Gaec Carry à Auxy
Apprendre à composer avec un potentiel limité

Marc Labille
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Sur le froid plateau d’Auxy dans l’Autunois, le Gaec Carry fait au mieux pour nourrir ses quelque 500 bovins. Maïs, céréales, prairies temporaires demeurent la clé de l’autonomie de cette exploitation qui engraisse sa production. Le potentiel limité des terres oblige à raisonner les coûts et l’efficacité.

Apprendre à composer avec un potentiel limité
Depuis deux-trois ans, Christophe et Hervé Carry ont fait évoluer leur rotation pour enrayer les problèmes d’enherbement.

Le 21 mars dernier, le Gaec Carry accueillait une « visite bout de champ » sur son exploitation. Cela fait dix ans que le Gaec participe à ce rendez-vous annuel mis en place en Autunois par les conseillers de la chambre d’agriculture et de l’ex Agri-Sud-Est (aujourd’hui Avéal). « C’est venu après la mise en place de notre plan de fumure avec notre conseillère de secteur, Sophie Mobillion. Nous avions besoin de conseils pour les cultures. À l’époque, ces réunions "bout de champ" avaient tout le temps lieu à Curgy où les sols sont plus favorables aux cultures comme le blé, la luzerne, le colza… Nous étions intéressés pour recevoir ces réunions chez nous où les terres sont plus froides et le potentiel plus limité », explique Christophe Carry.

Système plutôt « traditionnel »

Christophe et son oncle Hervé exploitent 276 hectares à Auxy sur un plateau boisé et froid à environ 500 mètres d’altitude au sol humide et acide. Le Gaec fait vêler 135 charolaises dont la production est quasiment toute engraissée excepté quelques broutards repoussés ou conduits en taurillons d’herbe. Toutes les femelles sont vendues grasses et une cinquantaine de mâles sont commercialisés en babys chaque année. Pour nourrir ces quelque 500 bovins présents sur la ferme, Christophe et Hervé cultivent 23-24 hectares de céréales à paille (blé 50 quintaux/ha, triticale 55 quintaux/ha) et 10 ha de maïs pour l’ensilage (10 à 15 tonnes de matière sèche par ha). « Il faut ça, pour s’approcher de l’autonomie en engraissant les mâles et les femelles », confie Christophe. L’altitude et le froid expliquent ce système « plutôt traditionnel », fait valoir l’agriculteur qui exclut de cultiver des protéagineux, ou des méteils, trop aléatoires à ses yeux. Idem pour une luzerne dont « le coût d’implantation n’est pas compatible avec le pH des terres », justifie-t-il. Et puis, « nous avons besoin de tous nos hectares pour nourrir nos bêtes », complète Christophe dont les animaux « profitent des moindres petits bouts de pré à pâturer en fin de saison ».

20 ha d’ensilage de prairies artificielles

Chaque année, le Gaec fauche vingt hectares d’ensilage d’herbe. Déprimées en mars-avril, ces prairies - mélange de ray-grass/trèfle blanc/trèfle violet/fétuque/dactyle sont fauchées vers le 10 juin. Cette date évite les problèmes de portance d’une fauche plus précoce, fait remarquer Christophe. Le rendement de ce fourrage atteint huit tonnes de matière sèche par hectare en moyenne pour une valeur de 11 points de protéines, détaille l’éleveur.

Ces prairies artificielles sont renouvelées à raison 3 – 4 ha chaque année. Elles sont laissées en place durant quatre ou cinq ans donnant une récolte en enrubannage suivie de quatre années d’ensilage.

Rotation contre les mauvaises herbes

Pendant de nombreuses années, le Gaec avait pour habitude de faire succéder ses céréales derrières céréales ce qui a fini par engendrer des problèmes d’enherbement, rapporte Christophe. Les échanges conduits lors des réunions "bout de champ" ont conduit les associés à instaurer une rotation. De deux maïs alternant avec six céréales, ils sont passés à : prairie artificielle – maïs – trois céréales – maïs – un ou deux céréales – prairie artificielle, etc. « C’est moins simple et demande de réfléchir un peu plus », confie Christophe. D’où l’intérêt des « tours de parcelles » réalisés dans le cadre des visites bout de champs. En quête d’autonomie alimentaire et d’optimisation des surfaces, Christophe et Hervé aimeraient pouvoir aller plus loin. Mais le potentiel limité des sols et la taille des parcelles obligent à « optimiser le coût d’implantation avec le résultat. Ici, on ne peut pas se permettre de prendre des risques. L’objectif, c’est que la plante pousse avec un rendement moyen », conclut Christophe qui apprécie les échanges techniques au sein des visites bout de champs.

 

Le 21 mars dernier, le Gaec Carry recevait un groupe d’agriculteurs sur ses parcelles pour une visite bout de champ animée par Julie Lausoeur, conseillère de secteur à la chambre d’agriculture, par Antoine Villard, conseiller grandes cultures et en présence de Denis Perrigueur d’Avéal.