EXCLU WEB / Protéines végétales : « Une idée légumineuse »

Cédric MICHELIN
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Pour développer la consommation, une campagne de promotion démarrée en février dernier va se poursuivre jusqu’à la fin de l’année dans la presse écrite et digitale. L’objet est de proposer aux familles et aux enfants des nouvelles recettes pour consommer ces lentilles, haricots secs, pois chiches, pois et pois cassés, féveroles, lupins.

EXCLU WEB / Protéines végétales : « Une idée légumineuse »

Les Français ne mangent pas assez de légumineuses, deux kilos par an et par habitant alors que les Européens sont à quatre kilos. Or, compte tenu de leurs qualités nutritionnelles, le Plan national nutrition santé (PNNS), recommande d’en servir deux fois par semaine. A raison de 100 grammes par portion, cela ferait dix kilos par an.

Deux interprofessions, celle des huiles et protéines végétales, Terres Univia, et Interfel, celle des fruits et légumes frais, associées à deux fédérations, la FNLS, celle des légumes secs et la FIAC, celle des aliments en conserve, sont à l’initiative d’une campagne à destination des jeunes et de la restauration collective. Une campagne financée par le Plan de Relance pour 1,4 millions d’euros et présentée à la Bourse du Commerce à Paris, ancienne Halle aux Grains devenue aujourd’hui un musée.  

Un double atout

Alexandre Cherki, président de la Fédération des légumes secs, a d’ailleurs évoqué ces années 70/80, quand une vingtaine de courtiers se réunissaient encore à cet endroit pour négocier les prix de ces légumineuses. Il se réjouit que ces « produits de niche » soient remis au goût du jour à l’occasion de cette nouvelle campagne au slogan bien trouvé,  « une idée légumineuse ». Les atouts des légumineuses sont doubles, à la fois pour la santé mais aussi pour l’agronomie. Céline le Guillou rappelle que les légumineuses sont riches en fibres, en fer, en vitamines B et surtout en protéines. Elles contribuent ainsi au rééquilibrage de l’assiette des Français entre protéines végétales et animales. Associées aux céréales, elles conviennent aux régimes végétariens. Leurs qualités nutritionnelles en font un aliment de choix pour les enfants. Elles sont par ailleurs très bon marché, autour de 3/4 euros les 500g. L’intérêt de cette campagne est de proposer de nouvelles recettes diététiques pour les accommoder, salades de lentilles et butternut, houmous de betteraves aux haricots rouges ou gâteau de chocolat aux pois chiches…. Sans pour autant oublier les traditionnels « petit salé aux lentilles » et le « cassoulet ». 

« La route est longue »

L’autre avantage des légumineuses est leur pouvoir agronomique. En fixant l’azote, grâce à leur système racinaire, elles permettent d’économiser les engrais. En inter-culture, l’azote produit par une légumineuse fourragère profitera à la culture suivante. Elles s’intègrent parfaitement à des rotations longues sur une même parcelle. Cette diversification apporte plus de résilience face aux maladies et contribue à la biodiversité. L’augmentation de la consommation humaine de légumineuses entre donc parfaitement dans le cadre du Plan protéines.

La France produit aujourd’hui 1 million de tonnes de légumineuses, dont 120 000 tonnes pour la consommation humaine. L’objectif 2030 est de passer de 4 % des surfaces cultivées à 8 % et de couvrir les deux tiers de la consommation animale. « La route est longue », a déclaré Antoine Henrion, président de Terres Univia. « Il faut convaincre les consommateurs et les agriculteurs, innover pour trouver des semences endurantes, investir dans les filières pour proposer des produits suffisamment transformés », a-t-il ajouté. Treize projets territoriaux sont d’ores et déjà en place pour structurer les filières. Pour peser sur la restauration collective ces filières accueillent les élus des collectivités locales. C’est au prix de ces efforts que la France atteindra une plus grande autonomie pour produire des légumineuses non OGM et non déforestantes.