Manipulation des bovins
La contention est incontournable
A Rigny-sur-Arroux, le Gaec Croizier s’est équipé d’un second parc de contention auto-construit. Le 13 septembre dernier, cet équipement servait de support à une journée consacrée à la prévention.

La prévention en élevage et la contention étaient au menu d’une journée spécifique organisée à Rigny-sur-Arroux le 13 septembre dernier. Organisée par Julie Lausoeur de la Chambre d’agriculture de Saône-et-Loire et avec la participation de la MSA Bourgogne et de Groupama, cette porte ouverte technique avait lieu sur l’exploitation de la famille Croizier. Le Gaec Croizier est composé de Maxence et de sa maman Nathalie et il emploie deux salariés. Édouard, le père, continue à aider sur la ferme bien que retraité. L’exploitation couvre 428 hectares pour un cheptel de 240 charolaises. Les femelles sont engraissées et les broutards repoussés à 450 kg vifs. Cet élevage familial qui a toujours été attentif à l’efficacité et à la rationalisation du travail, est équipé d’un important parc de bâtiments. Le dernier en date est une imposante stabulation d’engraissement à toiture photovoltaïque qui entrera dans sa quatrième saison de production d’électricité.
Parc de contention économe
Habitués à réaliser eux-mêmes une bonne partie de leurs constructions et en quête permanente d’améliorations, Maxence et Édouard ont conçu et autoconstruit un second parc de contention implanté à proximité des bâtiments les plus récents. Un jeu de couloirs et de barrières permet aux éleveurs de déplacer leurs animaux d’un bâtiment à l’autre et vers ce nouveau parc de contention. Cet outil est notamment très sollicité pour les femelles à l’engraissement qui sont pesées tous les mois, expliquent les associés. Maxence et Édouard ont construit un parc économe en utilisant beaucoup de barrières et de glissières d’occasion. Édouard en a dessiné les plans et chiffré, préparé toutes les fournitures. Le père et le fils ont coulé ensemble tous les bétons, réalisés tous les scellements, toutes les soudures, fixations, etc. Ce parc leur a coûté pour 1.500 € de poteaux, 300 € de glissières d’autoroute, 1.200 € pour la porte autobloquante neuve, 1.000 € de barrières d’occasion, 2.700 € de béton livré par camion toupie, détaille Maxence.
Outil de travail fonctionnel
Installé sur un sol bétonné avec récupération des jus et jouxtant l’un des bâtiments, le parc comprend un parc d’attente, un couloir de contention muni d’une porte autobloquante, une bascule, deux parcs de tri, un quai d’embarquement. À l’entrée incurvée du couloir, une porte fait office de camembert pour pousser les animaux dans le couloir. Les parois du couloir sont pleines, « pour que les vaches se sentent canalisées », commente Christophe Lapalus, formateur à la manipulation des animaux. La longueur totale du couloir approche les 9 mètres. Une barrière d’accès est aménagée sur le côté du couloir. Elle permet d’aller à l’intérieur, par exemple pour réaliser les échographies au "cul de la vache" prise dans le cornadis autobloquant. Ce dernier dispense l’éleveur de devoir se tenir prêt à déclencher un mécanisme lorsque la vache s’engage dans la tête du couloir. Pour libérer l’animal, l’ouverture est actionnée par une poignée au niveau de la porte ou à distance à l’aide d’une cordelette. Maxence Croizier signale que ce cornadis n’est pas adapté pour des bêtes à cornes. La hauteur des parois est d’environ 1,60 m et la largeur du couloir de 80 cm. « On recommande de ne pas dépasser 75 cm », signale toutefois Christophe Lapalus.
Sur le côté du couloir de contention, une passerelle permet aux opérateurs d’intervenir en hauteur par rapport aux bêtes. « Il manque un système antirecul dans le couloir », fait remarquer Maxence qui enfile un tube métallique à cet effet. L’objectif de ce parc était pour le jeune éleveur de disposer d’un outil de travail fonctionnel et permettant d’opérer de façon autonome. Après une année d’utilisation, la famille Croizier est satisfaite de sa réalisation.
Des ateliers et un bon repas servi par la Confrérie !
Reçus par les membres de la famille Croizier, les participants ont eu la journée pour découvrir divers ateliers entrecoupés d’un bon repas offert par Groupama Rhône-Alpes-Auvergne et servi par la Confrérie des Saveurs du Pays Charolais. Outre les échanges avec Maxence et Édouard Croizier autour de leur parc de contention autoconstruit, les visiteurs ont assisté à une démonstration de manipulation d’animaux par Christophe Lapalus, formateur Institut de l’Élevage, l’Idele. Le service prévention de la MSA Bourgogne avait apporté sa mallette contention permettant de réaliser une maquette au 1/50e de son futur parc. Jacques Auclair, technicien bâtiment de la Chambre d’agriculture répondait aux questions concernant les nouvelles aides bâtiment. Quant à Groupama, ses chargés de clientèles ont fait une intervention sur la prévention des sinistres.

« Une contention pour maintenir le calme le plus longtemps possible »
Profitant de la présence d’un lot de génisses dans le parc de contention de la famille Croizier, Christophe Lapalus, formateur pour l’Institut de l’Élevage, a rappelé les grands principes d’une manipulation des animaux moins risquée. Justifiant les équipements de contention, l’intervenant estimait « qu’on ne peut plus travailler dans l’improvisation aujourd’hui et qu’il faut pouvoir se débrouiller tout seul ». Pour « canaliser » des animaux qui peuvent se révéler dangereux, les équipements de contention fixes ou mobiles, barrière à césarienne, lève-tête… sont autant d’outils permettant « d’éviter les incidents et de se dépenser inutilement », faisait valoir Christophe Lapalus. Ajoutant aussi qu’aujourd’hui, « on docilise les animaux en lots et non plus individuellement comme autrefois ». Dans la manipulation, la contention comme la gestuelle de l’éleveur doivent être adaptées au comportement des bovins. Mieux vaut avoir en tête comment la vache perçoit et ressent les choses. « Une vache a ses habitudes, ses repères, une mémoire… Tout ce qu’on lui fait subir, elle va s’en souvenir ! », prévient le formateur. La vache possède cinq sens en alerte. Il lui faut une ambiance la plus calme possible et la contention est là pour maintenir ce calme le plus longtemps possible, explique Christophe Lapalus. La gestuelle et le comportement de l’éleveur comptent pour beaucoup. « Il faut que ce soit le plus lisse possible », commente l’intervenant qui ajoute que pour manipuler des animaux, il faut « être bien dans ses baskets ». « On ne met pas longtemps à faire sentir à la vache qu’on lui veut du bien : pas de geste brusque, à la voix, en restant calme et modeste… ». Comme tous les animaux, les vaches fonctionnent avec des récompenses (le seau de granulé) et de la routine, faisait valoir le formateur et de rappeler que « l’accident survient toujours en bâtiment et lorsque quelque chose n’était pas comme d’habitude ».