EXCLU WEB / Céréales : des prix au niveau de février 2022

Les marchés des céréales retrouvent une certaine sérénité. Les prix des céréales ont diminué tout au long du mois de novembre. Mais les stocks des pays s’épuisent dangereusement.

EXCLU WEB / Céréales : des prix au niveau de février 2022

Il suffit d’un corridor pour apaiser les marchés des céréales et rendre les échanges commerciaux plus fluides. Un signe ne trompe pas : la baisse des cours des céréales observée depuis un mois. A Rouen, le prix de la tonne d’orge avoisine 275 €, celui de la tonne de maïs, 280 € et celui du blé 300 €. La moindre emprise du conflit russo-ukrainien sur les échanges commerciaux de céréales rend le fonctionnement de leurs marchés plus rationnel. La géopolitique a moins d’emprise sur eux.

Cependant, la Russie est le premier bénéficiaire de l’accord du corridor maritime de la Mer Noire auquel elle participe, même si ses ports ne sont pas concernés. La zone étant moins risquée, les expéditions de grains par navires sont plus aisées. Au mois de novembre dernier, la Russie a exporté plus de céréales que l’an passé à la même époque. Elle tente de rattraper le retard pris depuis le mois de juillet dernier. Mais au terme de cinq mois de campagne, seules 19,2 Mt de grains ont été chargées dans ses ports contre 24,8 Mt. Or, d’ici la fin du mois de juin, elle devra avoir exporté plus de 50 Mt de céréales. En attendant, le prix du blé russe est avec le blé européen, est un des plus compétitifs au monde après l’Ukraine.

Une production mondiale déficitaire 

Sur les marchés, les opérateurs ont intégré le retrait partiel de l’Ukraine de la scène internationale et ses capacités d’exportations limitées. La nouvelle baisse de 4,5 Mt de la production ukrainienne de maïs, annoncée par le ministère américain de l’Agriculture (USDA), n’a suscité aucune réaction. Surtout elle n’étonne pas les quelques visiteurs qui s’étaient aventurés dans la région d’Uman au mois d’octobre dernier. En effet, des milliers d’hectares de maïs n’étaient pas encore récoltés alors que les pluies rendaient les terres impraticables. Interrogés, les agriculteurs ukrainiens affirmaient ne pas avoir les moyens de payer le séchage de leurs récoltes. Aussi, une partie des plantations de maïs passera l’hiver en l’état, séchera sous des températures glaciales et sera ensuite récoltée avant le dégel. Mais les céréaliers déploreront d’importantes pertes. Toutefois l’Ukraine parviendrait à exporter 17,5 Mt de maïs, soit 2 Mt de plus qu’annoncé le mois passé selon l’USDA. En ajoutant les stocks d’invendus de l’an passé, l’ONG Ukrainian Agri Council (UAC*) avance le chiffre de 26,5 Mt. De même 12,5 Mt de blé seraient aussi vendues (+ 1,5 Mt en un mois). UAC ambitionne 14,7 Mt.

Les marchés ont aussi pris acte de la faible production de blé en Argentine et des capacités d’exportation record renouvelées de l’Australie (25 Mt). Mais les opérateurs misent sur une récolte abondante de maïs dans l’hémisphère sud. Sinon, la production mondiale de la céréale serait gravement déficitaire.  

Stocks en baisse 

Hormis l’Ukraine, les principaux pays exportateurs de céréales de la planète vont achever la campagne de commercialisation actuelle avec des stocks de report disponibles très faibles. Aussi, ils entameront 2023-2024 sans marge de manœuvre. Si l’hiver est trop rude dans l’hémisphère nord ou si le corridor maritime est de nouveau menacé, les marchés ne manqueront pas de réagir. Ces derniers mois, ces pays exportateurs n’ont pas hésité de puiser dans leurs stocks pour approvisionner leurs clients qui ne pouvaient plus se fournir en Ukraine et même en Russie puisque le trafic maritime devenait dangereux. 

En attendant, la croissance économique mondiale faiblit sous le poids de l’inflation. En repli de 15 Mt sur un an, la fabrication d’aliments pour animaux patine. Les cours de l’ensemble des marchés des commodités baissent, le pétrole et le gaz en tête. Le prix du pétrole est quasiment revenu à son niveau d’avant-guerre. Même les cours des engrais reculent car leur production redémarre dans les pays producteurs. Sur les marchés financiers, la hausse de l’euro amplifie les baisses des cotations des céréales en dollars.