OS Mouton Charollais
L'OS Mouton Charollais est en résistance…

Marc Labille
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Dans une production ovine toujours fragile, un secteur agricole qui peine à renouveler les générations, le Mouton Charollais est en résistance. Le dynamisme de son Organisme de Sélection lui permet tout juste de maintenir les effectifs. La complexité des dossiers, les charges, les incertitudes à l’export obligent à « serrer les boulons ».

L'OS Mouton Charollais est en résistance…
Avec 106 adhérents, l’OS maintient son effectif d’éleveurs, mais le nombre de brebis contrôlées était en baisse en 2023. La race attire malgré tout de nouveaux jeunes éleveurs qui compensent en partie les démissions.

L’Organisme de Sélection (OS) du Mouton Charollais a tenu son assemblée générale vendredi dernier à Charolles. Devant une quarantaine d’éleveurs dont certains venaient de loin, Pascal Chaponneau a présidé sa dernière assemblée générale. Après 12 ans passés à la tête de l’OS, l’éleveur-sélectionneur d’Uxeau souhaite laisser sa place à de jeunes responsables. C’est peu dire qu’il s’en est passé des choses durant cette douzaine d’années. Le concours national a déménagé de Palinges à Charolles pour le plus grand bonheur des éleveurs et du public. La station de contrôle individuel a été modernisée et elle a connu ses meilleures ventes. L’OS a fait reconnaître la qualité de la viande d’agneau charollais en lançant une marque. Dans le même temps, elle impulsait un retour à plus de qualités bouchères dans la sélection. La race a aussi connu d’importantes exportations de reproducteurs à l’international…

Durant douze ans, le Mouton Charollais n’a pas chômé et il le doit à la mobilisation des éleveurs et à une équipe particulièrement soudée et efficace. Tous ces efforts lui ont permis de bien résister, attirant même des jeunes séduits par la race et la sélection…

Autant d’éleveurs mais moins de brebis…

Mais l’évolution des troupes ovines rend la tâche de l’OS de plus en plus complexe. Si le prix de vente des agneaux de boucherie a retrouvé des couleurs, la dynamique ovine a tout de même été malmenée par l’arrivée du loup. L’exportation de génétique a connu son lot d’aléas commerciaux tandis que les dossiers techniques n’ont cessé de se complexifier.

Avec 106 adhérents au compteur, l’OS maintient son effectif d’éleveurs depuis une huitaine d’années. Mais le nombre de brebis contrôlées était en baisse en 2023, connaissant son chiffre le plus bas depuis 12 ans (6.584 brebis). La race recense malgré tout de nouveaux éleveurs qui compensent en partie les démissions. Aujourd’hui, le Mouton Charollais inscrit est présent dans 33 départements. La moitié de ces sélectionneurs sont en Bourgogne et les autres hors berceau.

Année commerciale « normale »…

En 2023, la race a connu une année commerciale « normale », rapportait la directrice de l’OS Aline Bonnot. Les sélectionneurs de Moutons Charollais ont servi leurs clients habituels à l’échelle européenne : en tête, la Belgique, l’Irlande et la Hongrie. Dans le cadre de ces exportations, une importante expédition de bovins charolais a été faite en Hongrie (88 femelles et 20 mâles). Ces opérations ont été réalisées en partenariat avec la filiale export du HBC Charolais Expansion, soulignaient-on. En 2023, les responsables de l’OS ont poursuivi leurs prospections sur le Mexique où ils se sont rendus par deux fois sur place. Un envoi de 500 doses de semences est prévu pour 2024 dans ce pays très intéressé par la génétique du berceau…

Bilan moins bon et perspectives incertaines…

Gonflé par les expéditions de bovins, l’export a « sauvé la marge commerciale de 2023 », présentait Aline Bonnot. Ces marges commerciales générées par l’ensemble des ventes de reproducteurs au sein de la race, « on en a besoin pour vivre », expliquait la directrice qui faisait état d’un chiffre en baisse en 2023. Car dans les comptes de l’OS pour 2023, les recettes que représentent les subventions et les cotisations et marquages sont en diminution. Dans le même temps, l’association fait face à certaines hausses de charges, heureusement compensées par des économies sur les frais de salon (au lendemain du 60è anniversaire) et en personnel (stagiaire). Au final, le bilan de l’année écoulée est moins bon que le précédent avec un résultat d’exercice négatif, concluait Aline Bonnot. Et avec une grande prudence, la directrice évoquait un prévisionnel pessimiste pour 2024. Une hausse du poste main-d’œuvre et des charges est attendue, de même qu’une nouvelle baisse des subventions. Et il plane une grosse incertitude sur les marges commerciales avec l’ombre du contexte sanitaire de la MHE et de la FCO 3 qui pèse sur les exportations à venir…

Schéma de sélection en question…

Sur le plan technique, l’OS fait face à un certain nombre de difficultés concernant son schéma de sélection. Pierre angulaire de ce dernier, la station de contrôle individuel souffre d’une baisse du nombre d’apporteurs depuis plusieurs années. En 2023, ils n’étaient que 45 éleveurs-sélectionneurs soit 43 % des adhérents à avoir un bélier testé à Palinges. Et ils n’ont été que 31 de la base de sélection à acheter un bélier à la station. Ce manque d’implication des éleveurs-sélectionneurs dans la station raciale interroge les responsables de l’OS. Une autre inquiétude concerne le recul de la diffusion génétique par insémination artificielle (IA). Cette baisse d’activité est en partie liée à des départs en retraite et à une évolution du marché de la viande moins favorable à l’insémination. Des problèmes de fertilité des béliers d’IA sont également incriminés. Cette baisse de l’IA n’épargne pas les éleveurs de la base de sélection qui ne sont que 37 % à utiliser les semences du schéma de sélection dans leur élevage.

En 2023, l’OS Mouton Charollais a lancé le génotypage de tous les béliers de la base de sélection. Les objectifs sont notamment d’estimer le taux de paternités erronées et de constituer une base de données des béliers de lutte. Il s’agit là de préparer le passage de la race à la sélection génomique.

 

 

Promotion de la race, de son élevage de sa viande

Promotion de la race, de son élevage de sa viande

En 2023, les défenseurs du Mouton Charollais ont brillé à de nombreux salons et foires : salon de l’agriculture à Paris en février, concours de bovins de boucherie d’Autun en mars, concours national de Charolles en août, Tech Ovin (87) en septembre, Sommet de l’Élevage (63) début octobre, Agrimax (57) fin octobre et Festival du Bœuf à Charolles en décembre… Sans oublier les manifestations plus locales telles que les concours non reconnus d’Issy-l’Évêque ou de Toulon-sur-Arroux ou d’autres évènements… L’OS continue de soigner sa communication en usant de son site Internet et des réseaux sociaux, diffusant vidéos, newsletters… Elle assure également diverses formations en direction d’étudiants et de professionnels. En 2023, le concours national a accueilli plusieurs délégations étrangères et l’OS s’est rendue en Irlande et au Mexique. La marque « l’Agneau Charollais » déposée par l’OS pour les agneaux de boucherie pure race continue son petit bonhomme de chemin. 130 agneaux ont été commercialisés avec cette signature en 2023. « L’Agneau Charollais » est mis en avant sur les concours d’animaux de boucherie d’Autun et du Festival du Bœuf. Il fait l’objet d’un partenariat pérenne avec l’Intermarché de Charolles (Boucherie du Téméraire) et un nouveau débouché a vu le jour avec la maison Doucet de Charolles.

Et demain la sélection de la résistance au parasitisme !

Et demain la sélection de la résistance au parasitisme !

Le Mouton Charollais s’intéresse de près au caractère de résistance au parasitisme. Un protocole de mesure de la résistance au parasitisme existe et ce caractère a une héritabilité qui justifie sa sélection. Ce protocole réalisé en station de contrôle individuel est appliqué par certaines races ovines. L’indexation de la résistance au parasitisme pourrait être accessible à toutes les races en 2027 et la race Charollaise s’y prépare. Un dossier de subvention sera déposé par l’OS cette année.