Elections présidentielles
Controverses de l’agriculture : l'agriculture se lance à l'assaut des Présidentielles !

À l’occasion des Controverses de l’agriculture - évènement organisé par nos agences de presse : Réussir-Agra -, les volets agricoles des huit principaux partis en lice pour la présidentielle ont été esquissés par leurs candidats, ou leurs porte-paroles agricoles. Retour sur les faits marquants de cette matinée. L'intégralité de la couverture est à retrouver sur notre site web Agri71.fr.

Controverses de l’agriculture : l'agriculture se lance à l'assaut des Présidentielles !

Le groupe Réussir-Agra organisait comme chaque année ses Controverses de l’agriculture et de l’alimentation, dédiées cette année à l’élection présidentielle. Les huit principaux partis en lice étaient présents le 15 février, dont les programmes agricoles sont connus pour la plupart d’entre eux, à l’exception notable de ceux de Marine Le Pen et d’Emmanuel Macron. Si l’on exclut le bon mot de Fabien Roussel (PCF) (« J’aime les fermes, j’aime les usines, mais je n’aime pas les fermes-usines »), voici ce qu’il fallait retenir de cette matinée.

Les agriculteurs moins certains d’aller voter qu’en 2017

Selon une enquête Ipsos-Sopra Steria en partenariat avec le Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof), conduite entre le 3 et le 7 février, seulement 45 % des agriculteurs sont certains d’aller voter au premier tour de l’élection présidentielle, contre 65 % pour le reste de la population, a annoncé le directeur du Cevipof Martial Foucault, lors des Controverses. Il s’agit d’un décrochage par rapport à 2017 : à la même époque, 67 % des agriculteurs envisageaient de voter, contre 72 % pour l’ensemble des Français. Selon Martial Foucault, cette baisse pourrait être due à l’arrivée de nouveaux acteurs dans le paysage politique national, et des débats agricoles moins marqués qu’il y a cinq ans. Le chiffre pourrait toutefois rapidement évoluer après le Salon de l’agriculture.

À ce stade, 29 % des agriculteurs prévoyant de voter choisiraient Emmanuel Macron, 24 % Éric Zemmour, 10 % Marine Le Pen, et seulement 7 % Valérie Pécresse. Ce dernier chiffre marque une « évolution radicale » pour la famille politique représentée par Les Républicains. En 2017, François Fillon et Marine Le Pen avaient la préférence des agriculteurs, a rappelé Martial Foucault. Les chiffres des autres candidats n’ont pas été dévoilés, compte tenu du faible échantillon statistique.

Denormandie élude

Après l’hebdomadaire Le Point, le quotidien Le Monde rapportait le 12 février que l’actuel ministre de l’Agriculture Julien Denormandie était actuellement le mieux placé pour occuper la place de directeur de campagne d’Emmanuel Macron. Invité aux Controverses, Julien Denormandie a été questionné sur cette éventualité et a simplement répondu : « Je suis ministre de l’Agriculture ». Plutôt focalisé sur son bilan, le jeune locataire de la Rue de Varenne s’est peu avancé sur l’éventuel programme d’Emmanuel Macron. Il a simplement évoqué un besoin d'« aller plus loin dans certains allègements fiscaux, donner de la pérennité au TO-DE » pour améliorer le revenu des agriculteurs.

Questionné le 17 janvier à l’Assemblée, Julien Denormanie avait évoqué les « sujets très importants » pour lesquels il poursuivrait le travail engagé. « Un : la rémunération, la mère des batailles. Deux : la troisième révolution agricole ». Et troisièmement : défendre la « valeur » de l’alimentation, notamment « nutritionnelle ». Le ministre plaide pour un travail sur l’éducation à l’alimentation. « L’alimentation a une valeur », affirme le ministre. Dans le débat sociétal, cela doit « s’imposer comme une force de l’évidence » dès le « plus jeune âge ».

 

Esquisse de programme agricole au RN

Durant la matinée, l’eurodéputé du Rassemblement national (RN) Gilles Lebreton a esquissé le programme agricole de Marine Le Pen à la présidentielle. Une première mouture complète de ce programme serait déjà sur le bureau de la candidate, qui doit la valider en vue d’une présentation durant le Salon de l’agriculture, a précisé l’élu. « La priorité doit être de maintenir notre souveraineté alimentaire », a exposé l’eurodéputé en préambule de son intervention.

Pour ce faire, le RN propose trois pistes : l’encadrement des prix agricoles, un « choc d’investissement » et la « lutte contre les traités de libre-échange ». À ce titre, le RN s’oppose à la signature des traités commerciaux avec l’Australie et la Nouvelle-Zélande, et par principe « aux traités pour lesquels il y a un danger pour l’agriculture ». Le parti d’extrême-droite souhaite par ailleurs « garantir les prix » aux agriculteurs et imposer « 80 % de produits français dans les cantines ». Le RN serait par ailleurs opposé aux OGM, mais prêt à « envisager » les NBT (nouvelles techniques de génie génétique) si les « rapports qui tendent à dire qu’ils sont différents des OGM » étaient confortés.

Greenpeace donne deux bons points

Réagissant aux interventions des candidats, l’ONG Greenpeace estime que Benoît Biteau (EE-LV) et Loïc Prudhomme (LFI) sont « sortis du lot ». Les deux candidats se sont « démarqués en prônant une nécessaire réduction de la consommation de viande et la fin des élevages industriels au profit d’élevages écologiques, en rappelant l’urgence de la sortie des pesticides et du glyphosate », résume Greenpeace. À l’inverse, l’intervention de Julien Denormandie, « défendant une fuite en avant technologique », n’a pas été du goût de l’ONG, tout comme « les interventions suivantes » par leur « incapacité à saisir l’urgence de la transition agroécologique » et la nécessité de transformer fondamentalement nos modèles alimentaires ». Greenpeace aurait aussi souhaité des « positions plus marquées sur l’encadrement strict de tous les OGM et […] le droit à l’alimentation ».