Fédération des caves coopératives Bourgogne-Jura
Dans le doublé de la FCCBJ, on demande la coprésidente

Ariane Tilve
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Plus qu’un parcours atypique, c’est un véritable voyage initiatique qu’a réalisé Bénédicte Bonnet avant d’arriver à la coprésidence de la Fédération des caves coopératives Bourgogne-Jura (FCCBJ). Portrait d’une viticultrice dynamique et résolument optimiste.

Bénédicte Bonnet. Crédit Michel Joly.
Bénédicte Bonnet. Crédit Michel Joly.

Aujourd’hui âgée de 44 ans, Bénédicte Bonnet a étudié les Arts appliqués ou encore l’art médiéval avant de devenir architecte d’intérieur. Un métier qui la rapproche peu à peu de son Clunisois natal et du domaine familial et c’est en 2014, contre toute attente, qu’elle décide de reprendre l’exploitation de son père et de son grand-père. Les appellations qu’elle produit sont principalement en bourgogne côte chalonnaise rouge et blanc, mais aussi en aligoté, en appellation montagny premier cru et du crémant de Bourgogne sur les terres qu’elle tient de ses aînés. Des aînés qui avaient, eux aussi, le sens du collectif et plus particulièrement de la coopération. C’est donc tout naturellement qu’elle désire s’investir dans le conseil d’administration de la cave de Buxy et à la FCCBJ, elle qui fait partie du groupe jeunes vignerons coopérateurs de la fédération. « Je tiens à savoir ce qui se passe, pourquoi et comment, mais aussi participer à la prise de décision ». Et alors que François Legros, président sortant de la Fédération, avait annoncé son départ, c’est elle qui se retrouve sous le feu des projecteurs lors du conseil électif qui s’est réuni vendredi 1er décembre à la cave des vignerons de Buxy. « Je ne voulais pas assumer cette charge seule. Il me paraît difficile de porter la charge de travail qu’assumait François Legros tout en continuant à m’occuper de mon exploitation », explique Bénédicte Bonnet. « Les représentants des caves coopératives, membres du conseil, ont souhaité jouer la carte du collectif en mettant en place une coprésidence, et en répartissant les rôles de chacun », précise la FCCBJ dans un communiqué de presse. « Deux jeunes vignerons coopérateurs qui souhaitent fédérer et poursuivre les travaux engagés autour de la défense du modèle coopératif et de sa promotion. Ils souhaitent également faire entendre la voix de la région dans les différentes instances régionales et nationales ».

Humble, Bénédicte Bonnet sait qu’elle n’est installée « que » depuis dix ans et se considère comme jeune pour occuper ce poste. Ce qui ne l’empêche pas d’aller trouver le soutien d’un co-président plus jeune encore (lire notre article sur Benoît Sermier), mais surtout un Jurassien pour que chaque territoire se sente représenté. Ce duo fait du sens pour la viticultrice, à plus d’une raison. D’abord parce que le sens du collectif ne doit pas seulement se jouer dans la coopération, mais aussi au sein des institutions. « Faire confiance, déléguer, partager les tâches, les missions, ce sont des valeurs essentielles à mes yeux. Des valeurs qui m’ont essentiellement été transmises par mes parents. Mon père avait tout particulièrement à cœur de faire confiance aux jeunes. Il a laissé sa place au conseil d’administration à 55 ans ». Le dynamisme de la jeunesse, allié à la sagesse des aînés, est l’un des moteurs de Bénédicte Bonnet. Se partager les tâches dans un monde où tout va très vite, dans lesquels les besoins, les sollicitations se multiplient, lui semble évident. Et pour cela, elle compte mettre à profit son mandat. Un mandat placé sous le signe du dialogue, des échanges, et surtout qui permettent de porter la voix des jeunes pour qu’ils puissent, par la suite pouvoir s’exprimer et surtout être entendus. « Les jeunes, c’est l’avenir » martèle-t-elle. Optimiste, mais réaliste, en ce qui concerne la production viticole, elle ne voit pas, dans les récoltes 2022 et 2023, de bonnes années, mais des années « normales ». Ce qui lui semble convenable puisqu’« on ne peut pas faire plus de toute façon. Nos cuves sont pleines, les VCI sont faits. Il faut à présent vendre et surtout pouvoir se rémunérer correctement ».