des fourrages de qualité pour les vaches !

Marc Labille
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A l’approche du vêlage, l’alimentation des vaches gestantes est une étape déterminante dans la maîtrise économique d’un élevage. Les experts d’Alsoni rappellent pourquoi de meilleurs fourrages sont indispensables, tant pour l’autonomie alimentaire de l’exploitation que pour la réussite du vêlage, de la reproduction, de la lactation.

Des fourrages de qualité pour les vaches !
Il est recommandé de connaitre la valeur alimentaire de ses fourrages de sorte à pouvoir les trier selon leur qualité. Les meilleurs fourrages sont à réserver aux animaux à gros besoins et faible capacité d’ingestion : jeunes bêtes en croissance et vaches ou primipares en gestation.

En hiver, le plus grand soin doit être apporté à l’alimentation des vaches qui s’approchent du vêlage puis entament leur lactation. Un soin qui passe notamment par la qualité des fourrages distribués, ont rappelé les conseillers d’Alsoni Conseil Élevage à l’occasion d’une après-midi technique consacrée à l’autonomie alimentaire le 13 septembre dernier (1).

La qualité de l’alimentation des vaches à l’approche du vêlage est déterminante pour la réussite de la future reproduction. « Les gains d’intervalle vêlage-vêlage se jouent dans la fin de la gestation. Si les animaux sont trop restreints à cette période clé, cela pénalise la reproduction qui suit. D’autant plus pour des primipares qui ont encore du développement à faire », alertait Arnaud Godard, technicien à Alsoni.

Capacité d’ingestion réduite

La raison pour laquelle les vaches sont plus sensibles à un déficit alimentaire à l’approche du vêlage, c’est que leur capacité d’ingestion se réduit en fin de gestation du fait de la place prise par le veau dans l’abdomen. Or les besoins augmentent significativement au dernier mois de gestation. D’où la nécessité de « concentrer la ration en fin de gestation », recommandait Arnaud Godard qui informait aussi que « la qualité des follicules (qui donnent les ovocytes lors de l’ovulation) dépend de la couverture des besoins en énergie et de l’équilibre de la ration ».

À 7 – 8 mois de gestation, la capacité d’ingestion d’une vache pleine est de 11 kg de matière sèche, mais cette capacité chute à 10 kg MS au 9e mois de gestation. Dans le même temps, les besoins en énergie passent de 7,5 UF à sept mois à 8 UF au huitième mois pour atteindre 9 UF au neuvième mois de gestation. Quant aux besoins en protéines, ils s’élèvent à 800 – 860 g de PDI. À 8 – 9 mois de gestation, une ration 100 % foin moyen à 0.6 ou 0.7 UF et 70 g de PDI, procurant seulement 6,6 UF et 770 g de PDI provoque un déficit énergétique et protéique. Ce sont autant de risques de pathologies au vêlage, non-délivrance, retournement de matrice, problèmes de santé des veaux (moindre qualité du colostrum, baisse de production laitière). Pour couvrir les besoins de la vache avant vêlage, une telle ration à base de foin doit être composée de fourrages plus riches ou complétée avec un correcteur en conséquence.

Concentrer la ration

La meilleure manière de concentrer la ration est « d’aller chercher des fourrages de qualité », confirme Arnaud Godard. D’autant que « travailler la qualité de ses fourrages est un réel levier pour gagner en autonomie azotée et énergétique », complète-t-il. Et à la veille de rentrer les animaux, il faut connaître la quantité de fourrage disponible et la valeur alimentaire de ses fourrages. Pour cela, les analyses de fourrages sont indispensables. Et le mieux est de trier ces fourrages selon leur qualité, de sorte à réserver les meilleurs aux animaux à gros besoins et faible capacité d’ingestion : jeunes bêtes (laitonnes, 2 ans) en croissance et vaches/primipares en gestation.

Outre une meilleure préparation au vêlage, l’incorporation dans la ration d’une herbe plus riche en azote peut permettre de se passer de tourteau. Dans le cas d’un cheptel de 100 vaches (dans la conjoncture économique de 2021 pour le tarif des concentrés), une économie de 3.000 € sur l’année (gestation et lactation) est envisageable, calculent les techniciens d’Alsoni. Et cela avec un meilleur fonctionnement de la panse, complètent-ils.

(1) Cette journée s’inscrivait dans le programme national Cap Protéines visant à réduire la dépendance de la France aux protéines végétales d’importation.

Des fibres, de l’eau, du sel pour le bon « fonctionnement » du bovin

Avant d’hiverner les animaux, le rappel de quelques principes de base s’impose. « Pour bien fonctionner, un bovin a besoin de fibres, d’eau et de sel et cela dès son plus jeune âge », remémore Arnaud Godard. Les fibres sont « à privilégier en tête de repas », poursuit-il. Un point à bien prendre en compte dans le cas de l’utilisation d’une mélangeuse. L’eau doit être disponible en quantité et qualité - c’est un aliment à part entière - à raison d’au moins deux abreuvoirs pour 16 vaches et avec un débit d’au moins 12 litres par minute. Quant au sel, il en faut 30 g par vache adulte et par jour soit deux pierres de sel par case de 16 vaches ou une pierre de sel pour deux vaches à l’attache.

Veaux : lait, foin et concentrés dès le plus jeune âge

Veaux : lait, foin et concentrés dès le plus jeune âge

Une bonne alimentation des petits veaux est un autre point crucial de l’hiver. L’objectif est de préparer un rumen fonctionnel pour les petits bovins. À quatre mois, le nombre de papilles tapissant le rumen d’un veau est déjà fixé pour la vie, rappelle Arnaud Godard qui ajoute que de la quantité de papille dépend le futur GMQ de l’animal. Pour favoriser un bon développement du rumen, les veaux doivent être nourris avec du lait, du foin et des concentrés dès leur plus jeune âge. L’objectif est d’obtenir un rumen volumineux aux parois épaisses et sombres et recouvertes de nombreuses papilles, informent les conseillers d’Alsoni. De quoi donner un adulte capable de bien valoriser les fourrages grossiers. Privés de concentrés, les petits veaux deviendront des adultes dont le rumen peu développé ne leur permettra pas de bien valoriser les fourrages grossiers. La recette d’un bon aliment premier âge contient de l’amidon lent (maïs grain plutôt que céréales à paille), plus de 12 % de cellulose brute, un bon équilibre énergie/azote (environ 1 UFL et 17 à 20 % de matière azotée).