Conseil départemental de Saône-et-Loire
Ne pas affaiblir sa trésorerie

Cédric MICHELIN
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Personne n’ignore les difficultés de la campagne 2021 en viticulture, victime d’un gel historique en avril, suivi de pluies et de maladies qui viennent ces derniers jours encore un peu plus compliquer les vendanges. Dans la droite ligne de son soutien manifesté au lendemain du gel, le Conseil Départemental de Saône-et-Loire s’apprête à voter le 30 septembre prochain en assemblée, la suite de son plan d’aide exceptionnel.

Ne pas affaiblir sa trésorerie

Il y a des vendanges plus festives que d’autres. 2021 fait grise mine. Les machines à vendanger peinent à rentrer dans les vignes en raison des 20, 30, 40 mm de pluies tombées ces derniers jours. Idem du côté des équipes de vendangeurs qui cherchent les grappes restantes sur les pieds après le gel, les maladies, la grêle… En ce 21 septembre, jour de vendanges au Domaine Nadine Ferrand à Charnay-lès-Mâcon, le soleil a encore du mal à percer. La terre colle aux bottes et aux seaux. « Décidément, vous aurez eu toutes les situations climatiques défavorables cette année », plaint le président du Conseil Départemental, André Accary. Les échos des pressoirs ne sont en effet pas réjouissants même s’il est encore trop tôt pour tirer un bilan. « Nos parcelles à Pouilly ont grêlé en plus et les bois sont touchés. Les bras fructifères risquent de ne rien donner de bon en 2022 et 2023 », craint en plus Nadine Ferrand. Avec sa fille, Marine, le choix a été fait de ne pas faire de crémant cette année pour privilégier les vins tranquilles tant le millésime 2021 risque de ne pas suffire à contenter la forte demande des marchés. « J’avais prospecté deux nouveaux clients aux États-Unis. Je viens de leur dire que ce ne sera pas possible finalement », regrette Nadine Ferrand. À l’instar de ses confrères, la forte demande des marchés en vins de Bourgogne va être freinée par la pénurie et le manque de stocks.
Le président Accary était donc venu accompagné de Christine Robin, vice-présidente en charge de l’insertion et de l’emploi au Département et maire de Charnay, et de Frédéric Brochot, élu en charge de l’agriculture, « pour entrer dans le détail du plan annoncé dès le mois de mai ». Ce plan est à destination de la viticulture mais aussi des arboriculteurs et maraichers qui ont également subi de forts dégâts liés au gel d’avril. « Comme pour les éleveurs les années précédentes face aux sécheresses, l’avance de trésorerie de 10.000 € est destinée prioritairement aux jeunes installés qui en font la demande car ce sont eux qui ont le moins de trésorerie, de stocks… », détaillait Frédéric Brochot.

Jusqu’à 20.000 € de trésorerie

Dans le détail, ce dispositif est une avance individuelle de 10.000 € remboursable sur 10 ans pour les exploitations dont l’activité principale est au minimum de 50 % en viticulture, ou en maraichage, ou en arboriculture, et qui ont subi une perte d’au moins 40% de leur récolte sur l’année 2021, et dont le revenu disponible moyen sur les trois dernières années est inférieur à deux fois le Smic. À cela se rajoute donc pour les jeunes installés, un prêt supplémentaire de 10.000 € en contrepartie d’une souscription à l’assurance multirisque climatique récoltes. « Il faut inciter à réfléchir sur le volet assurantiel », insiste Frédéric Brochot qui ne peut que constater la multiplication des aléas climatiques. Près de 80 dossiers sont en attente d’instruction. Pour rappel, cette avance départementale vient en complément des aides gouvernementales (fonds de calamités agricoles, exonération des taxes foncières sur le foncier non bâti, fonds d’urgence, prise en charge de cotisations sociales…).
Autre volet, une enveloppe de 250.000 € est destinée à aider à replanter une partie du vignoble qui dépérit (bois noir, flavescence dorée…). Une dizaine de dossiers ont déjà été déposés. À noter encore qu’Agrivalys, le laboratoire départemental d’analyses ne ralentit pas la cadence avec encore près de 400 analyses viticoles en 2021.
Enfin, le Département attend la décision du Conseil régional de Bourgogne Franche-Comté pour débloquer 750.000 € destinés aux vignerons désireux d’investir dans du « matériel performant face aux aléas climatiques ». En tant que vice-président de la MBA (Mâconnais-Beaujolais Agglomération), Jérôme Chevalier et le maire de Mâcon et président de la MBA, Jean-Patrick Courtois félicitaient le Département pour faire ainsi « preuve de réactivité et être la locomotive qui emmène les collectivités sur des démarches agricoles de progrès ».

Réinsérer par les vendanges

En charge de l’insertion et de l’emploi au Département et maire de Charnay-lès-Mâcon, Christine Robin tente, elle, de pallier les difficultés de main-d’œuvre des secteurs en tension : « bâtiment, restauration, hôtellerie, service à domicile… ». Et ici, les difficultés récurrentes pour recruter des vendangeurs compétents et motivés. Consciente des biais de certaines aides, « nous incitons les bénéficiaires du RSA à revenir vers le monde de l’emploi. Ils peuvent faire les vendanges sans perdre leurs droits au RSA ». L’an dernier, 600 bénéficiaires (sur 3.000) avaient ainsi fait les vendanges.  Ainsi, les revenus perçus dans ce cadre ne sont pas pris en compte, dans le calcul du droit, par les organismes payeurs que sont la Caisse d’allocations familiales (CAF) et la Caisse régionale de la Mutualité sociale agricole (CRMSA). Ce dispositif exceptionnel est reconduit chaque année et déclenché par le biais d’un courrier du Président départemental à l’attention des organismes payeurs et de Pôle emploi. Le lien avec Pôle emploi est important afin que les bénéficiaires du RSA puissent être positionnés sur les offres d’emploi correspondantes. Reste que « nous menons des réflexions plus larges », rappelait Christine Robin qui, avec le Département, cherche à les réinsérer à long terme dans la vie active.