GDS Saône-et-Loire
Le travail sanitaire collectif du GDS de Saône-et-Loire porte ses fruits

Marc Labille
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Malgré la perte momentanée du précieux soutien de la Région, le GDS 71 a continué de faire avancer ses chantiers sanitaires. Le travail collectif porte ses fruits.  

Le travail sanitaire collectif du GDS de Saône-et-Loire porte ses fruits
Devant une salle bien remplie, le président du GDS Julien Chardeau est revenu sur un exercice durant lequel les chantiers sanitaires ont bien avancé.

Le 16 novembre dernier à Pouilloux, le GDS de Saône-et-Loire a fait salle comble pour sa traditionnelle assemblée générale. Cette mobilisation départementale est allée droit au cœur du président Julien Chardeau qui, depuis trois ans, apporte tout son engouement et son humanisme à une œuvre remarquable entamée par ses prédécesseurs. Ces derniers avaient « fait le choix de s’associer pour mutualiser les coûts et faire en sorte que la lutte collective aboutisse à des victoires sanitaires », rappelait-il.

Ces victoires se sont succédé, mais les crises aussi. Aujourd’hui, en complément de la gestion collective des maladies, le groupement d’éleveurs qu’est le GDS agit et forme pour l’amélioration de la conduite des troupeaux : connaissance des besoins alimentaires, confort des bâtiments, qualité de l’eau, conduite herbagère… Parce que n’en déplaise aux opposants de tous poils, « chaque éleveur est un expert du bien-être animal », estimait Julien Chardeau. Et le jeune président de rendre hommage « à la solidarité et à l’entraide » au sein de l’élevage et « à cette belle fratrie du GDS qui œuvre au quotidien pour garantir la santé de nos troupeaux ». Il évoquait aussi le souvenir de Jean-Paul Dufour, décédé en janvier dernier. Un président qui a beaucoup compté pour le GDS mais aussi dans l’engagement personnel de Julien Chardeau.

L’intérêt économique d’adhérer

L’exercice 2022-2023 restera marqué par la perte financière, du jour au lendemain, des aides de la Région. Cette remise en cause indirecte du travail sanitaire collectif pèse forcément sur les comptes de l’association. Amputé des aides régionales, le budget prévisionnel de 2023-2024 sera encore déficitaire, prévenait le trésorier Xavier Janniaux. Pour atteindre l’équilibre, il aurait fallu renoncer aux aides destinées aux éleveurs. Une éventualité écartée par le conseil d’administration du GDS qui tient à ce que l’intérêt économique à adhérer soit préservé.

IBR : un grand pas vers l’éradication

En 2022-2023, les chantiers sanitaires du GDS ont bien avancé. La situation de l’IBR continue de s’améliorer. À l’échelle nationale, le taux d’élevages indemnes dépasse 95 % et il atteint 96,5 % en Bourgogne-Franche-Comté. En Saône-et-Loire, c’est un nouveau grand pas vers l’éradication qui vient d’être franchi avec 97,4 % de cheptels indemnes. Tous les chiffres sont en amélioration dans le département. Le nombre des nouveaux bovins positifs est passé de 346 en 2021-2022 à 205 en 2022-2023. La Saône-et-Loire compte encore 2.453 bovins positifs et vaccinés d’où un risque de contamination toujours présent. Mais elle devrait atteindre les objectifs de la Loi de Santé Animale (LSA) de 99,8 % de cheptels indemnes en 2027.

Tour de vis

Pour la campagne 2023-2024, un allègement IBR entre en vigueur pour les cheptels indemnes sous certaines conditions. Un nouvel arrêté ministériel, pris dans le cadre de la LSA, s’apprête à accélérer encore les choses. Il contraindra davantage les éleveurs qui ne respectent pas les règles, se félicite Julien Chardeau. Jusqu’alors, seuls les troupeaux détenant 10 % ou moins de bovins positifs ou vaccinés IBR étaient dans l’obligation de réformer ces animaux. Désormais, ce seuil de positifs passe à 20 %. Le tour de vis touche aussi le dépistage systématique avant départ. Il impose désormais une mise en quarantaine de 21 jours avant la prise de sang et une prise de sang 15 jours avant le départ des animaux. Enfin, l’arrêté ministériel impacte aussi les modalités de qualification des ateliers dits « cartes jaunes ».

Bien contrôler les bovins à l’achat

Le GDS 71 livrait aussi le bilan de la troisième campagne de dépistage de la BVD. En 2022-2023, 94 % des veaux ont été dépistés par bouclage auriculaire et 99,9 % de ces veaux étaient négatifs. Le nombre de veaux positifs (0,06 %) et de foyers a été divisé par trois en trois ans. Conformément à l’arrêté ministériel pris dans le département, 40 foyers ont été contraints de réaliser un plan d’assainissement en 2022-2023. 96 % des bovins de Saône-et-Loire disposent aujourd’hui d’une garantie « non IPI » (marquage sur les ASDA depuis le 1er juillet 2022). L’éradication de la BVD est indissociable d’une gestion des mouvements et donc un contrôle rigoureux des animaux à l’achat. Depuis le 1er novembre 2022, un « kit intro » instaure un contrôle BVD systématique à l’introduction. Cette première campagne confirme « qu’on retrouve plus de bovins positifs à l’introduction qu’en assainissement », révélait le GDS. Un nouvel arrêté préfectoral s’applique à la gestion des mouvements à partir du 1er décembre 2023. Pour toute sortie, un bovin doit avoir l’appellation « BVD : bovin non IPI ».

150.000 € pour travailler sur la Besnoitiose

La mise en place du kit intro a profité aussi à la lutte contre la Besnoitiose. Cette première campagne a révélé 101 bovins positifs à l’introduction dans 55 cheptels. La prophylaxie indique 34 positifs dans 10 cheptels et pas de nouveau foyer. Ces données « ne sont pas alarmantes, mais la surveillance s’impose », résumaient les responsables du GDS 71. Reprenant conscience de l’importance du sanitaire, le Conseil Régional vient de débloquer 150.000 € (sur trois ans) pour travailler sur la besnoitiose.

 

 

Réorganisation interne au GDS 71
Ludivine Perrachon (à gauche) et Reine-Lise Pelletier (à droite), respectivement directrice adjointe et directrice du GDS 71.

Réorganisation interne au GDS 71

Le président Julien Chardeau en a profité pour dévoiler un changement à la direction du GDS 71. En effet, Pierre-Olivier Renard quitte l’association après deux ans à la direction. Originaire de Curgy, il reprend l’exploitation de ses parents où il élèvera des vaches charolaises et des chevaux comtois, expliquait-il. Avec ses mots chaleureux, Julien Chardeau a rendu hommage à son jeune directeur dont il soulignait les qualités humaines et l’amitié qu’il avait nouée avec ce futur collègue. Puis il a dévoilé la nouvelle organisation mise en place au sein du GDS avec la promotion de deux jeunes femmes de l’équipe nommées respectivement directrice et directrice adjointe. Reine-Lise Pelletier prend ainsi la direction du GDS. Originaire de Mont-Saint-Vincent d’une famille d’éleveurs, elle sera épaulée par Ludivine Perrachon qui depuis 2009 officie en tant que technicienne experte.

 

La situation sanitaire par la DDPP

Sylvain Puzenat de la DDPP de Saône-et-Loire a livré son état des lieux de la situation sanitaire générale. Concernant la Brucellose dont le dernier cas en France date de 2021, la vigilance incite à améliorer la déclaration des avortements. Cette dernière est obligatoire dès le premier veau ou dès 3 avortements sur 7 jours chez les petits ruminants, rappelait l’intervenant. Le nombre de foyers de tuberculose est assez stable à une centaine de cas par an en France. Mais la situation reste préoccupante, car avec la baisse du nombre total de cheptels d’années en années, la perte du statut indemne menace toujours. La DDPP évoquait la situation de la FCO avec l’apparition d’un nouveau sérotype (3) aux Pays-Bas, en Belgique et en Allemagne. Une nouvelle souche du sérotype 8 touche la France depuis le mois d’août dernier. En septembre, c’est la MHE qui est venue d’Espagne par les Pyrénées. C’est une maladie proche de la FCO qui n’a pas de vaccin et qui concerne pour l’heure 3.000 foyers dans le sud-ouest de la France. Le foyer le plus proche de la Saône-et-Loire est en Corrèze et sa zone de surveillance de 150 km touche le sud de l’Allier, informait Sylvain Puzenat. Pour pouvoir sortir des animaux de la zone régulée, ces derniers doivent être désinsectisés et munis d’un résultat PCR négatif. Des accords ont été conclus pour les destinations Italie et Espagne. Les exportations sont toujours bloquées pour l’Algérie, le Maroc, la Libye… Enfin, Sylvain Puzenat évoquait l’Influenza aviaire pour laquelle la situation s’est améliorée avec le retour du statut indemne pour la France. Mais l’enjeux demeure énorme, avec le risque de contamination par la faune sauvage. Une vaccination obligatoire se met en place.