Construction bois
Privilégier le local

Sébastien Closa
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Quarante-cinq acteurs régionaux des métiers de la filière bois et forêts ont signé, le 7 octobre à Mignovillard (Jura), une charte de bonnes pratiques et s’engagent à utiliser plus fréquemment du bois local dans les constructions.

Privilégier le local
Les 45 signataires souhaitent favoriser les circuits-courts dans la construction bois

« En mai 2018, la filière bois régionale a fait face aux scolytes, nous avons dû trouver des solutions pour vendre le surplus de bois », a rappelé en préambule Christian Dubois, délégué général de Fibois BFC (Interprofession de la filière forêt bois). « Depuis, les crises s’enchaînent : il y a eu le Covid, la crise des matières premières et maintenant la crise énergétique. Nous n’avons pas le choix, nous devons nous adapter. La région a du bois, des entreprises et un savoir-faire ».
Pour répondre à cette conjoncture difficile tout en s’engageant dans une démarche environnementale, communes forestières, forestiers, scieurs, constructeurs et maîtres d’œuvre de Bourgogne Franche-Comté ont signé, vendredi 7 octobre à Mignovillard, une « charte régionale d’engagement bois local ».

S’inscrire dans une logique durable

Par la signature de cette charte, 45 acteurs de la filière souhaitent favoriser les échanges commerciaux entre producteurs et constructeurs locaux afin de sécuriser les approvisionnements, favoriser le circuit-court, redynamiser ce secteur d’activité et s’inscrire dans une logique durable.
L’idée est partie d’une concertation entre les acteurs jurassiens de la filière lors de réunions à l’institut de formation des Compagnons du Tour de France à Mouchard. Le périmètre de cette charte des bonnes pratiques correspond dans un premier temps au périmètre franc-comtois et pourrait ensuite s’étendre à d’autres territoires.
Les signataires s’engagent à mettre en place des accords bilatéraux : propriétaires publics et privés approvisionneront prioritairement scieurs et transformateurs ; les communes poursuivront leurs efforts pour utiliser du bois en circuit-court ; les entreprises de première et deuxième transformation définiront des prix responsables avec les constructeurs ; les constructeurs se fourniront localement ; les maîtres d’œuvre favoriseront les bois de pays et des accords-cadres portant sur des volumes et des prix pourront être mis en place.
Fibois apportera des retours d’expérience et s’engage à animer cette charte en faisant le lien entre les forestiers et les constructeurs. Les retombées en termes de communication et d’image devraient être positives pour la filière.

Une traçabilité souvent compliquée

« Nous avons encore beaucoup de travail à fournir », prévient Philippe Gouget, responsable d’ALD construction bois à Port-Lesney. « Il est difficile de mettre en route des chantiers de bois local. Mais avec de la réflexion et de l’anticipation, la construction ne coûte pas plus cher ». Selon lui, « les bâtiments en bois ne doivent pas forcément tous être des œuvres d’art : c’est valable pour une médiathèque, mais pour des habitations nous pouvons rester sur du classique ».
Pour Fabrice Chauvin, directeur de la scierie Chauvin à Mignovillard, cette signature est un engagement moral : « Ça me fait plaisir de produire en circuits-courts. Ils sont bons pour l’environnement, mais ils rajoutent des contraintes, notamment celle de la traçabilité, souvent compliquée. Pour le projet de Mignovillard, les bois venaient d’une plantation où nous avons coupé beaucoup de billons, ce qui a facilité le suivi, mais souvent les scieries trient le bois par qualité une fois les grumes coupées ». Autre bémol, les transformateurs locaux sont capables de tout produire, sauf des panneaux OSB.