Musiques électroniques
La touche française, médaille d’or en dance
Les Jeux Olympiques et Paralympiques Paris 2024 ont mis à l’honneur une partie de la musique électronique française. Un pan méconnu de l’histoire musicale française pourtant couronné de succès à l’international. Mais quels sont donc ces artistes emblématiques et caractéristiques de cette touche française, French touch telle qu’elle est connue ?
Les cérémonies d’ouverture et de clôture des Jeux ont offert au monde entier une piste de danse (ou dance en anglais) extraordinaire et incomparable avec les monuments historiques de Paris 2024 en arrière-plan, à commencer par la Tour Effel et ses lasers.
Cette bande-son a fait la part belle à un style de musique qui a cartonné, en France, mais surtout à l’export au début des années 2000 notamment : la French touch. Une musique électronique principalement dérivée d’un autre courant musical, la House (venant de Chicago, USA), qui elle-même puisait ses sources dans la disco, le rythm’and blues, les voix soul et la musique classique (violons…). Cette touche à la française a marqué l’avènement des musiques faites sur ordinateurs, faites de collages de samples (morceaux d’autres chansons) et de filtres électroniques.
Les prémices
Né au milieu des années 1990, ce courant fait suite aux prémices en France de la techno et de la house musique, jouées dans quelques clubs en France (Rex Club à Paris, L’Anfer à Dijon…). À l’opposé de l’eurodance du Top 50, le reste de la France se moque de ces musiques (sketchs des Inconnus, plagiat Bo le lavabo de Lagaf’…) et les politiques s’opposent à ces musiques, accusées comme toutes nouveautés, de n’être que débauche et repère de drogués, associées qui plus est malheureusement, à l’épidémie de Sida. Les radios généralistes et télévision ne diffusent alors aucun artiste et il faut importer des CD/Vinyles (ou les télécharger illégalement) en suivant l’actualité via quelques magazines spécialisés (Eden, Trax…). Des labels indépendants se battent pour sortir de l’ombre.
Comme bien des légendes urbaines, ce ne sont pas des génies sortis de nulle part qui l’ont composé, mais beaucoup d’ingénieurs du son qui ont produit des morceaux faits pour les Dj’s (les deux premières minutes servant à caler et enchaîner les titres). D’ailleurs, beaucoup de producteurs de cette époque ne sont pas des disques jockeys et inversement. Les cérémonies des JO l’ont d’ailleurs un peu illustré… Les pionniers français de ces genres sont DJ Deep, Jérôme Pacman, Laurent Ho, Manu le Malin, Jack de Marseille… et évidemment Laurent Garnier.
Le boom (boom) en 1998
En 1993, le bureau chargé de comptabiliser les ventes de musiques françaises à l’étranger totalise 1.5 million de disques alors qu’en 2001, ce chiffre explose à 39 millions (+ 2.600 %) grâce aux artistes de la French Touch (70 % de ce total). La France devient un des plus grands pays de la musique électronique dans le monde, avec une dizaine d’albums vendus à plus de 100.000 exemplaires.
Que s’est-il passé entre 1995 et 2000, ces boucles discos –filtrées par fréquences– sont accélérées à des rythmes proches de 120-140 BPM (battements par minute). Une partie de la scène techno décide alors de rester « underground », loin de toute médiatisation, tandis que cette nouvelle scène se met à briller. N’osant pas toujours choisir, à l’image des Daft Punk, certains choisiront l’anonymat ou enfileront leurs célèbres masques de robots.
Croisements et mélanges musicaux
La presse musicale anglaise en tout cas ne s’y trompe pas (Sacré Français ! Dimitri From Paris) et plébiscite nos artistes et certains albums cultes : Boulevard de St Germain, la compilation Yellow 357 de Bob Sinclar ou encore Source Lab. Le label de la Fnac Division devenu F’Comm a alors pour slogan : « we give a french touch to house », donnant ainsi le nom de ce courant musical.
Mais le véritable tournant est l’album Pansoul de Motorbass (Cassius plus tard) qui brouille les frontières de l’électronique et des rythmiques de rap, également en phase ascendante à cette même époque (MC Solaar, IAM, NTM…). Cet album va libérer les croisements musicaux notamment sur l’album « révolutionnaire » Home Work (1997) des Daft Punk. Les clips vidéos finissent de forger la suprématie française (clip de Michel Gondry…).
Les majors veulent alors toutes leurs artistes et c’est l’emballement… et le début de la fin. D’autres styles musicaux se greffent à ces succès (trip hop, ambiant, lounge, techno, drum’n bass…) et se voient coller – à tort – cette étiquette french touch.
La chanson « Music sound better with you » de Stardust (Daft Punk avec le chanteur Benjamin Diamond) reste emblématique de ce son. Finalement, la séparation de Daft Punk (encore eux) marque la fin malgré leur tube One more time, clamé dans les stades du monde entier.
Albums cultes :
Pansoul de Motorbass (1996), tendance hip hop
Boulevard de St Germain, tendance jazz
Superdiscount d’Etienne de Crecy (4 albums de 1996 à 2015), tendance house, ambiant…
Home Work de Daft Punk (1997), tendance house-techno
Cross de Justice (2007), tendance rock