Marchés Céréaliers
Les stratégies d’approvisionnement en blé des pays maghrébins

Tous les pays maghrébins importent du blé. Hormis le Maroc, leur gouvernement confie l’approvisionnement de leur marché intérieur à des organismes publics.

Les stratégies d’approvisionnement en blé des pays maghrébins

Comme les campagnes passées, les pays d’Afrique du Nord achèteraient, en 2023-2024, deux fois plus de blé tendre et de blé dur qu’ils n’en produiront selon le Conseil international des céréales (CIC). Respectivement 17,2 Mt et 3,5 Mt. Ces pays maghrébins importeraient 30,3 Mt de blé tendre et 3,7 Mt de blé dur. L’Égypte sera le premier pays importateur au monde de blé tendre (11,7 Mt) - à quasi-égalité avec la Chine - et l’Algérie, le quatrième (8,4 Mt). Pour reconstituer ses stocks après une année de sécheresse, le Maroc profiterait de la chute des cours mondiaux de blé pour en importer 5 Mt alors que 4 Mt suffiraient selon le CIC. Comme les consommateurs maghrébins n’ont pas les moyens d’acheter leur pain fabriqué avec du blé payé au cours mondial, leurs gouvernements le subventionnent. Le blé est revendu moins cher aux moulins qui fabriquent la farine.

Opérateurs privés

Durant la flambée des cours en 2022, ces gouvernements ont accordé des ristournes très importantes pour aligner le prix du blé importé sur celui du marché intérieur de leur pays. Au Maroc, ces ristournes ont parfois atteint 200 € par tonne. Mais le pays a pu compter sur ses exportations de biens industriels et sur le tourisme pour acquérir les devises et pour collecter les taxes fiscales nécessaires pour financer les importations de blé et subventionner ainsi leur prix au niveau du marché intérieur. En Égypte et en Tunisie, les achats de céréales sont exclusivement gérés par des offices publics. En Algérie, l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OIAC) s’est même vu confier l’importation de l’ensemble du riz et des légumes secs pour mieux réguler les prix et gérer les pénuries. Au Maroc, des opérateurs privés achètent le blé aux cours mondiaux. Et en ce début de campagne, les taxes à l’import sont nulles, car les prix des grains sont revenus à leur niveau d’avant le conflit ukrainien. Depuis que la Russie est entrée en conflit avec l’Ukraine, l’Union européenne (UE) a toujours rendu ses céréales disponibles à l’export auprès des voisins méditerranéens. Le royaume chérifien n’importe pas de blé de Russie, selon FranceAgriMer. La céréale achetée n’est pas non plus ukrainienne, à quelques exceptions près. Pour s’approvisionner, le royaume chérifien privilégié l’origine européenne, selon Eurostat.


Sous perfusion

L’Algérie a dorénavant les moyens financiers d’importer des céréales grâce aux recettes tirées des exportations du pétrole et du gaz. Pour diversifier ses sources d’approvisionnement, l’OIAC a adapté ses cahiers des charges. Mais l’Union européenne reste le premier fournisseur de blé (4,4 Mt de juillet 2022 à mai 2023 – source Eurostat). Le gouvernement algérien a aussi conclu des accords commerciaux avec la Russie ; il est prêt à payer des primes d’assurance très onéreuses pour protéger ses cargaisons. En Tunisie, l’office public des céréales achète directement auprès des grands marchands internationaux les grains dont le pays a besoin. L’origine du blé importé fluctue en fonction des opportunités commerciales saisies. La situation financière de la Tunisie est plus compliquée. En crise, le pays est sous perfusion des bailleurs internationaux. La Tunisie importe la quasi-totalité du blé tendre (1,2 Mt) qu’il consomme, car le gouvernement a toujours privilégié la culture de blé dur plus facile à valoriser. Mais Tunis en achètera cependant plus de 800.000 tonnes durant la campagne 2023-2024. En Égypte, la production de blé (9,9 Mt), irriguée par le Nil, fluctue peu d’une année sur l’autre. Le Gasc* est l’organisme public en charge de lancer des appels d’offres pour importer du blé et approvisionner le marché égyptien de 103 millions d’habitants. Depuis le début de l’année 2023, la Russie livre l’essentiel du blé importé par le royaume des pharaons, rapporte FranceAgriMer.

 

 

(*) General Authority For Supply Commodities - Autorité générale pour l’approvisionnement en produits de base