EXCLU WEB / « Imaginer l’agriculture de demain », un débat pour rien

Lors d’un débat organisé par l’Académie du climat pour « Imaginer l’agriculture de demain », les participants ont démonté l’organisation économique et professionnelle agricole sans avoir de propositions de solutions convaincantes et réalistes à proposer.

EXCLU WEB / « Imaginer l’agriculture de demain », un débat pour rien

Centre de Paris, dans des locaux surchauffés de l’ex-mairie du 4e arrondissement de la ville, siège l’Académie du climat. Créée il y a un an, elle a réalisé l’exploit d’organiser le 14 décembre dernier un débat pour « Imaginer l’agriculture de demain » sans avoir invité un seul agriculteur pour y participer. Même si Francis Nappez, directeur de Hectar et cofondateur de Blablacar, se prévalait d’être « le directeur d’une ferme pilote ».  

En fait, aucun des débateurs n’avait réellement l’expérience et les compétences pour dessiner les contours de l’agriculture de demain, dont ils prétendent pourtant être les porte-drapeaux, une agriculture du futur qui allierait performance écologique, performance environnementale et performance économique. Aussi, la dizaine de candidats à l’installation présents parmi les 200 participants sont restés sur leur faim.

En revanche, que de contre-vérités ont été agitées et proférées par les intervenants pour démolir la PAC, l’OMC et les organisations professionnelles agricoles majoritaires.  Seul Arnaud Montebourg ancien ministre de l’Économie et du Redressement productif sous la présidence de François Hollande, a avancé des propositions de solutions plus en phase avec les problèmes de revenus des agriculteurs, nerfs de la guerre de la profession agricole. « Il faut déverrouiller l’organisation de la chaine de valeur pour que l’agriculture ne soit plus le fournisseur de l’aval et le débouché de l’amont », a-t-il défendu. L’ancien ministre promeut « le retour à des prix agricoles fixes et l’instauration de quotas ». Enfin, l’agriculture française et européenne de demain doit, selon lui, être protégée à ses frontières pour empêcher les importations de produits qu’il est interdit de cultiver dans l’Union européenne.

 

Sans engrais, sans intrants…

 

« Economie et idéologie ne peuvent pas tout résoudre, a aussi déclaré l’ancien ministre à l’instar des autres interlocuteurs médusés ! Il faut changer les pratiques agricoles qui ne donnent pas de résultats ».

En fait, l’ancien ministre n’est pas un adepte du « tout bio ». « Sans solution chimique, des maladies réapparaissent dans les champs, a insisté Arnaud Montebourg. En ne récoltant que 5 quintaux de blé par hectare, des céréaliers bio sont aujourd’hui ruinés en Bourgogne ».

En commençant le débat, les intervenants s’étaient donnés comme mission d’apporter des contributions à la concertation lancée par le ministère de l’Agriculture pour élaborer le texte de la prochaine loi d’orientation agricole. Ces contributions devaient notamment porter sur l’orientation, la formation ou encore la transmission et l’installation. Au lieu de cela, Matthieu Calome expert des problématiques agricoles, a imaginé l’agriculture de demain sans engrais, sans ruminants et sans hydrocarbures fossiles. Et pour financer sa politique agricole, il a suggéré d’injecter une partie des milliards d’euros alloués aux banques centrales pour lutter contre les crises financières à l’agriculture.

La personnalité qui aurait mérité d’être entendue durant le débat de l’Académie du climat est Audrey Pulvar, adjointe au maire de Paris chargée de l’alimentation durable, de l’agriculture et des circuits courts. Mais elle n’a fait qu’une brève apparition, juste le temps de présenter l’événement, avant de se retourner à ses occupations. Selon elle, Paris invente déjà l’agriculture de demain. « La capitale est même le pilier d’une transition de l’agriculture, a défendu l’adjointe. Grâce la commande publique, la ville de Paris donne les moyens à des agriculteurs situés à moins de 250 kilomètres de Paris de fournir les produits bio ou durables servis dans les cantines scolaires », a-t-elle certifié. Bref, un débat vraiment pour rien.