Les brèves du 22 mars 2023

Mis en ligne par Cédric Michelin
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Les brèves du 22 mars 2023

Les brèves du 22 mars 2023

Manifestation « anti-bassines » : jusqu’à 10.000 personnes attendues dans le Poitou

De 7.000 à 10.000 militants anti-bassines, dont plus d’un millier de radicaux, sont attendus à partir de vendredi 24 mars jusqu’à dimanche dans les Deux-Sèvres et la Vienne pour protester contre ces grandes réserves d’eau pour l’agriculture, a appris l’AFP, ce 21 mars, de source proche du dossier. Selon une note du renseignement territorial révélée par RTL et dont l’AFP s’est fait confirmer le contenu, des activistes préparent « une multitude d’actions offensives » dont des « opérations de sabotages » contre des mégabassines ou des entreprises participants à ces chantiers. Fin octobre, plusieurs milliers de personnes (4.000 selon les autorités, 7.000 selon les organisateurs) s’étaient rassemblées à Sainte-Soline (Deux-Sèvres) pour protester contre le chantier d’une retenue d’eau, la deuxième d’un projet qui en compte 16 dans le département. Plus de 1.500 gendarmes avaient été déployés et 61 avaient été blessés dont 22 sérieusement, avait assuré à l’époque le ministère de l’Intérieur. Le dispositif pour ce week-end est "encore en cours" d’élaboration mais « plus de 2.000 » forces de l’ordre seront mobilisées, a indiqué la source proche du dossier.

 

Fruits : doublement attendu des zones à risque climatique « élevé/extrême » à 2030 (étude)

Dans un communiqué paru le 21 mars, l’assureur Axa Climate présente les principaux résultats d’une étude commandée par la FNPF (arboriculteurs, FNSEA) analysant les effets du changement climatique sur les vergers français (16 cultures étudiées, dans 25 départements). Dans le scénario étudié (+1,5°C d’ici 2030), le nombre de zones de production « à risque extrême ou élevé » va doubler (45 % contre 22 % aujourd’hui), « principalement à cause des vagues de chaleur et du gel ». Mais ce risque restera « très variable » d’un fruit à l’autre et d’un département à l’autre, atteignant 60 % pour les abricots et 25 % pour la pomme ». Dans le détail, la température moyenne augmente d’1,2°C dans les régions étudiées (+1,7°C en été). Le risque de gelées printanières « perdurera », avec 86 % des départements étudiés qui subiront toujours des températures négatives en mars (17 % en avril). Le rayonnement solaire augmentera (+2,3 kW/m2, soit + 4,2 %), « ce qui pourrait induire des risques de coups de soleil pour les cultures tardives ». Le bilan hydrique cumulé annuel diminuera de 38 % en moyenne, « avec de fortes disparités géographiques (-47 % dans le Tarn) ».

 

PPL Descrozaille : adoption définitive au Sénat, pas de changement sur l’alimentaire

Les sénateurs ont définitivement adopté, le 21 mars, la proposition de loi (PPL) Descrozaille portant sur l’équilibre des négociations commerciales entre industriels et distributeurs. Les parlementaires étaient appelés à se prononcer sur la version élaborée en commission mixte paritaire (CMP), le 15 mars. Seule modification apportée au texte issu de la CMP : l’expérimentation de l’encadrement des promotions pour les produits de droguerie, parfumerie et hygiène (DPH), débutera le 1er mars 2024, et non pas à parution de la loi. À partir de cette date, ils seront soumis aux mêmes règles que les produits alimentaires (plafonnement des promotions à 34 % en valeur et 25 % en volume). Cette mesure n’entre pas immédiatement en vigueur « sinon elle rendrait caducs tous les accords et les plans d’affaires élaborés ces dernières semaines pendant les négociations (commerciales) », a expliqué en séance la rapporteure du texte au Sénat, Anne-Catherine Loisier (Côte d’Or, centriste). La PPL sera soumise demain 22 mars au vote des députés à l’Assemblée nationale pour entériner son adoption définitive. « La loi devrait être ensuite promulguée dans un délai maximum de quinze jours par le président de la République, sauf si le Conseil constitutionnel est saisi sur ce texte », précise un communiqué du Sénat. [Voir notre dossier sur la PPL Descrozaille]

 

Pesticides : l’Inrae présente trois scénarios pour en sortir en Europe d’ici 2050

L’Inrae a dévoilé le 21 mars trois scénarios permettant de supprimer les pesticides de synthèse d’ici 2050, travail de deux années mené par une centaine d’experts. « Dans tous les cas, la transition exigera des mesures fortes et des engagements de l’ensemble des acteurs », prévient Olivier Mora, l’un des auteurs du rapport. Tous les scénarios, souligne-t-il, supposent par exemple des changements de régimes alimentaires, des réformes de la Pac, de meilleurs mécanismes de surveillance des maladies ou encore une réciprocité renforcée dans les accords commerciaux. Le scénario « marché global » mise en plus sur une plus grande intensité technologique permettant d’apporter des traitements individualisés à la plante. Espérant valoriser les interactions entre plantes et micro-organismes, le scénario « microbiomes sains » encourage des pratiques telles que l’inoculation des sols. Dans le scénario « paysages emboîtés », l’adoption de régimes moins riches en protéines animales permet d’allouer 20 % de la surface agricoles à des infrastructures agroécologiques en valorisant les prédateurs naturels des bioagresseurs. C’est pour ce scénario en particulier que « beaucoup de connaissances sont déjà disponibles », appuie Olivier Mora. Les modalisations montrent également que le troisième scénario présente les plus faibles émissions de gaz à effet de serre, tout en permettant d’augmenter les exportations agricoles.

 

Conditionnalités Pac : le ministère de l’Agriculture publie la nouvelle grille de sanctions

Dans un arrêté publié le 21 mars, le ministère de l’Agriculture a fait paraître le nouveau régime de sanctions liées au non-respect des conditionnalités de la Pac. Elles vont de la simple « alerte informatique » à une réduction de l’aide de 15 %. Pour rappel, avec la nouvelle Pac 2023-2027, de nouveaux critères ont été ajoutés aux anciennes conditionnalités, en sus des Exigences en matière de gestion (ERMG) et des anciennes Bonnes conditions agro-environnementales (BCAE). Il s’agit d’abord des mesures qui avaient été introduites dans la Pac en 2013 dans le cadre du « verdissement » (devenu « paiement vert ») et qui sont ajoutées à la liste des BCAE. Ensuite, les conditionnalités intègrent désormais un volet social ; les bénéficiaires de la Pac devront respecter des éléments du droit social et du travail européen pour recevoir leurs aides (p.ex. interdiction du travail des femmes enceintes avec marteau-piqueur). Dans un arrêté paru le 18 mars, le ministère de l’Agriculture a déjà fait paraître les nouvelles BCAE. Et quelques mois plus tôt, dans un décret paru le 31 décembre, la Rue de Varenne avait publié les règles transversales des conditions d’accès aux aides Pac pour la campagne 2023.

 

Ecorégimes : la certification CE2 + entre en vigueur, la FNSEA se félicite

La certification CE2 + est « enfin effective » après la parution début mars de plusieurs textes réglementaires, se félicitent la FNSEA, l’AGPB et l’AGPM dans un communiqué commun. Car cette certification, rappellent-ils, « ouvre une nouvelle voie d’accès aux écorégimes » et permettra aux agriculteurs de bénéficier du niveau de paiement inférieur. Pour prétendre à accéder à l’écorégime par ce biais, les fermes devront tout d’abord remplir les critères de la certification environnementale de niveau 2, soit par un audit externe, soit à travers une "auto-évaluation". Elles devront ensuite atteindre au moins dix points sur l’un des indicateurs de cette certification, ou justifier « de l’utilisation d’au moins deux matériels ou outils d’aide à la décision ». Autre exigence : participer à des démarches de recyclage comme Adivalor. Le texte accorde aux exploitations jusqu’au 31 août pour passer cette certification et bénéficier des écorégimes en 2023. Alors que le syndicat majoritaire estimait début janvier que la révision de la HVE n’avait pas été « indolore » pour les producteurs, il souligne ici à l’inverse que la CE2 + est une « certification exigeante adaptée aux réalités des exploitations agricoles ». Et d’inviter « tous les agriculteurs souhaitant accéder aux écorégimes par cette voie alternative à se rapprocher de leurs réseaux professionnels ».

 

ZNT : distance de 10 m confirmée pour les produits classés CMR2 (Journal officiel)

Les agriculteurs utilisant des produits suspectés d’être cancérigènes ou mutagènes (CMR2) devront désormais respecter une distance incompressible de 10 mètres par rapport aux habitations et au lieu de travail, comme le prévoit un arrêté publié le 21 mars au Journal Officiel. Le texte fait suite à une décision du Conseil d’État qui, saisi par plusieurs ONG dont Générations Futures et FNE, avait enjoint le gouvernement de revoir les distances pour ces molécules. Les juges s’étaient appuyés sur un rapport publié en juin 2019 de l’Anses, en soulignant que cet avis imposait aux décideurs « de prévoir des distances de sécurité supérieures à 10 mètres pour l’ensemble des produits classés cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction, sans distinction des catégories de danger ». Les documents qui avaient été soumis à consultation publique précisent cependant que la distance de 10 mètres s’applique uniquement aux produits « dont l’autorisation de mise sur le marché (AMM) ne comporte pas de distance de sécurité spécifique ». Le gouvernement a donc déjà demandé à l’Anses « d’accélérer » la mise à jour de distances spécifiques, qui pourrait concerner 86 des 296 produits classés CMR2.

 

Lin fibre : Normandie et Hauts-de-France réfléchissent à un fonds stratégique d’investissement

À l’occasion de la conférence de presse de l’Alliance du lin et du chanvre européens du 21 mars, les présidents de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, et de Normandie, Hervé Morin, ont annoncé le lancement d’une réflexion autour d’un « fonds stratégique » qui doit « permettre à l’ensemble des producteurs et industriels de bénéficier d’un écosystème favorable » pour produire du lin fibre. Tous deux ont exprimé la volonté d’associer à cette démarche la Bretagne et le Grand-Est, elles aussi engagées dans cette filière (fibre et textile). Ce futur fonds stratégique étant encore à l’état d’ébauche, aucun détail n’a pu être donné notamment sur les éventuels montants qui seront proposés. L’Alliance du lin et du chanvre européens a par ailleurs tenu à rappeler l’importance d’élaborer un système de description des fibres de lin « commun à tous ». S’appuyant sur l’imagerie optique et l’intelligence artificielle, ce cadre de référence sera à l’essai dans des usines de teillage pilotes dès 2023, et ce pour une durée de trois ans, a précisé Sophie Mayer, secrétaire générale de la Fédération des coopératives lin et chanvre. L’objectif étant de « fiabiliser ce modèle ».

 

Loi d’orientation : la FNSEA esquisse des pistes pour favoriser les transmissions

Un « guichet unique transmission-installation géré au niveau de la chambre », ou encore un « bonus sur la fiscalité pour les cédants qui installent des jeunes » : la FNSEA souhaite voir ces propositions reprises dans le projet de loi d’orientation agricole (LOA), a indiqué Yannick Fialip, membre du bureau, lors d’une conférence de presse le 21 mars. « Il faut aller plus loin sur le portage du foncier et des capitaux », a ajouté cet éleveur de Haute-Loire. Avec Hervé Lapie (secrétaire général adjoint, Marne), Yannick Fialip est l’un des auteurs du rapport d’orientation de la FNSEA, intitulé « Entreprendre en agriculture, notre projet, notre futur ». Réalisé tous les trois ans, ce document sera présenté le 30 mars au congrès d’Angers. Au-delà de la LOA, ce rapport porte sur trois « grandes orientations ». Premier enjeu : les actifs agricoles, car « le manque de bras est en train de devenir un facteur limitant dans certaines filières », selon M. Fialip. Et d’ajouter, à l’instar de Christiane Lambert en janvier : « Il faut que l’on ouvre grand les bras » pour accueillir des porteurs de projet non issus du milieu agricole. Le second axe porte sur le « projet économique » (prix rémunérateurs, « liberté d’entreprendre dans nos exploitations ») et le dernier sur les « transitions ». [Voir notre dossier sur le projet de loi d’avenir agricole]

 

Congrès de la FNSEA : une entrepreneuse et une climatologue invitées à débattre

À l’occasion de son 77e congrès, le 30 mars à Angers, la FNSEA recevra notamment Valérie Masson-Delmotte, climatologue et membre du Giec, ainsi qu’Emmanuelle Duez, entrepreneuse, fondatrice de la société de conseil The Boson project et de l’ONG Youth forever, a annoncé Christiane Lambert le 21 mars. Les intervenantes participeront à une table ronde développant le thème du rapport d’orientation du syndicat, intitulé « Entreprendre en agriculture : notre projet, notre futur ». Les autres participants sont plus connus du monde agricole : Sébastien Abis (directeur du club Déméter), Jean-Philippe André (président de l’Ania), ou encore Bastien Sachet (p.-d.g. de la fondation Earthworm). Le président de la Ferme digitale Jérôme Leroy et l’écrivain Erik Orsenna concluront ces travaux. Installée en Maine-et-Loire, l’actuelle présidente Christiane Lambert passera la main lors du congrès d’Angers. Le 29 mars, les délégués éliront un nouveau conseil d’administration (69 membres), qui choisira en son sein un bureau et un nouveau président le 13 avril. Le seul candidat déclaré est Arnaud Rousseau, céréalier en Seine-et-Marne et président de la Fop (producteurs d’oléoprotéagineux, FNSEA) et du groupe Avril.

 

Pomme de terre : incertitude en Europe autour de l’évolution des emblavements (producteurs)

Dans un communiqué de presse daté du 20 mars, le NEPG, le groupe des producteurs de pommes de terre du Nord-ouest européen (Allemagne, Belgique, France, Hollande) s’interroge sur l’évolution de la superficie de pommes de terre sur son territoire en 2023. « Théoriquement, l’augmentation historique des prix des contrats devrait avoir un effet positif », estime le NEPG. Et « l’inconstance du marché des céréales, avec des prix quelque peu tempérés ces derniers mois, pourrait jouer également un rôle à cet égard », ajoute-t-il. En effet, l’industriel McCain et le groupement de producteurs de pommes de terre pour l’industrie Gappi avaient annoncé, en décembre, « une hausse historique moyenne de 37 % des prix de contrat » pour la campagne dite 2024 (plantée et récoltée en 2023). Mais si le NEPG table sur une augmentation « de quelques pourcents » des surfaces de pommes de terre, « reste à savoir si cela se produira réellement », nuance le communiqué de presse. En cause, selon le groupe de producteurs, un « manque de terres à pommes de terre », « des règles de la nouvelle Pac » et « des réglementations liées au Green Deal européen », qui ne « semblent pas » laisser « beaucoup de marge pour une expansion structurelle ».

 

Fromages : la consommation en apéritif et en salade a augmenté de 22 % en quatre ans

Près de 75 000 tonnes de fromages destinés à la dégustation en salade ou à l’apéritif ont été vendues en 2022, soit une hausse de 3 % des achats en grandes surfaces sur un an (en volume) et 5 % sur deux ans, selon les données de l’institut IRI, présentées le 21 mars par l’entreprise Entremont qui s’apprête à se lancer sur ce segment. « Par rapport à 2019, on est à +5 % de croissance sur les râpés, -2,5 % sur les portions, +22 % sur les salades-apéro et +12 % sur la raclette », a développé Olivier Athimon, directeur général de Sodiaal Fromage. Un apéritif sur trois se fait désormais avec du fromage. La première coopérative laitière, qui a repris Entremont en 2011, s’est inspirée de ces nouveaux usages en développant une gamme de cubes de fromages AOP (cantal et bleu d’Auvergne). Le traditionnel plateau de fromages en fin de repas est « en déclin », relève Gérald Saada, directeur marketing et R & D chez Sodiaal Fromage. Les occasions de consommer du fromage en fin de repas ont reculé de 10 % en quatre ans. En revanche, la consommation augmente en cuisine ou en snacking. Le confinement puis l’inflation font que les Français ont « de plus en plus envie de petits plats maison », note-t-il. La marque Entremont représente 20 % des 900 M€ de chiffre d’affaires de Sodiaal qui valorise 40 % de son lait en fromages.

 

Consommation : les Européens pensent acheter moins d’alcool et plus de fruits et légumes

Si les prix dans les rayons de la grande distribution augmentent encore dans les trois prochains mois, les consommateurs européens envisagent d’arrêter ou de réduire leurs dépenses en boissons alcoolisées (45 % des répondants) et d’augmenter leurs dépenses de fruits et légumes (10 %), d’après une étude publiée par l’institut Nielsen, le 17 mars. Autres arbitrages possibles : 54 % des Européens déclarent qu’ils arrêteront ou réduiront leurs dépenses de « confiserie ou snacks » et 20 % pensent augmenter leurs dépenses en boissons non alcoolisées. Cependant, « entre le déclaratif des consommateurs et la réalité magasin, les différences peuvent exister », souligne le panéliste. La hausse des prix de l’alimentation est la principale préoccupation de près d’un Européen sur deux (44 %). La tendance est au report des dépenses en restauration et en livraison de repas à domicile vers des achats de produits de grande consommation en magasin. Un consommateur sur deux (49 %) a vu sa situation financière se dégrader en 2022. Les Britanniques, les Polonais et les Allemands sont ceux qui se déclarent les plus touchés par les conséquences de l’inflation. À l’inverse, les Français sont « davantage préservés » que la moyenne des Européens (36 % déclarent une situation « moins bonne qu’avant » contre 49 %), note Nielsen.

 

Vin : InterLoire nomme Alexis Trentesaux directeur marketing et communication

L’interprofession des vins de Loire annonce l’arrivée début mars d’Alexis Trentesaux comme directeur marketing et communication. Il succède à Claire Duchêne, qui prend sa retraite après 38 ans à ce poste. Alexis Trentesaux arrive de chez Sodexo, où il a travaillé pendant dix ans sur différents projets tels que la création de nouvelles offres, la digitalisation d’outils et l’élaboration de l’identité de la branche services aux entreprises, selon un communiqué. Son arrivée à InterLoire s’inscrit « dans la stratégie du Plan filière 2030 qui vise notamment à développer la création de valeur sur des marchés ciblés ». L’interprofession compte « renforcer la notoriété du vignoble en France et à l’international ». InterLoire rassemble quelque 3 000 opérateurs (vignerons, maisons de négoce et coopératives).