EXCLU WEB / Les animalistes veulent peser dans la présidentielle

Christophe Soulard
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Un collectif d’associations animalistes a organisé, mi-mars, une conférence de presse pour présenter les résultats d’un sondage sur les animaux et l’élection présidentielle. L’occasion pour les ONG de redire, en particulier, leur opposition à l’élevage conventionnel et à la chasse. 

EXCLU WEB / Les animalistes veulent peser dans la présidentielle

Depuis quelques années déjà, les organisations non gouvernementales (ONG) animalistes accentuent leurs actions de lobbying pour faire entendre leur voix. Mais leur porte-voix, la co-présidente du Parti animaliste l’avocate Hélène Thouy, n’est pas parvenue à recueillir les 500 parrainages nécessaires pour participer à l’élection présidentielle. En désespoir de cause, les ONG entendent tout de même peser dans le débat et se réjouissent déjà d’avoir obtenu quelques succès comme la fin du broyage des poussins, la fin de la castration à vif des porcelets ou encore la fin de l’élevage des animaux à fourrure. « La France rattrape peu à peu son retard vis-à-vis d’autres pays européens », a souligné Lorène Jacquet, responsable campagnes et plaidoyer de la Fondation Brigitte Bardot (FBB). Les ONG surfent volontiers sur le soutien et la considération que les Français portent à leur action. Selon le sondage réalisé par l’Ifop (lire encadré), 81 % d’entre eux se déclarent sensibles à la cause animale. D’ailleurs, ce sont les personnes issues des catégories modestes (89 %) et habitant le milieu rural (86 %) qui partagent cet avis, créant une légère distanciation avec le milieu urbain : 74 % des personnes aisées et 80 % de celles habitant en région parisienne se disent « sensibles » à cette cause.

« Aller plus loin »

Une fracture se marque plus nettement sur l’échiquier politique, selon que l’on soit de gauche ou de droite. Ainsi des partis comme Europe-Ecologie Les Verts (EELV) et La France insoumise (LFI) se sont clairement positionnés pour le bien-être animal, l’interdiction de la corrida ou celle « de l’abattage sans étourdissement », a affirmé Melvin Josse, directeur de l’association Convergence Animaux Politique. À droite, « les appareils politiques sont plus réticents à se positionner […] On sent une gêne par exemple chez eux. Ils peinent à se positionner, entre volonté d’affichage et défense des valeurs traditionnelles de leur camp », a-t-il expliqué. Les clivages sont en revanche plus nets et plus francs quand il s’agit de la chasse, les candidats de droite à la présidentielle affichant leur soutien quand ceux de gauche veulent plus encadrer voire interdire cette pratique. Quant au président sortant, « sa stratégie et son positionnement sont illisibles sur la condition animale », a-t-il lâché. D’une manière générale, les ONG animalistes (ce n’est pas une surprise) estiment qu’il faut « aller plus loin » non seulement dans le débat mais aussi dans l’action. Ainsi, Frédéric Freund, directeur de l’œuvre d’assistance aux bêtes d’abattoir (OABA) a-t-il déclaré que « tous les animaux d’élevage étaient maltraités au sens de la définition de l’Anses et des cinq libertés que cette définition entend respecter ». Les ONG veulent profiter de cette campagne, des législatives, des stratégies européennes (Farm to Fork, Biodiversité 2030, réforme de la PAC, etc. ) et de leurs appuis à Bruxelles pour faire avancer leurs dossiers notamment l’interdiction des cages en 2027, « la transition de l’élevage » et la restriction voire l’interdiction de la chasse. L’objectif bien qu’il ne soit pas ostensiblement affiché reste évident : réduire la consommation de produits carnés et aller vers plus de végétalisme.

Un décalage entre l’attente et l’engagement 

L’une des particularités de ce sondage réalisé par l’Ifop est qu’il marque un décalage notable, d’après eux, « entre les attentes des Français en matière de condition animale et l’engagement » des candidats à l’élection présidentielle. Ainsi Yannick Jadot arrive en tête (45 %) des candidats que les Français jugent engagé dans la cause animale. Il précède Marine Le Pen et Jean Lassalle tous les deux à 35 %. « Mais Jean Lassalle (contrairement aux deux premiers, N.D.L.R.) n’a pas signé notre charte d’engagement et ne propose aucune mesure en faveur des animaux. Il défend l’élevage, les chasses traditionnelles et veut éradiquer les grands prédateurs… », s’étrangle Agathe Gignoux, chargée d’affaires publiques au Compassion in World Farming (CIWF). « Sans doute son bon positionnement est-il à son image de rural, de berger, proche de la nature et des paysans », se rassure-t-elle.