Loup en Saône-et-Loire
Un grand soulagement

Cédric MICHELIN
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Vendredi 13 novembre a porté chance aux éleveurs de Saône-et-Loire. Depuis plus de six mois, ils étaient - ainsi que leurs troupeaux - sous la menace permanente des assauts violents d’un loup. À la suite d'une énième attaque malgré les protections en place, un louvetier a réalisé un tir légitime de défense pour protéger un lot de moutons à Saint-Romain-sous-Gourdon. Un soulagement pour tous.

Un grand soulagement
Très régulièrement, ce loup avait l’habitude d'attaquer des lots entier pour ne manger réellement qu’une brebis et prendre le temps de « jouer à tuer une dizaine d’autres ».

L’attente a semblé longue, presque interminable avec la fatigue accumulée. Pourtant la Saône-et-Loire est certainement le département qui aura mis le moins de temps entre la première attaque - à Barnay le 8 mai dernier - et ce 13 novembre pour "tuer" ce loup féroce.
Lors de cette fameuse nuit, dans un élevage déjà attaqué et prédaté, un louvetier en garde a aperçu le loup sauter par-dessus le filet de protection et se diriger ensuite vers les brebis apeurées. Clairement en train d’attaquer, le louvetier a donc réalisé, comme la loi lui permet, un tir de défense pour empêcher un nouveau massacre. Un tir réussi et libérateur.

Ce loup, formellement identifié par la suite, aura causé la perte totale de près de 150 ovins, fait une quarantaine de blessés et infligé des pertes irréversibles en terme de génétique. Le travail se poursuit à ce sujet d’ailleurs pour tenter de faire une estimation.

Un dossier quotidien

C’est donc un immense soulagement qui prédominait samedi dernier. Certains éleveurs encore choqués et meurtris peinaient encore à réaliser la liberté retrouvée. Des prélèvements ont été effectués sur le loup mort pour établir sa traçabilité : identifier sa lignée éventuelle, croiser ses traces génétiques avec d’autres indices, notamment des crottes repérées ailleurs, rechercher ces liens avec des meutes… mais aucun doute, la bête abattu à Saint-Romain-sous-Gourdon est bien un loup et en rien un « hybride ».
Pour Alexandre Saunier, président de la section ovine de la FDSEA de Saône-et-Loire, c’est aussi un soulagement et l'accomplissement d'un long travail de l'ombre et de terrain. « Je tiens à remercier tous ceux qui ont œuvré et permis d’arrêter les carnages. Tout d’abord les éleveurs qui ont fait d’énormes efforts, en rentrant leurs bêtes, en installant des filets de protection… et qui ont été patients malgré tout, en accueillant bien les louvetiers, la brigade loup. Dans l’ensemble, cela s’est largement bien passé sur le terrain ». Autres personnes associées et remerciées : les louvetiers, les chasseurs, la chambre d'agriculture et l’administration, préfet en tête, la DDT et leurs services qui « étaient au quotidien sur ce dossier comme nous », insiste Alexandre Saunier. La section ovine a toujours obtenu des rendez-vous rapides pour « faire avancer » ce lourd dossier administratif. Le plan Loup est fortement réglementé au niveau national et en Europe et la Saône-et-Loire n’a jamais eu de passe-droit. Par contre, « l’administration a tout de suite vu et compris que malgré les protections, nos zones d’élevage ne peuvent pas être protégées » contre aucun loup. Le bilan de toute cette affaire se fera ultérieurement et de nombreux enseignements sont et seront à tirer.
Pour l'heure, chacun a bien mérité du repos. À commencer par les moutons qui vont pouvoir être relâchés dans leurs prés. Des prés qui sont bien redevenus leur territoire naturel et pas celui du loup.