Bourgogne du sud
Pour la convergence entre les filières agricoles

Françoise Thomas
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Depuis le 5 janvier, Lionel Borey, par ailleurs producteur céréalier à Crissey, est le nouveau président de Bourgogne du Sud. Ce renouvellement complet à la tête de la coopérative s’inscrit pourtant dans la continuité du duo précédent (Michel Duvernois et Didier Laurency) et sur l’expérience de Lionel Borey au sein même de la coopérative et de ses différents engagements précédents.

Qu’est-ce-qui vous a convaincu d’accepter ce poste ?

Lionel Borey : J’ai toujours eu le souci de m’impliquer dans tout ce qui fait l’environnement d’une exploitation agricole aussi bien au niveau agricole strict que hors agricole. Et je considère par ailleurs que la coopérative est le prolongement de notre exploitation. Mon engagement à la coopérative vient à la suite d’autres engagements. Au tout début élu municipal et membre d’un syndicat des eaux, j’ai progressivement poursuivi, dans la moitié des années 2000, par des engagements plus larges au niveau de la FDSEA, en étant notamment président de la section céréalière, et puis élu des chambres d’agriculture départementale et régionale. Cela me permet d’avoir une bonne connaissance des acteurs territoriaux, aux niveaux départemental, régional mais aussi national.

La nomination de Christophe Marcoux, le directeur général de Bourgogne du Sud, s’est faite dans la situation que l’on connaît. J’arrive également dans un contexte qui reste bien particulier. Mais dans cette période peu propice aux rencontres et aux échanges, j’ai la chance malgré tout d’avoir au sein de la coopérative l’antériorité d’action et de connaître nombre d’adhérents et d’opérateurs. Une formation suivie il y a quelques années m’avait permis de me rendre compte à quel point notre coopérative possède un atout particulier : celui du lien très fort avec ses adhérents, fidèle à l’esprit de coopération, quand d’autres coopératives l’ont perdu et cherchent à le restaurer. Ce lien est une chance inouïe.

 

Quel est le rôle d’un président de coopérative dans le contexte actuel ?

LB : La présidence de Bourgogne du Sud n’est pas une finalité en soi. Il s’agit plus de se mettre aux services des adhérents avec le souci permanent de valoriser et promouvoir l’agriculture dans nos territoires. Je m’inscris complètement dans la nouvelle raison d’être de la Coopération agricole : « bâtisseurs solidaires d’une alimentation durable et de territoires vivants ». À mes débuts dans le syndicalisme, je trouvais contreproductif les relations entre les différentes filières, plus basées sur la confrontation que sur la co-construction. L'adaptation de nos systèmes d'exploitation, agronomique ou fourrager, s'impose à tous. Nous devons plus être dans une posture de convergence que de divergence. Au niveau régional, nous devons aussi renvoyer l’image que l’ensemble des filières agricoles sont représentées et qu’elles co-construisent.

La coopérative possède déjà des outils performants, mais nous devons nous assurer qu’ils sont toujours bien en phase avec ce qui est demandé. Nous avons à poursuivre notre action également dans tout ce qui touche à la notion d’alimentation durable et cela passe par les démarches HVE, bas carbone, RSE, etc. La coopérative les avait déjà intégrées mais nous avons à les développer et à les structurer.

 

Quelles sont alors les actions prioritaires ?

LB : Nous allons écouter le terrain. Il est important d’avoir une information aussi bien descendante que montante avec les équipes et les adhérents. Christophe et moi nous démarrons, mais notre objectif pour l’assemblée générale 2021 sera de formuler notre vision stratégique pour les cinq ans qui viennent et que cela soit partagé avec les adhérents. Nous allons aller à leur contact, consulter notamment les jeunes pour bien déterminer ce sur quoi nous sommes attendus.

Par ailleurs, nous devons nous assurer de la bonne articulation de nos actions et de notre rôle vis-à-vis de nos partenaires d’Alliance BFC que sont Terre Comtoise et Dijon Céréales, avec une vraie réflexion sur notre stratégie commune à définir sur le premier trimestre 2021. Le niveau régional est le plus pertinent pour travailler un certain nombre de dossiers. Un exemple : le dossier Profilait (ndlr : voir prochaine édition), projet transversal entre les filières élevages et grandes cultures, visant l’autonomie fourragère et l’approvisionnement le plus local possible, dans une démarche protéines non OGM, à destination aussi bien des filières conventionnelles que des AOP. Voici pour les objectifs à moyen et long termes.

Pour le court terme, la récolte 2020 représente un cap à passer. Nous avons engagé un certain nombre d’actions, notamment vis-à-vis des jeunes agriculteurs et pour accélérer le retour aux exploitations. Nous allons devoir faire preuve de vigilance et de souplesse dans les mois qui viennent. Ce qui rassure en partie, c’est que le contexte actuel est favorable à de meilleures commercialisation et valorisation. Ça ne compense pas malgré tout le faible volume de récolte.

 

La séparation de la vente et des conseils sur les produits phytosanitaires représentent un grand bouleversement pour la coopérative ?

LB : C’est surtout une vraie frustration compte tenu des démarches engagées ces dernières années. Nous avions en quelque sorte anticipé les évolutions récentes puisque notre modèle économique n’était pas basé que sur les produits phytosanitaires. Au contraire, nous l’avions diminué progressivement au fil des années tout en continuant d’apporter des solutions à nos adhérents.

Pour proposer une démarche spécifique, nous avions développé des outils dans Artémis. Cette plateforme d’expertise nous a permis d’évaluer de nombreux facteurs de production, de proposer des solutions meilleures et d’apporter des conseils au champ à nos adhérents. Artémis demeure mais devra s’adapter à ce nouveau contexte.

Puisque nous restons toujours l’interface entre la production et la consommation, notre rôle est malgré tout d’aller chercher des références pour être sûr que notre modèle s’adapte bien aux attentes consommateur tout en veillant à apporter de la valeur ajoutée à nos adhérents.