EXCLU WEB / Hausse des prix : l’engagement des distributeurs

Cédric Michelin
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Alors que les négociations commerciales annuelles se sont ouvertes depuis le 1er décembre, les grandes enseignes de la distribution se sont engagées à certaines hausses tarifaires.

EXCLU WEB / Hausse des prix : l’engagement des distributeurs

Des fédérations de fournisseurs de la grande distribution* et plusieurs enseignes ** ont signé le 8 décembre un « Pacte de solidarité commerciale pour les négociations commerciales 2023 ». Ce pacte est placé sous l’égide de l’Etat et a été signé en présence des ministres Olivia Grégoire (Commerce) et Roland Lescure (Industrie). « Il est nécessaire, dans le contexte des négociations commerciales pour l’année 2023, que les distributeurs et les fournisseurs s’engagent sur un ensemble de bonnes pratiques permettant de fluidifier ces négociations commerciales et d’aboutir à des tarifs raisonnables, préservant à la fois l’équilibre économique des contractants, fournisseurs et distributeurs, et le pouvoir d’achat des consommateurs » précise le préambule du document. Le pacte comporte huit engagements dont le principal concerne les demandes de hausses tarifaires. Le distributeur s’engage « à prendre en compte » la demande d’une hausse de tarif liée à la hausse des coûts de l’énergie, si le fournisseur apporte « de bonne foi », les justifications de cette hausse. Un point est dédié aux produits agricoles et alimentaires : « afin de pouvoir réajuster, à la hausse comme à la baisse, les prix en cours de contrat », les signataires s’engagent à inclure, conformément à la loi, « une clause de révision automatique des prix et une clause de renégociation des prix ».

Pénalités logistiques

Autre sujet important pour les fournisseurs et la production agricole, les distributeurs s’engagent, jusqu’au 1er mars 2023 « à ne pas appliquer de pénalités logistiques aux PME lorsque le fournisseur a notifié et justifié suffisamment en amont de la livraison le problème logistique auquel il est confronté ». L’ensemble de ces engagements s’applique de façon transitoire pendant la période de négociation 2023. En cas de litiges, les signataires s’engagent à avoir recours à la médiation (Médiateur des entreprises ou Médiateur des relations commerciales agricoles). Dans un communiqué, l’association nationale Pommes-Poires (ANPP) prend acte de cet « engagement vital pour les arboriculteurs français ». « De grosses attentes existent aujourd’hui du côté des producteurs pour enfin voir acceptée la hausse des prix qu’ils revendiquent. Sans cela, le couperet des faillites et des arrachages qui plane aujourd’hui sur la filière, finira inexorablement par s’abattre » écrit l’ANPP. 

* ADEPALE, FEEF ;

** Aldi, Auchan Carrefour, Casino, Cora, Intermarché/Netto, Leclerc, Lidl, Système U. 

 

Négociations commerciales : le gouvernement appelle à l’apaisement 

Dans un communiqué du 16 décembre, le Gouvernement a indiqué que, lors de la première réunion dans le cadre des négociations 2022-2023, « les ministres (*) ont rappelé le contexte exceptionnel qui doit conduire l’ensemble des acteurs à faire preuve de solidarité et à intégrer, dans leurs logiques de négociations, les contraintes de leurs partenaires commerciaux, aussi bien celles de l’amont agricole que celles des industriels ou des distributeurs ». Autrement dit, il appelle déjà l’apaisement. En effet de nombreux distributeurs ont refusé lors des rendez-vous précédents et refusent toujours de répercuter la hausse du prix des matières industrielles (énergie, transports, etc.). Ce qui provoque toujours d’importantes tensions entre les différents acteurs de l’amont et de l’aval de la filière alimentaire. « Les ministres ont solennellement appelé à l’esprit de responsabilité de l’ensemble des acteurs des filières afin que soit sécurisé notre tissu agricole et industriel, garant de notre souveraineté et de la production alimentaire des Français », précise le communiqué du gouvernement. Le prochain comité doit se tenir le 16 janvier 2023. 

(*) Marc Fesneau (Agriculture) ; Roland Lescure (Industrie) et Olivia Grégoire (PME, commerce)