Sécheresse et canicule
Cette année encore…

Françoise Thomas
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Comme un mauvais film qui repasse régulièrement, la France et son agriculture connaissent cet été encore une vague de chaleur et une sécheresse trop importantes (voir aussi Agrométéo p.16). Après trois années consécutives, difficile de qualifier la situation "d’inédite" ! Ainsi si des mesures d’adaptation, voire une remise en question de nombreuses productions et pratiques agricoles semblent plus que jamais inévitables, il convient en attendant de dresser les constats, de parer au plus pressé et de soutenir ceux dont les productions et les animaux souffrent car ils se trouvent en première ligne. Le gouvernement a en ce sens pris différentes mesures courant août, que le nouveau ministre a régulièrement adapté au fur et à mesure de l’avancée de la situation.

Cette année encore…
Les prairies "paillasson" se retrouvent partout sur le département.

Report des cultures dérobées

En réponse au nouvel épisode de sécheresse qui s’est abattu cet été sur le territoire, le ministère de l’Agriculture a autorisé le report de la date limite d’implantation des cultures dérobées valorisées comme surface d'intérêt écologique (SIE).
La Saône-et-Loire fait partie des 54 départements dont le début de la période de présence des cultures dérobées a été décalé au 1er septembre. Dans ce cas, l'obligation de présence des cultures dérobées se terminera au 27 octobre, ce qui permettra à ces cultures de pouvoir être comptabilisées comme surface d’intérêt écologique. À noter que les agriculteurs qui avaient déjà demandé le report au 20 août bénéficieront automatiquement du report au 1er septembre sans démarche supplémentaire.
La Saône-et-Loire fait aussi partie des 62 départements dans lesquels la valorisation des jachères est autorisée pour nourrir les animaux.

Pour bénéficier de ces dérogations, les agriculteurs doivent en faire la demande auprès de leur Direction départementale des territoires (DDT).

Des aides demandées

Le ministère de l’Agriculture a annoncé par ailleurs que « les agriculteurs bénéficieront le 16 octobre de l’augmentation des taux d’avance des aides [de la Pac] à hauteur de 70 % des montants finaux pour les aides directes (au lieu de 50 %) et de 85 % pour l'ICHN (au lieu de 75 %) ».
Le 14 août, les ministres Julien Denormandie et son collègue des comptes publics Olivier Dussopt ont annoncé que les agriculteurs les plus touchés par la sécheresse pourront bénéficier de « reports ou allègements des cotisations sociales ». Des exploitants qui « peuvent dès maintenant solliciter un échéancier auprès de leur caisse de Mutualité sociale agricole ». Enfin, les agriculteurs touchés par la sécheresse pourront bénéficier de « dégrèvements individuels ou collectifs de taxe sur le foncier non-bâti ».

Des aides et des soutiens qui avaient été demandés par la FNSEA qui a profité de son bureau de rentrée ce jeudi 20 août (NDLR après le bouclage de ce journal) pour faire le point sur la situation.

 

Situation locale inquiétante

La récolte de maïs a débuté un peu partout dans le département. Mais sans grand espoir sur la qualité à en attendre : « il n’y a pas de grains, il y a peu de chance qu’il y ait beaucoup de valeur alimentaire », redoute Cédric Tissot.
« Il est grand temps de faire partir les ensileuses, pour ne pas rencontrer de problème de conservation », alertait en fin de semaine dernière Antoine Villard, conseiller grandes cultures à la chambre d’agriculture. « Les maïs qui ont été semés tôt dans les terrains plus profonds s’en sortent à peu près, précisait-il, même si la récolte sera en dessous de la moyenne ». En revanche, dans les parcelles où les maïs ont été semés après des dérobés, le bilan est nettement plus faible, voire catastrophique…
Devant l’état des prairies, les éleveurs sont nombreux à prévoir d’ores et déjà un ajustement des rations…
« En Bresse, nous n’avons jamais vu des prairies dans un tel état, on a même peur qu’elles soient totalement foutues », expliquait Cédric Tissot.
Ce printemps, son Gaec avait malgré tout pu faire deux belles coupes d’ensilage d’herbe. Juste une compensation quant au bilan général de la saison, car pour ce qui est des autres céréales, tournesol, soja et même sorgho le bilan de l’année est qualifié de « catastrophique ».
« Les rendements seront affectés, il faudrait impérativement qu’il pleuve », commente Antoine Villard. De même poursuit-il concernant l’implantation du colza « chaque année, nous préconisons de semer tôt ce qui s’avère de plus en plus difficile. Cette année, c’est impossible. Les agriculteurs sont prêts à implanter depuis début août, mais nous allons finalement tomber dans des dates normales, et encore, il faut absolument qu’il y ait des pluies significatives pour pouvoir implanter dans des conditions correctes ».

En bref / Pré-tournée sécheresse

La prochaine tournée pré visite sécheresse aura lieu le vendredi 28 août et se fera en cinq étapes dans les secteurs de la Bresse et du Chalonnais.
Après les zones plus au sud et à l’ouest du département : Trivy, Mussy-sous-Dun, Varenne-Saint-Germain, Issy-l’Évêque, Cortambert, etc. (voir l’édition du 7 août), la FDSEA et la DDT poursuivent leurs visites de terrain à la rencontre des agriculteurs de différentes productions impactés par le manque d’eau et la canicule.
Éleveurs laitiers, céréaliers, allaitants sont au programme de la journée du 28 août.