Les brèves du 21 décembre 2022

Mis en ligne par Cédric Michelin
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Voici les brèves du 21 décembre 2022

Les brèves du 21 décembre 2022

Crise du bio : comment de grands groupes encouragent la déconversion (enquête)
Dans les filières bio en crise, des acteurs de poids confirment à Agra presse qu’ils encouragent depuis plusieurs mois des producteurs bio à retourner vers le conventionnel, afin « d’alléger les marchés et de protéger l’existant », résume Jérôme Caillé, président de la commission bio de la Coopération agricole (lire notre enquête complète). En volailles de chair, chez Bodin (Terrena), « nous avons mis en juillet 2022 de l’argent de notre caisse de risque sur la table pour proposer à une vingtaine de producteurs de repasser en label », confie Jérôme Caillé, également secrétaire du comité des éleveurs de la SA. Au sein de Lactalis aussi, depuis six mois, « nous ouvrons la porte dans les OP à ceux qui se poseraient la question de retourner vers le conventionnel », confirme Fabien Choiseau, directeur approvisionnement lait du groupe. Moins d’une dizaine de producteurs auraient accepté la double promesse : non-application des pénalités des contrats et aucun remboursement demandé des aides accordées par l’entreprise pour la conversion. De même au sein du Gouessant, en œuf bio, « 20 à 25 % de la production bio a été rebasculée en plein air entre 2021 et 2022 », illustre Patrice Sort, responsable du négoce œuf. Un système temporaire avait été mis en place en 2021, avec un rachat d’œuf produit en label au prix du bio, avant de passer à la déconversion complète face à l’évolution du marché. En porc également, Jacques Bourgeais, directeur de la Cavac, a confirmé lors d’un point presse le 15 décembre que sa coopérative accompagne « les agriculteurs impliqués dans la production porcine bio vers d’autres activités ». (Agra, avec correspondance de Tanguy Dhelin)

Influenza aviaire : un vaccin « prêt au mois de juin 2023 », selon Christiane Lambert
Le vaccin contre l’influenza aviaire sera « prêt au mois de juin de l’année prochaine », a annoncé la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, le 20 décembre sur France info. « Je souhaite vraiment qu’il y ait une accélération », a-t-elle appuyé, « parce que pour les producteurs qui ont investi dans des bâtiments, qui ont repeuplé, et qui doivent tuer leur élevage après quinze jours, psychologiquement, c’est épouvantable. » L’influenza aviaire « s’installe de façon endémique aujourd’hui » en France, a estimé Mme Lambert. « Puisque la maladie s’installe, il faut trouver une solution pérenne. Le vaccin est la solution. » Deux vaccins pour les palmipèdes sont encore en cours d’expérimentation en France. Concernant les galliformes (poulets, dindes, etc.), un seul vaccin est autorisé en France. Mais, dans un avis publié le 16 décembre, l’Anses a estimé que « les conditions ne sont pas réunies pour une mise en place de la vaccination chez les galliformes pour l’automne 2022 ». Une position motivée par le faible nombre de doses disponibles et une efficacité incertaine, et qui constitue une « très forte déception », a réagi Mme Lambert. En parallèle de l’expérimentation, le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau a annoncé une stratégie vaccinale pour mars 2023, avec l’objectif d’un déploiement à l’automne.

FNSEA : candidat à la présidence, Rousseau promet une « nouvelle gouvernance »
Au lendemain de l’annonce faite au conseil d’administration de la FNSEA de sa candidature à la succession de Christiane Lambert à la présidence, l’actuel premier vice-président Arnaud Rousseau a adressé un courrier aux élus du syndicat majoritaire, daté du 16 décembre et qu’Agra presse a pu consulter. Il leur annonce officiellement sa candidature et présente en trois « mots-clés » son projet : « ambition, conviction et action ». « Son » ambition est que « l’agriculture soit considérée comme la clé de voûte de notre souveraineté alimentaire et énergétique » et une solution pour « les défis climatiques et l’aménagement du territoire ». « Sa » conviction est qu’il faut « sortir d’une posture de citadelle assiégée » en portant « la voix d’une agriculture offensive ». Et l’action « qu’il propose » est « une FNSEA qui se rassemble autour du goût d’entreprendre ». En outre, Arnaud Rousseau veut « une FNSEA plus proche du terrain, plus à l’écoute de sa pluralité ». Pour ce faire, il promet « une nouvelle gouvernance, modernisée, pour anticiper, débattre, proposer, construire des alliances, convaincre la société ». Cette gouvernance doit par ailleurs « s’ancrer davantage dans les territoires », plaide-t-il.

OMC : les É.A.U. et le Cameroun accueilleront les deux prochaines conférences ministérielles
À l’occasion d’une réunion du Conseil général, les membres de l’OMC ont accepté le 19 décembre l’arrangement conclu entre les Émirats arabes unis (É.A.U.) et le Cameroun pour organiser les deux prochaines Conférences ministérielles. Le premier accueillera la treizième Conférence ministérielle (CM13) la semaine du 26 février 2024 à Abou Dhabi et le second accueillera la quatorzième Conférence ministérielle (CM14) à une date qui reste à déterminer. Concernant l’agriculture, les membres devraient, conformément à la Déclaration de la CM12 sur la sécurité alimentaire, proposer lors de la CM13 des recommandations pour répondre à cet enjeu au sein des pays en développement (importateurs nets de produits alimentaires et pays les moins avancés). Un groupe de travail a notamment été constitué à cet effet. Les membres tenteront de trouver un consensus pour adopter une déclaration relative aux réformes de l’agriculture en vue de déterminer des programmes de travail sur l’ensemble des chapitres en discussion (soutiens internes, stockage public, mécanisme de sauvegarde, accès au marché, restrictions à l’exportation, concurrence à l’exportation, coton et transparence). La CM13 sera aussi l’occasion de renforcer l’Accord SPS (sanitaires et phytosanitaires) pour répondre en particulier aux défis du changement climatique.

Police unique de sécurité sanitaire : le calendrier de la réforme détaillé
Annoncée pour janvier 2023, la fusion des compétences de sécurité sanitaire au sein d’une police unique sous l’égide du ministère de l’Agriculture se fera en plusieurs étapes sur l’année 2023, apprend-on dans un article publié le 15 décembre sur le site d’information vie-publique.fr. Les missions de sécurité sanitaire ne seront totalement assurées par la DGAL et les services déconcentrés de Varenne qu’au 1er janvier 2024. Une première échéance est fixée au 1er septembre : à cette date, la DGCCRF se « retirera définitivement du champ de la sécurité sanitaire, à l’exception des missions de contrôle du respect des exigences d’hygiène dans les restaurants et autres commerces de bouche ». Ces dernières « se poursuivront conjointement avec la DGAL jusqu’au 31 décembre 2023 ». La création d’une police unique en charge de la sécurité sanitaire des aliments avait été annoncée en mai par le gouvernement. La réforme, qui prévoit le transfert de 60 emplois de la DGCCRF vers la DGAL, a rencontré des résistances au sein des administrations ministérielles. Alors que le gouvernement a l’ambition d’augmenter le nombre de contrôles, les représentants des salariés anticipent plutôt une baisse en 2023 (voir Agrafil du 29 novembre). La DGS (ministère de la Santé) conservera ses compétences sur la qualité sanitaire des eaux destinées à la consommation humaine.

Pac post-2027 : le CGAAER invite à « reconcevoir la régulation des marchés »
Dans un rapport portant sur l’évolution des revenus agricoles, finalisé au printemps et publié récemment, le CGAAER (ministère de l’Agriculture) fait plusieurs propositions pour faire face à une hausse attendue des charges (intrants, primes d’assurances) et des aléas (climatiques, géopolitiques et sanitaires) sur les 30 ans à venir. Les auteurs proposent notamment de mieux étudier la « diversité des systèmes agricoles », « renforcer la formation » des agriculteurs, mieux les informer sur les pistes de diversification, mieux harmoniser les réglementations… La cinquième recommandation est plus ambitieuse : le CGAAER « invite à explorer les différentes possibilités de reconception d’un système de régulation des marchés en vue de la nouvelle programmation de la Pac post 2027 ». Pour les auteurs, « les très fortes fluctuations des prix mondiaux ne peuvent que générer de grandes tensions dans la chaîne de valeur en l’absence de dispositif de régulation et dans un marché européen ouvert ». Durant les trois dernières décennies, la Pac a été marquée par le retrait continu des outils de régulation des marchés, avec comme dernières grandes étapes la fin des quotas laitiers, puis sucriers.

Lait : les prix français et nord-européens pourraient se rapprocher en 2023 (Idele)
Le prix du lait à la production « conserve encore une légère marge de progression » en France, tandis que les prix du lait en Europe du Nord, plus élevés qu’en France car « très fortement reliés aux prix des ingrédients », pourraient être amenés à baisser, indique l’Institut de l’élevage (Idele) dans la publication Tendances du mois de décembre. « Le prix des ingrédients ayant baissé, le prix du lait valorisé en beurre/poudre maigre baisse également tant sur le marché mondial que sur le marché européen », note l’Idele. D’après les informations de l’organisation du secteur laitier néerlandais (ZuivelNL), « la plupart des transformateurs (européens, ndlr) ont annoncé une stabilité des prix voir de nouvelles augmentations pour novembre et décembre 2022 », indique l’Idele. « Néanmoins, il y a fort à parier qu’ils inverseront la tendance et les corrigeront à la baisse en début d’année 2023 ». Les éleveurs européens anticipent déjà cette baisse de prix en produisant plus de lait : la vente d’alimentation animale est à la hausse et la collecte est dynamique. Contrairement à certains de nos voisins comme l’Irlande ou l’Allemagne, le prix du lait en France dépend largement de sa valorisation en grande distribution. La revalorisation du prix du lait payé aux producteurs français dépendra donc du résultat des négociations commerciales entre industriels et distributeurs qui prendront fin au 1er mars.

Champagne : François Pinault achète la maison Jacquesson
Artémis Domaines, la société viticole du milliardaire François Pinault, a fait l’acquisition de la maison de champagne Jacquesson, a-t-elle annoncé le 20 décembre dans un communiqué. La société du milliardaire, déjà propriétaire entre autres du vin Château Latour et du champagne Henriot, devient « l’actionnaire unique » de la maison Jacquesson, dont il était actionnaire minoritaire depuis février 2022, précise le communiqué. La maison Jacquesson, fondée à Dizy, en Champagne, était jusqu’ici la propriété de la famille Chiquet, qui l’avait acquise en 1974. L’exploitation occupe 40 hectares et produit 300.000 bouteilles par an. Jean Garandeau, directeur général de la maison Jacquesson depuis septembre 2022, conserve son pilotage. Jean-Hervé Chiquet, l’ancien propriétaire, continuera de siéger au conseil d’administration de la maison. Artémis Domaines a fusionné en octobre 2022 avec la maison familiale Henriot, qui en est devenue actionnaire minoritaire aux côtés de la famille Pinault, majoritaire. Artémis Domaines détient une dizaine de propriétés viticoles parmi lesquelles Château Latour et Clos de Tard en Bourgogne, Château Grillet dans la vallée du Rhône, Bouchard Père et Fils et Henriot en Champagne ainsi que Eisele Vineyard en Californie et Beaux Frères dans l’Oregon, aux États-Unis.

À nos abonnés : possible ralentissement des parutions durant les fêtes de fin d’année
En raison du ralentissement de l’actualité durant les fêtes de fin d’année, les brèves pourront être diffusées à un rythme moins soutenu jusqu’au 1er janvier. En vous remerciant de votre compréhension.